C'est l'histoire d'un véritable meneur de jeu issu de l'ex-Yougoslavie. Arrivé en 1982, parti en 1991, Safet Susic a passé près d'une décennie au PSG. Chaussettes baissées, sans protège-tibia car il n'avait « pas peur de prendre des coups », son style, ses dribbles, ses passes décisives ont régalé le Parc des Princes.
Après un transfert qui a tardé à se concrétiser en raison de la loi yougoslave à l'époque, Susic a enfin pu faire ses premiers pas le 18 décembre 1982 lors d'un match au Parc contre Monaco en entrant peu avant l'heure de jeu en remplacement de Toko. Numéro 16 sur le dos, le joueur est ovationné par le Parc avant même de toucher son premier ballon (voir ci-dessous).
Le meneur de jeu ne peut empêcher la défaite (0-1) malgré quelques frappes. Il est revenu sur ses débuts il y a quelques années dans France Football : "Je n'étais pas content d'être remplaçant même si c'était logique : j'étais arrivé deux jours avant et Peyroche ne me connaissait pas ! Mais dès le deuxième match contre Saint-Etienne, je suis titulaire, on gagne 4-1, je marque un but et j'en fais marquer deux. C'était parti".
En réalité, il est déjà décisif à Nancy la semaine d'avant. Mais il est effectivement le grand artisan de la victoire contre les Verts le 22 janvier 1983 avec un but et deux passes décisives pour Toko et Luis Fernandez dans son style caractéristique sur des passes tranchantes en profondeur (voir ci-dessous).
Quelques mois plus tard, Susic marque surtout les esprits lors de la finale de Coupe de France face à Nantes. Si beaucoup retiennent le fantastique but du Nantais José Touré, le milieu parisien a été actif dans la remontée du PSG, mené 2-1 à la pause. Auteur d'une frappe limpide, puis d'une passe décisive pour Toko, il est entré dans la légende du club.
Susic se souvient : "Ah, ce match est gravé dans ma mémoire. Je me souviens de l'évolution du score, de tous les buts qu'on a marqués ou encaissés, avec celui extraordinaire de Touré notamment. C'était une belle finale : cinq buts, beaucoup d'occasions, deux belles équipes. Nantes était plus fort que nous mais sur ce match, on méritait la Coupe".
Par la suite, le Yougoslave sera parfois critiqué pour son inconstance. Mais il sera régulièrement décisif, comme ce jour du 22 septembre 1984 lorsqu'il adressera pas moins de 5 passes décisives face à Bastia (7-1) ! (voir ci-dessous) : "Je ne me rappelle plus trop... Je crois que L'Equipe avait titré "Le cadeau de Susic"... Bah, ça arrive. Peut-être que Bastia, qui descendait en D2, était moins motivé. Il y avait certainement beaucoup d'espaces dans leur défense".
Modeste, Susic. Il participera ensuite au premier titre de champion de France du PSG en 1986 mais vivra ensuite des moments plus douloureux lorsqu'il sera écarté par Gérard Houllier pour méforme lors de la saison 1987-1988. Mais il reviendra à temps pour sauver le club de la descente en D2 grâce à sa magnifique performance lors d'un match contre Lens le 27 mai 1988.
Alors qu'il a annoncé son départ avant le match, Susic va briller. Actif sur l'ouverture du score de Xuereb, il provoque ensuite un penalty puis adresse une passe décisive à ce même Xuereb. Avant de marquer lui-même le 4e but d'un joli succès (4-1). Le maintien est assuré la semaine suivante. Au Parc, Susic est porté en triomphe et reviendra finalement sur sa décision de départ.
En 1989, il a également été question de départ de Susic à... l'OM alors que le PSG était à la lutte pour le titre avec le club phocéen. La méthode Bernard Tapie, comme il l'a souligné récemment : "C'est vrai que Tapie m'avait fait une belle proposition. J'ai changé d'avis - et fait un sacrifice financier - parce que le PSG avait peur que je parte et m'avait proposé un contrat de deux ans. J'avais déjà 34 ans, je ne voulais pas prendre trop de risques. Mais je sais qu'avec quelques années de moins, j'y serais allé. J'aurais aimé jouer dans cette équipe".
Une histoire qui va quelque part faire perdre le titre à Paris, défait au Vélodrome puis auteur d'un nul à Lens où il joue sans Susic, écarté en raison de cette affaire. Ce revers au Vélodrome (voir ci-dessous), Susic s'en souvient : "Deux minutes avant le but vainqueur de Sauzée, on a une super occasion avec Simba qui se présente tout seul devant le gardien mais la met au-dessus. Si on marque celui-là, on est champion. Sur le coup, ça fait mal, mais il faut se rappeler que cette année-là aussi, c'est une surprise pour nous d'être devant parce qu'on n'avait pas une grande équipe. On jouait très défensif, c'était la façon de faire d'Ivic".
Finalement, Safet Susic est donc resté deux ans de plus avant de faire ses adieux lors de son dernier match au PSG le 17 mai 1991 face au Brest de Bernard Lama (1-1). Il partira faire une dernière pige au Red Star, avant d'entamer une carrière d'entraîneur et de sélectionneur.
Discret, il est revenu sur ce départ amer : "Je souhaitais rester au PSG, c'est mon club de toujours et je ne me voyais pas partir. Je pensais qu'on me proposerait de faire encore une année puis d'intégrer le staff. Ils ne m'ont rien proposé. Canal+ s'en foutait un peu de Susic (rires) ! Ce n'était pas très classe, surtout venant de Brochand, Cayzac et Talar qui eux, sont restés au club. Mais je n'en veux à personne. C'est de l'histoire ancienne".
Mais le mot de la fin reste pour le public du Parc : "Je pense que les supporters aimaient ma façon de jouer. J'en faisais peut-être un peu trop parfois en tentant des trucs compliqués, mais j'ai toujours considéré que les gens viennent au stade pour voir des gestes qu'on ne voit pas tous les jours sur un terrain. Ils voulaient du spectacle et j'aimais bien leur en donner".
De 1982 à 1991 : 345 matches – 85 buts.