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PSG : Exclu - Interview de Vincent Guérin (2ème partie)

Publié le 06 Mai 2020 à 12h00 par Ted75
PSG : Exclu - Interview de Vincent Guérin (2ème partie)
Ancien milieu du PSG entre 1992 et 1998, Vincent Guérin a eu l'extrême gentillesse d'accorder une interview à PlanètePSG. Deuxième partie de l'entretien lors de laquelle il évoque son fameux but face à Barcelone en 1995 mais également la Coupe des Coupes 1996.

PlanètePSG – Le 15 mars 1995, vous marquez un but mémorable contre le FC Barcelone en quarts de finale retour de la Ligue des champions (2-1). Pouvez-vous nous raconter l'importance de cette double-confrontation et votre émotion à ce moment-là ?

Vincent Guérin : Barcelone représentait un monstre de football et son entraîneur Johan Cruyff était l'un des premiers joueurs que j'avais vu jouer à la télé en 1974 avec la vague orange. J'étais supporter des Pays-Bas et Cruyff était une idole. Il y avait tout un tas de choses qui faisait que c'était un moment particulier, unique. On avait fait un superbe match à l'aller à Barcelone (Ndlr : 1-1) mais on a encaissé un but sur une faute de main malheureuse de Lama, même si cela peut arriver à tous les grands gardiens. Au retour, il fallait les user techniquement, en misant sur la possession. Et être costaud physiquement et mentalement.

« J'ai joué sur l'effet de surprise »

Sur l'action de mon but, je vois Valdo s'emparer du ballon dans le rond central et je lui crie « Vai, Vai », car c'était le surnom que je lui donnais. Il me voit et me la met dans la course. Je file plein axe. Il y avait de l'espace car on était vers la fin de match et il y avait de la fatigue dans les rangs barcelonais. Tout le monde s'attendait à ce que je passe à Weah et j'ai joué sur l'effet de surprise. Je tente ma chance et je place parfaitement ma frappe pour marquer. Il y a deux fois où j'ai senti le Parc trembler : sur le 4e but face au Real en 1993 et sur mon but.

PlanètePSG – Vous êtes élu footballeur français de l'année en 1995 et meilleur joueur du championnat devant des joueurs comme Djorkaeff, Loko, Pedros ou encore Zidane. Quelle valeur cela a pour vous ?

Vincent Guérin : C'était exceptionnel. Ce sont les joueurs qui votaient et à mes yeux, cela a plus de valeur que lorsque ce sont les journalistes. Ça a été une belle récompense. Il y a d'ailleurs eu une période entre mon titre de champion d'Europe espoirs en 1988 et cette récompense en 1995 au cours de laquelle j'aurais du être plus souvent en équipe de France à mon sens. J'ai du attendre la fin de ma carrière pour être davantage présent en sélection.

« Il y a une période où j'ai eu l'impression de ne plus toucher terre »

PlanètePSG – A cette période, justement, vous êtes régulièrement aligné en équipe de France avec comme point d'orgue ce match contre la Slovaquie où vous marquez et délivrez deux passes décisives (4-0). Est-ce la période où vous vous sentiez le plus fort ?

Vincent Guérin : Oui, c'est certain. Il y a une période où j'ai eu l'impression de ne plus toucher terre, de voler. Sur cette fin de ma carrière, j'étais à mon apogée, tout allait dans le bon sens. Je ressentais une sensation de performance naturelle, sans me poser de questions, où tout s'enchaînait de la meilleure façon.

PlanètePSG – Lors de la saison 1995/96, le PSG ne gagne pas le titre malgré une avance confortable à la trêve. Vous êtes blessé au moment où l'équipe patauge avec notamment ce match incroyable face à Montpellier (défaite 3-2 après avoir mené 2-0).

Vincent Guérin : Je me souviens très bien de ce PSG-Montpellier car je le commentais sur Canal +. Laurent Robert, à l'époque à Montpellier, avait été extraordinaire sur la fin (Ndlr : il avait délivré une passe décisive et marqué le 3e but héraultais). Moi, j'avais été blessé janvier-février et l'équipe ne tournait pas bien. C'est difficile de ne pas pouvoir épauler ses partenaires. On vit ça de l'extérieur. J'avais vraiment envie de revenir le plus vite possible.

PlanètePSG – Heureusement, Paris sauve sa saison en remportant la Coupe des Coupes. Une vraie bouffée d'oxygène pour le groupe ?

Vincent Guérin : Oui, ça a vraiment été la bouffée d'oxygène. Ce parcours européen, c'est aussi un aboutissement car cela faisait un moment que l'on courait après une finale (Ndlr : le PSG avait échoué en coupe d'Europe en demi-finales en 1993, 1994 et 1995). Pour préparer la finale, on était partis du côté de Biarritz en stage et cela nous a fait du bien car il nous fallait une coupure.

