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PSG : Exclusif : Supporters du PSG privés de télé

Publié le 17 Octobre 2006 à 10h42 par Arno P-E
PSG : Exclusif : Supporters du PSG privés de télé
Pour tous les supporters du Paris SG qui ne pourront suivre les matches de cette semaine au stade, ou la télévision : découvrez l'avant-dernier extrait du "Guide du Supporter Parisien" :
Comment suivre un match à la radio !

Cette semaine, les Rouge et Bleu vont jouer à Bucarest, puis à Auxerre. Pour tous ceux qui ne pourront effectuer ces déplacements, il faudra se résoudre à suivre les rencontres sur le petit écran. Voire sur les ondes, puisque aux dernières nouvelles ces matches ne sont retransmis que sur des chaînes qui comptent peu d'abonnés.

C'est donc le moment idéal pour vous présenter un extrait du "Guide du Supporter Parisien" consacré à ce type d'expérience. Ce texte a déjà été publié sur des fanzines et le site Internet des Supras. En espérant que vous le découvriez, ou redécouvriez avec plaisir...

Comment suivre un match du PSG à la radio ?

La dernière possibilité pour assister hors-stade à un match des Rouge et Bleu reste la radio. Mais les ondes ne devront être qu'un ultime recours, quand les joueurs évoluent à l'extérieur loin de toute caméra, ou si vous rongez votre frein dans une résidence de vacances perdue dans une campagne qui n'a jamais entendu parler de la télévision par satellite. Car dites-vous bien qu'il vous faudra alors une bonne dose de courage et de self-control. Pour un supporter parisien, subir un match entier sans une image à se mettre sous la paupière est une épreuve terrible. Du début à la fin vous devrez encaisser un stress surhumain du à l'incertitude et à l'ignorance dans lesquelles vous serez délibérément maintenu.

En tout cas on ne peut pas se plaindre de tromperie sur la marchandise, ou de publicité mensongère, puisque dès le départ le présentateur vous prévient de sa voix enjouée : ils feront la tournée de tous les stades possibles et inimaginables pendant une heure et demie. On a souvent tendance à oublier qu'il n'y a pas que la Ligue 1 dans la vie, et que certains hurluberlus se passionnent pour des équipes perdues dans les divisions inférieures. Grand bien leur fasse le reste de l'année, mais les soirs de championnat ces quelques pelés importunent la France entière, et les supporters du Paris Saint-Germain en particulier. Ces peuplades incultes résidant dans des contrées où l'on ne capte sans doute pas la télévision, elles ne peuvent visiblement assouvir leur soif de direct footballistique qu'au travers des Grandes Ondes. Du pain béni pour les différentes stations qui trouvent donc particulièrement intelligent de consacrer du temps à des clubs provinciaux, juste sous le prétexte égoïste que ça leur rapporte des auditeurs.

Votre calvaire de fan du PSG débute donc dès les premières minutes de la retransmission, perdues à interroger des envoyés spéciaux congelés aux quatre coins de la campagne française. Pendant que le présentateur vedette, le seul restant bien au chaud dans son studio des bords de Seine, demande à un natif du coin découvrant un micro pour la première fois s'il connaît le prénom de la femme de l'entraîneur de Saint-Dizier, vous commencez déjà à vous ronger les sangs.

En effet le seul moyen de se calmer à l'amorce d'une partie est de s'occuper l'esprit. Par exemple consulter la composition de l'équipe du jour est un remède souverain à l'anxiété pré-coup d'envoi. Or là, faute de présentation claire et précise, vous ne parviendrez jamais à savoir quels sont au juste les joueurs présents sur la pelouse. Conséquence immédiate, il se peut très bien que ce défenseur qui ne vous inspire aucune confiance, ou cet attaquant qui ne marque jamais, aient été titularisés sans votre assentiment. Alors au fil des minutes vous devrez attendre, transi d'effroi, que le reporter parle enfin de l'arrière-gauche, afin que vous sachiez si oui ou non la terreur des stades joue ce soir. Mais ces gars doivent avoir un stage spécial à la fin de leur école de journalisme. Ou alors on les force à suivre une règle déontologique très stricte : ils n'évoquent jamais les postes cruciaux. Le pèlerin glacé en tribune vous parlera du gardien, du milieu de terrain, de l'entraîneur-adjoint, de qui vous voulez sauf du poste qui vous intéresse ! C'est tout un art. Et après avoir supporté les discours à propos de toute l'équipe, jusqu'au dernier masseur du staff médical, quand il ne reste plus d'autre choix au journaliste que de se consacrer à votre joueur, quand votre doute s'envolera enfin, c'est là que la vedette surchauffée choisit d'annoncer une bonne page de pub.

 Alors se pose une question tactique déterminante pour le reste de votre soirée : allez-vous zapper ou pas ? Chez soi, avec une mini-chaîne quelconque on peut toujours se préparer quelques stations à l'avance. Enregistrez Europe 1, RTL, voire RMC, ou France Inter avant le début des retransmissions, et vous pourrez pallier ces interruptions publicitaires. Mais imaginez que vous soyez perdu en vacances chez un vague cousin qui n'a rien pu vous fournir d'autre qu'un misérable poste à piles où le moindre effleurement de la molette de réglage fait passer le curseur de 98.3 à 107.4 Mhz ! Vous voilà promis à une soirée plus que pénible...

