PlanètePSG – Avant de signer au PSG, vous connaissez un autre grand club comme Monaco. Pouvez-vous nous raconter votre expérience sur le Rocher en 1991-1992 ?
Jimmy Algérino : Le fait de jouer le haut du tableau, la Coupe d'Europe, ça a été quelque chose d'intéressant. L'expérience n'a toutefois pas été concluante. Mais j'ai surtout été très heureux de côtoyer Weah, Ettori, Mendy, Dib, Puel, Fofana, Rui Barros. Ça a été une extraordinaire expérience. Ça n'a duré qu'un an mais j'ai pu vivre une épopée en Coupe des Coupes (Ndlr : Monaco a perdu en finale face au Werder Brême), même si j'étais en tribunes pour la finale au stade de la Luz.
PlanètePSG – Vous allez ensuite à Epinal et Châteauroux avant de rejoindre le PSG. Comment s'est déroulée votre arrivée ?
Jimmy Algérino : Mon idée première était d'aller à Bordeaux car je ne connaissais pas Paris et je voulais me rapprocher de mes racines. Mais on me dit que Denisot (Ndlr : également président de Châteauroux) était intéressé par me faire venir. Et puis le club venait d'être champion d'Europe donc c'était difficile de dire non. J'ai été fier au final d'intégrer cette grosse équipe.
PlanètePSG – Vous arrivez donc au PSG et êtes mis en concurrence avec Laurent Fournier, indéboulonnable à ce moment-là.
Jimmy Algérino : Je n'avais rien à perdre, personne ne m'attendait, personne ne me connaissait. Je ne me suis pas fixé d'objectifs, j'ai cherché à être le meilleur possible à l'entraînement. Après le départ de José Cobos, Laurent Fournier avait dépanné en latéral mais il n'était pas disposé dans un premier temps à jouer à ce poste-là.
Au milieu, il y a eu l'arrivée de Leonardo, Cauet, Rai et devant, il y avait Dely Valdes et Loko. Donc au milieu cela devenait bouché et Fournier a obtenu sa place en latéral droit. Il y avait une saine concurrence avec Laurent car c'était un joueur avec une grosse carrière, un fort caractère, toujours constant. On s'est donc partagé ce poste. Et j'ai eu la chance de jouer des matches importants.
PlanètePSG – Justement, vous avez joué la Supercoupe d'Europe en janvier 1997 avec cette terrible défaite contre la Juventus au Parc à l'aller (1-6). Un match qui faisait suite à un stage à... l'Ile Maurice.
Jimmy Algérino : Sur un plan personnel, on a eu la chance de voler en Concorde à l'aller, ce voyage avait été organisé plusieurs années avant. Quand on est partis à Maurice, on était 1ers au classement, ça se passait super bien en Europe donc aucune crainte de cette Supercoupe d'Europe. Partir au soleil, c'était emmagasiner de la vitamine D pour pouvoir revenir costaud. On a bien travaillé là-bas. Mais quand on est revenu, on est passé de 30 à -5°. Et puis, le terrain était gelé au Parc. Le contexte a fait qu'on a lourdement perdu.
PlanètePSG – Malheureusement, il y a cette finale de Coupe des Coupes où vous ne débutez pas. Quelle en était la raison ?
Jimmy Algérino : J'étais dans une belle période, je venais de marquer mon premier but en championnat (Ndlr : à Lille en avril 1997). Et déjà contre Bordeaux, avant cette finale, je me retrouve remplaçant et là on me dit que c'est pour me reposer. Je trouve que ça sentait bizarre. En fait, ce choix remonte à six mois auparavant et je ne l'ai jamais raconté. Quand je me suis blessé aux ischio-jambiers en début de saison, j'avais raté une partie des matches, notamment à Galatasaray (Ndlr : défaite 4-2).
Derrière, je suis revenu sauf que j'ai eu un hématome du à la cicatrisation qui a fibrosé. Je suis revenu, ils m'ont fait jouer de suite mais j'étais diminué. Et sur les 2-3 matches qui suivent, je serrais les dents. Mais n'étant pas à 100%, je pénalise l'équipe. Physiquement, j'étais à la rue et notamment lors de ce match à Bordeaux (Ndlr : défaite 5-3, voir ci-dessous). Je suis fautif sur le 1er but bordelais en laissant Papin et concède un penalty. Ça a été calamiteux.
Ricardo m'en a voulu par rapport à mes prestations et de n'avoir rien dit par rapport à la blessure. Là, il y a eu une cassure. Et donc sur la finale, il a fallu faire un choix et Fournier avait son expérience, d'avoir joué la finale d'avant. Ça a été une grosse déception pour moi.
Mais je reconnais toutefois la qualité humaine de Ricardo. Car quand il fait confiance, il ne le fait pas à moitié. Il est humainement extraordinaire et un coach compétent. D'ailleurs, après cette finale, sachant que j'étais jeune, je n'ai pas caché ma colère et je suis allé le voir, ainsi que Denisot pour leur dire que je voulais partir. Ce qui a été refusé.
PlanètePSG – Malheureusement, la saison 1997-1998 marque la fin d'un cycle, même si le PSG remporte les deux premières finales de Coupe au Stade de France (contre Bordeaux en Coupe de la Ligue et contre Lens en Coupe de France). Comment l'avez-vous vécu ?
Jimmy Algérino : Mal. Il y a d'abord eu Denisot, qui nous avait annoncé son départ avant la finale de Coupe de la Ligue, et d'autres joueurs cadres comme Le Guen, Raï, Roche, Guérin. Si on avait joué les deux finales au Parc, ça aurait été une fête extraordinaire. Alors que là, chaque finale nous rapprochait de la fin de cette époque. Pour ma part, j'étais forcément heureux de ces Coupes mais il y avait quand même une pointe de déception parce-que Ricardo et Bats partaient aussi.
J'avais envie de faire encore une année avec eux pour progresser, apprendre. Même le repas au Père Claude (Ndlr : restaurant dans Paris où toute l'équipe fêtait les titres) était triste. Mais bon, ça aura été extraordinaire de faire leur dernier match en tant que pro au PSG même si leur départ aura été un déchirement. Ça a amené des changements assez particuliers. Charles Biétry venait et quand on connaît l'animosité entre lui et Denisot à l'époque...
Nous remercions vivement Jimmy Algérino pour sa disponibilité et sa gentillesse. Retrouvez la deuxième partie ce mercredi.