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PSG : Exclu - Interview de Jérome Alonzo (2ème partie)

Publié le 29 Avril 2020 à 13h06 par Ted75
PSG : Exclu - Interview de Jérome Alonzo (2ème partie)
Ancien gardien du PSG entre 2001 et 2008, Jérôme Alonzo a eu l'extrême gentillesse d'accorder une interview à PlanètePSG. Deuxième partie de l'entretien lors de laquelle il évoque ses bons et mauvais souvenirs au sein du club.

PlanètePSG – Lors de la belle saison 2003/04, le symbole de cet état d'esprit conquérant, c'est cette victoire à Marseille (0-1) où vous repoussez plusieurs tentatives de Mido et Drogba avant que Fiorèse ne crucifie l'OM. Une des plus belles victoires de votre carrière ?

Jérôme Alonzo : En championnat, c'est un de mes meilleurs matches avec Paris. En seconde période, je fais un arrêt sur Mido sur mon poteau et c'est peut-être l'arrêt le plus important de ma carrière ! Techniquement, il est très dur à réaliser. Mido devance Dehu et reprend de la tête. Et ça va tellement vite. Je la prends au milieu de la paume et ça atterrit sur le poteau. Je parle souvent de ce match avec Didier Drogba car on a travaillé à l'Equipe ensemble pour le Ballon d'Or. Et on en rigole car il me dit que je les avais fait bien fait c****, que je faisais des arrêts qui n'existaient pas. Ça m'a fait plaisir venant de lui.

« L'altercation avec Heinze m'a fait progresser »

PlanètePSG – Quels rapports aviez-vous avec vos défenseurs lors de cette époque ?

Jérôme Alonzo : J'étais très ami avec Fred Déhu et Bernard Mendy. Mais on n'était pas les meilleurs amis avec Gabi Heinze. Car Gabi avait un caractère de cochon. En fait, un jour, on s'engueule devant tout le monde dans les vestiaires et il me fait comprendre qu'il préfère Lionel (Letizi). C'était dur, pas élégant. Je trouvais ces critiques injustes.

C'était lors du premier tiers de la saison. Et cela m'a servi à me motiver, à m'accrocher, à vouloir lui montrer le contraire. Je peux dire aujourd'hui que cette altercation m'a beaucoup fait progresser. Car il y avait du fondé dans ces critiques, dans le fait de s'imposer plus dans les airs notamment. Aujourd'hui, c'est devenu un ami.

PlanètePSG – Vous jouez très peu lors de la saison 2004/05 mais vous participez à ce nouveau succès au Vélodrome en Coupe de la Ligue avec le but tardif de Bernard Mendy (2-3). Une image marquante : au coup de sifflet final, vous semblez immobile, marqué. Pouvez-vous nous raconter ce qui s'est passé ?

Jérôme Alonzo : L'histoire remonte à avant le match car j'ai eu une altercation avec José Anigo. On s'attrape par le colback. José me reproche une interview où je dis que Marseille ne doit pas être tranquille après les 7 succès d'affilée du PSG. José est un mec que j'apprécie et me faire harponner par un Marseillais au Vélodrome... A la fin du match me revient donc cet épisode et j'ai un mauvais gout dans la bouche. Cette victoire, je l'ai moins kiffée même si j'ai savouré après. Depuis, on s'entend bien avec José, c'est un monsieur que je respecte car il aime son club plus que tout.

« Jamais de ma vie je n'ai eu autant de haine contre un journaliste »

PlanètePSG – Vous jouez très peu lors de cette saison 2004-2005 mais êtes prépondérant dans le succès à Lyon (0-1) avec pas moins de 10 arrêts lors de la première demi-heure.

Jérôme Alonzo : C'était un de mes meilleurs matches dans le style purement Alonzo. On gagne 1-0, je fais une tonne d'arrêts (voir ci-dessous). Et puis ce gros match me vaut une dispute qui s'est arrangée il n'y a pas longtemps avec Vincent Duluc. Dans l'Equipe, il me met la note de 5 avec ce commentaire : « On peut se demander si son seul talent n'est pas d'avoir de la chance ».

Et là, jamais de ma vie je n'ai eu autant de haine contre un journaliste. Il me fracasse car il était notamment pour Lyon. On s'est fait la tête pendant 5 ans jusqu'à ce qu'on se retrouve en 2010 dans le Sud pour une compétition de golf. On s'est rabibochés à cette occasion et maintenant, c'est devenu un copain à l'Equipe.

PlanètePSG – Le club traverse une saison 2005/06 un peu chaotique mais sauvée par cette victoire en finale de Coupe de France face à l'OM (2-1). Un grand souvenir pour les supporters mais quel est le vôtre puisque vous n'aviez pas joué cette finale ?