C'était juste surprenant de voir Yannick Noah arriver à ce moment-là mais c'était une période compliquée au niveau du groupe. Et sa venue nous a permis de resserrer les liens. Au final, ça a fonctionné et on remporte cette Coupe des Coupes. C'était fabuleux de partager ça avec les supporters venus à Bruxelles. Et puis, le retour, la nuit, le lendemain sur les Champs-Elysées, c'était incroyable, on ne pouvait pas avancer. Il y a eu aussi la Mairie de Paris, Matignon avec le président Jacques Chirac, ce sont des moments uniques.

« Anfield, la seule fois de ma vie où j'ai eu des acouphènes dans un stade »

PlanètePSG – La saison suivante, Paris atteint de nouveau la finale de cette Coupe des Coupes en éliminant notamment Liverpool en demies. Après une victoire 3-0 au Parc, vous échappez pourtant au pire au retour à Anfield en perdant 2-0.

Vincent Guérin : Liverpool et la légende d'Anfield... Il y avait une ambiance incroyable. Je me rappelle que sur le 2e but de Liverpool, je voulais parler à Rai et il ne m'entendait pas alors qu'il était à 2 mètres ! Et puis, après ce 2e but, c'est la seule fois de ma vie où j'ai eu des acouphènes dans un stade pendant 2 minutes. Comme l'impression de sortir de boite de nuit et d'avoir les oreilles qui bourdonnent (rires). Ça a ensuite été la guerre des tranchées pendant 10 minutes, les arrêts de jeu ont été interminables et on n'arrivait pas à sortir de nos 30 mètres. Au final, c'était un stade incroyable, un match incroyable et une qualification incroyable.

PlanètePSG – En finale, le PSG perd face au Barça de Ronaldo. Pensez-vous qu'il y avait mieux à faire ?

Vincent Guérin : On pouvait faire mieux c'est sur. S'il y a un regret, ce n'est pas le résultat mais plutôt l'approche psychologique du match. On craignait Ronaldo, on a un peu trop focalisé sur lui. Mon rôle, c'était d'ailleurs de couper la relation Guardiola-Ronaldo. Cette crainte, je pense, nous a empêché de jouer davantage sur nos vertus, nos qualités, ce que l'on était susceptible de pouvoir mettre en place afin de mettre à mal Barcelone.

PlanètePSG – Cette saison 1996/97 se termine tout de même bien avec une 2eme place accrochée en championnat aux dépens de Nantes à la dernière journée. Vous marquez d'ailleurs le but décisif lors de cette dernière rencontre face à Strasbourg (2-1). Un souvenir marquant ?

Vincent Guérin : C'était un moment assez incroyable car c'était la dernière journée. On était très critiqués par les médias à cette époque et un journaliste dont je tairai le nom m'avait d'ailleurs mal noté sur ce match alors que j'étais le héros en marquant le but vainqueur (rires).

Je me souviens d'une chose surtout, c'est qu'on attendait le résultat de Nantes qui jouait cette 2e place avec nous et n'avait pas terminé sa rencontre à Monaco dans le même temps. Si Nantes gagnait, il nous chipait la place pour le tour préliminaire. Et il y avait 1-1 au moment où l'on avait fini notre match (Ndlr : Monaco s'imposera finalement 2-1 à la dernière minute). Ensuite, c'était la libération, on a pu célébrer avec le Parc.

PlanètePSG – Malheureusement, la saison 1997/98 est un peu plus compliquée pour vous d'un point de vue personnel. Vous espériez une meilleure fin au PSG j'imagine ?

Vincent Guérin : J'aurais forcément bien aimé fêter mon départ avec les supporters, comme l'a fait Raï notamment. C'était la grande désillusion pour moi car je n'avais jamais rien demandé à qui que ce soit. Je me suis retrouvé au cœur d'une histoire de dopage (Ndlr : contrôlé positif à la nandrolone en octobre 1997, il a ensuite vu l'annulation des résultats du contrôle en 2000 pour vice de forme). J'aurais préféré me doper et être suspendu plus justement. C'était un vrai enfer, je ne le souhaite à personne. Je regrette vraiment de ne pas avoir pu faire mes adieux avec le public parisien que j'ai adoré pendant ces 6 années exceptionnelles.

Nous remercions vivement Vincent Guérin pour sa disponibilité. Retrouvez la dernière partie de l'entretien ce vendredi avec notamment son avis sur le PSG actuel

Retrouvez l'intégralité de la première partie de l'interview :

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