Il suffit, pour comprendre l'horreur de la situation, d'imaginer la scène suivante : après avoir fait le tour du jardin muni de la radio miniature, vous vous êtes aperçu qu'en restant immobile le long de la clôture vous pouviez recevoir de lointains crachouillis évoquant des rencontres de cette journée de L1. Vous ne bougez donc plus, et vous vous délectez quand vient le tour du Paris SG. Or là, non seulement l'inévitable interruption commerciale est annoncée, mais le présentateur précise qu'elle sera suivie d'un flash concernant les équipes de deuxième division. Après vous être tapé cinq minutes de réclames à propos du boucher du coin et du dernier cinéma multiplex - bowling - crêperie local, il faudra encore supporter une douzaine de résumés de matches dont vous n'avez que faire ! Quand on passe de la rencontre parisienne à une autre partie de Ligue 1, cela peut encore concerner des équipes qui sont à la lutte au classement avec le Paris Saint-Germain, et donc vous intéresser indirectement, puisque vous souhaitez la défaite, voire l'humiliation totale et définitive de ces adversaires. Mais avec la L2 vous n'entendrez parler que d'équipes dont vous ne saviez même pas qu'elles existaient avant ce jour. En outre il faut noter que plus votre match était serré, tendu, et plus les différents journalistes des autres rencontres seront affreusement bavards.

 

Vous voilà donc prévenu et soumis à un dilemme cornélien : allez-vous prendre le risque de changer de fréquence, de quitter votre bout de clôture propice à l'écoute d'une station correcte, ou bien accepter de subir une dizaine de minutes d'interruption ? C'est qu'autant dix minutes passées sous la couette avant d'en être chassé pour prendre le métro l'hiver ça passe vite, autant dix minutes à attendre que l'on en revienne au Paris Saint-Germain, c'est plus long que long. Largement le temps de marquer un but, d'en encaisser deux, de se faire exclure un joueur, de passer des places européennes au milieu du classement, ou tout autre évènement apocalyptique du même genre. On n'imagine pas tout ce qui peut se passer en si peu de temps, sauf quand on est en train de régler vainement la molette d'une saleté de radio, saigné à blanc par une nuée de moustiques visiblement anti-PSG. Ici, chacun doit donc réagir selon son caractère... Les prudents choisiront de garder une station satisfaisante et encaisseront la pub sans broncher, les audacieux décidant pour leur part de grimper au pommier pour vérifier si on ne capte pas mieux là-haut. Chacun son truc...

 

 Mais toutes ces souffrances ne sont rien en comparaison de la torture dite du « cri de la foule ». On aborde en effet là le summum de la cruauté humaine, en la personne du présentateur sadique. Brigitte Bardot n'a jamais essayé de mettre fin à cette pratique, perdant son temps à lutter pour de stupides bestioles, alors que près de chez nous, on supplicie complaisamment d'innocents supporters du Paris SG. Il y a des gens qui ont vraiment des priorités plutôt étranges, et qui sont inconscientes des vrais combats à mener. Le « cri de la foule », que même les dictateurs d'Amérique du Sud n'ont jamais osé utiliser, consiste en un rapide changement de terrain sans annoncer le pourquoi de la chose. Par exemple, le reporter de Lens - Sochaux parle dans sa barbe depuis au moins trois jours, quand soudain il est interrompu par son chef :

« Ah, excusez-nous Patrick, mais on file au Parc des Princes où il se passe des choses ! ».

?!?...

Des choses ? Mais quelles choses ? Qu'est-il arrivé au club de la capitale ? Un terrible but encaissé par le gardien parisien, ou une altercation entre joueurs ? Et là évidemment la liaison avec le Parc met des heures à s'établir. L'envoyé spécial est parti s'acheter des merguez, ou bien il est resté coincé aux toilettes après avoir demandé la parole, il a perdu son téléphone sous son siège, en tout cas le résultat est le même, vous avez le temps d'avoir plusieurs infarctus du myocarde avant d'entendre le moindre son provenant du stade de la Porte d'Auteuil.

 

 Parce que là, avant même que le journaliste ait ouvert la bouche, vous saurez immédiatement ce qui s'est passé : on ne coupe le sifflet à Patrick de Lens que pour une action décisive comme un but, ou au moins un penalty. Donc les cris de la foule, ravis ou rageurs, vous renseigneront immédiatement sur la nature de l'évènement. En cas de braiments enjoués du Parc des Princes, c'est que le Paris SG vient de marquer. Votre corps se détend donc immédiatement et c'est un sourire béat aux lèvres que vous attendez la description de l'action. Le plaisir d'apprendre que le club a ouvert la marque est même doublé de la satisfaction d'avoir deviné cela avant tout le monde.

En revanche si les supporters parisiens hurlent de dépit, ou pire si l'envoyé spécial commence son intervention dans un silence de mort, c'est que les adversaires ont pris l'avantage... Évidemment il faut tout inverser en cas de match à l'extérieur. Si les autochtones applaudissent à tout rompre c'est qu'il vous faudra subir un long compte-rendu aboutissant inéluctablement à un but encaissé par les Rouge et Bleu, mais si vous débarquez dans un stade provincial sans entendre le moindre son, c'est qu'une sympathique nouvelle ne va plus tarder.

 

 Le pire dans cette affaire c'est que quelque soit le résultat, positif ou non, il faudra subir l'attente jusqu'à ce que seuls les hurlements des supporters vous indiquent la teneur de la nouvelle. Le jour où un journaliste aura sur la conscience les frais de transport en ambulance d'un auditeur ayant eu un malaise vagal en attendant « les cris de la foule », ils arrêteront peut-être de nous faire lanterner ! Tout ça parce que ce gros malin de présentateur s'amuse de ne pas nous annoncer tout de suite pour qui était le but. Impossible de considérer ça autrement que comme de la cruauté pure et simple. On finit par se demander pourquoi le Parlement Européen ne légifère pas contre ce type d'agissements sadiques, et surtout comment il peut rester encore du monde à écouter les matches du Paris SG à la radio, plutôt que de se déplacer au stade...

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