Jérôme Alonzo : Je ne vis pas pareil cette victoire car je ne joue que les premiers tours de Coupe de France. En fait, Guy Lacombe, entraîneur de l'époque, a instauré un turnover avec Lionel qui joue en championnat et moi en Coupe. D'ailleurs, dans le top 3 de mes matches, il y a ce tour contre Auxerre en février 2006 dans un froid glacial. Là, je leur fais tout, des parades multiples et on gagne 1-0.

Grâce à ces performances, Guy me met titulaire en championnat et Lionel joue en Coupe. Du coup, je suis super heureux en finale mais je ne l'ai pas jouée. Ce n'est pas la même saveur. Mais ça reste un souvenir fantastique et je chambre tous les jours Vikash à l'Equipe sur son but (rires).

« Je ne veux pas parler de mes relations avec Landreau »

PlanètePSG – Letizi parti, arrive Landreau à l'été 2006. On sait évidemment que la complicité n'était pas la même avec lui. Comment avez-vous malgré tout cohabité ?

Jérôme Alonzo : Il y a des sujets très douloureux et je ne veux pas m'étaler là-dessus car il n'y aura pas de vainqueur dans ce combat. C'est un mauvais souvenir, ce sont des années tristes de ma vie au PSG parce-que je ne méritais pas ce qui m'arrivait. Je ne veux pas parler de mes relations avec ce garçon, ça serait trop long. C'est douloureux à un point que personne n'imagine.

PlanètePSG – En plus de ces soucis sportifs, il y a l'extra-sportif avec la mort d'un supporter un soir de novembre 2006. Quel a été votre sentiment à ce moment-là ?

Jérôme Alonzo : C'était chaud. Le lendemain, les supporters sont même venus au Camp des Loges. Avec Sammy Traoré qui a pris un ciseau pour en découdre, Pauleta qui se cache dans les toilettes... Là, il pouvait tout se passer. Mais là, j'ai eu une prise de conscience. Car au PSG ou à l'OM, c''est soit l'amour fou, soit la haine folle. Quand tu joues dans ces clubs, tu es obligé d'avoir le revers de la médaille. Et ça a toujours été mon choix de vivre ma passion avec des gens fous comme moi.

PlanètePSG – Paris a joué le maintien lors de vos deux dernières saisons avec notamment cette période très compliquée en 2008 avec ce fameux match contre Nice perdu 3-2 après avoir mené 2-1. Vous sentiez que Paris allait droit en Ligue 2 à ce moment-là ?

Jérôme Alonzo : Oui, je me dis sur ce match qu'on peut descendre. C'était irréel. Vu le scénario, tu te dis que ce n'est pas possible. Parce-qu'on est tétanisés, on n'avance plus. Pedro ne joue pas beaucoup, moi je ne joue plus. Landreau n'est pas bon à cette époque. On ne comprend pas bien les choix du coach. Il y a juste les Coupes qui nous tiennent à flot.

« La finale contre Lyon en 2008 ? Le pire souvenir de ma carrière »

PlanètePSG – Votre aventure s'achève justement par cette finale terrible en Coupe de France face à Lyon (0-1). Finale dominée par Paris avec des occasions, un but refusé pour hors-jeu et un penalty oublié sur une main de Boumsong.

Jérôme Alonzo : C'était un vol manifeste. Au niveau du football, c'est un des meilleurs matches que le PSG joue dans mes 7 années. Il y a un but refusé, plusieurs occasions, Coupet qui fait de belles parades. Moi je ne touche pas un ballon et, en prime, il y a plusieurs clubs dans les tribunes qui m'observent donc c'est un match important pour moi. A la 90e minute, Bernard Mendy a une occasion incroyable et là... je ne devrais pas vous le dire mais je me dis que c'est fini. Quand on rate autant d'occasions, on est punis derrière.

C'est comme ce que j'ai vécu contre Auxerre cinq ans auparavant. Et ce but de Sidney Govou à la 105e minute, Sylvain qui est court... Je me revois par terre avec une tristesse et une douleur infinies. Je sais que c'est fini à ce moment-là, que ceux qui voulaient ma peau ont gagné. Les minutes qui suivent, ce sont des heures. Tu as envie d'être chez toi. Dans ma vie, ça va aussi très mal à ce moment-là. Avec ma blessure en 1999, c'est sans aucun doute le pire souvenir de ma carrière.

Nous remercions vivement Jérôme Alonzo pour sa disponibilité. Retrouvez la troisième partie de l'entretien ce vendredi.

Retrouvez l'intégralité de la première partie de l'interview :

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