PlanètePSG – Dans votre carrière au PSG, quels sont les partenaires qui vous ont le plus impressionné ?
Vincent Guérin : Un joueur m'a beaucoup apporté, c'est Valdo. A travers l'entraînement, il m'a beaucoup fait progresser, grâce à son art du contre-pied, de sa protection du ballon. C'était un super coéquipier, quelqu'un qui n'a pas été reconnu à sa juste valeur. D'ailleurs, ce qui a fait notre grande force à l'époque, au-delà des qualités intrinsèques, c'est qu'il y avait des valeurs humaines assez fortes, une forte d'intelligence autour d'un objectif commun à aller chercher.
Artur Jorge : "Je l'avais connu au Matra Racing (Ndlr : en 1988/89), il m'avait pris après mon titre de champion d'Europe espoirs en 1988. Mais je l'ai connu peu de temps car il a du partir du club assez rapidement pour raisons personnelles. Je l'ai donc retrouvé 4 ans après au PSG. C'était quelqu'un de droit, qui ne parlait pas beaucoup mais quand il le faisait, ce n'était pas pour rien dire. Il inspirait le respect".
"A propos de lui, me reviens ce souvenir d'un entrainement où il n'y avait pas trop d'arbitrage. On faisait un 8 contre 8 et j'étais agacé car il y avait des fautes non sifflées, des hors-jeu pas signalés etc. Me voyant énervé, il est venu me voir et me dit : « Et petit, rappelles-toi d'où tu viens ». C'est une phrase qui m'est restée. En gros, il m'a rappelé qu'il fallait avoir de l'humilité quelque soient les situations. Ça m'a guidé dans la suite de ma carrière".
Luis Fernandez : "Si Artur, c'était la glace, Luis, c'était le feu. Quelqu'un de très enthousiaste, capable d'apporter une énergie incroyable sur les entraînements. Artur laissait plus de place à son adjoint Troch. Alors que Luis guidait davantage les séances. Après, on a perdu le titre avec lui en 1996 mais c'était surtout du à une multitude de choses. L'ambiance dans le groupe avait peut-être changé mais c'est un ensemble collectif qui n'a pas fonctionné".
Ricardo : "Ça a été particulier avec lui car je l'ai connu à la fois joueur et entraîneur. J'ai une anecdote à son arrivée : au premier match que l'on joue à Strasbourg, Ricardo s'exprime devant tout le monde dans les vestiaires. Et d'un coup, j'ai été pris d'un fou rire. Parce-que je trouvais la situation cocasse. Le retrouver de l'autre côté de la barrière, ça a été compliqué pour moi de garder mon sérieux (rires). J'étais surpris de le retrouver comme ça".
PlanètePSG – Un mot sur le seul président que vous avez côtoyé au PSG : Michel Denisot ?
Vincent Guérin : Un grand homme. Un homme multi-casquettes qui a fait beaucoup de choses dans sa vie, doté d'une grande intelligence. Pas forcément connaisseur du football lorsqu'il est arrivé au PSG mais qui a eu l'intelligence de s'entourer de gens de valeurs comme Jean-Michel Moutier, le directeur sportif, sur lequel il a pu s'appuyer.
Il a toujours été à l'écoute des joueurs, il n'a jamais mis de barrière. Il s'est imprégné du milieu. Il n'a pas pris la grosse tête, il avait des valeurs, une éducation. Le fait de baigner dans le milieu journalistique lui a permis de voir les bons et mauvais côtés du football notamment.
PlanètePSG – Vous avez été l'entraîneur de la CFA du PSG entre 2005 et 2007 où vous avez notamment connu une génération montante. Quels joueurs vous ont le plus impressionné ?
Vincent Guérin : A la base en 2005, je devais épauler Laurent Fournier à la tête de l'équipe première mais ça ne s'est pas fait. J'ai donc pris la CFA et j'ai été champion de France des moins de 18 ans avec une belle génération : Mulumbu, Mabiala, N'Gog, Boli, Arnaud, Sankharé. Une génération incroyable car il y en a 12-15 qui ont fait une carrière pro. Notamment Sakho, qui a très vite grimpé les échelons. Même si lui faire porter le brassard aussi vite était une erreur. Mais il a su se mettre au niveau malgré la rapidité de son éclosion. Il a su rester à sa place et gardé son humilité.
PlanètePSG – Aujourd'hui, vous êtes adjoint de Stéphane Roche à la tête des U19. Comment vivez-vous cette expérience ? Quels joueurs semblent proches d'intégrer durablement le groupe pro ?
Vincent Guérin : Je prends beaucoup de plaisir car quand on retrouve les terrains, on a la banane (rires). On a de l'énergie pour faire avancer les jeunes, leur faire comprendre les choses. Je collabore en bonne intelligence avec Stéphane (Roche). Concernant les joueurs, il y a déjà Tanguy Kouassi et Adil Aouchiche qui ont joué en pro. Et puis Kalimuendo qui s'est déjà entraîné, Pembélé aussi. Des profils qui doivent progresser, peuvent prétendre aux pro, c'est à eux de saisir leur chance.
PlanètePSG – Cette nouvelle expérience vous pousse-t-elle à envisager un rôle d'entraîneur principal un jour ?
Vincent Guérin : Comme j'ai déjà du le dire, je vis au jour le jour, je prends ce qu'il y a à prendre. Je me délecte déjà de retrouver les terrains. Je ne m'interdis rien. Le football va très vite. Je ne fais pas de projection. La situation actuelle amène à se repositionner sur nos vies. J'ai été privilégié de faire une carrière de haut niveau, d'avoir gagné beaucoup de titres, d'avoir vécu des moments d'émotion incroyables. Il faut en tirer profit et transmettre, donner.
Je ne suis pas là pour envisager d'entraîner des clubs spécifiques. J'ai été éduqué avec certaines valeurs et c'est important de les transmettre, d'échanger, de pousser les jeunes à se sublimer sur le terrain. En tant qu'éducateur, c'est important de donner ces valeurs-là car ils ont des parcours de vie à faire donc notre rôle est important.
PlanètePSG – Avez-vous un avis sur le PSG actuel ?
Vincent Guérin : C'est un effectif de haut niveau avec que des internationaux, ce qui ressemble à notre époque. Ils ont la faculté de pouvoir tout glaner. Il faut juste avoir de la réussite, que toutes les planètes s'alignent dans le bon sens. Après, si on avait la recette exacte pour gagner la C1, ça serait plus simple (rires). Nous, on a eu la chance d'avoir une génération incroyable, d'avoir disputé 5 demi-finales consécutives, ce qui est assez rare en Europe. Même si c'est une autre époque, ce n'est pas anodin.
Je pense que pour un club ou une équipe nationale, comme on l'a vu avec Deschamps en équipe de France, les victoires se construisent avec des gens qui ont déjà gagné. C'est comme dans le Tennis avec Noah qui a fait gagner la Coupe Davis à de nombreuses reprises en tant que capitaine. Récemment, j'ai vu une série sur Diego Maradona au Mexique et ce qui est intéressant dans ce reportage, c'est ce qu'il dégage en tant qu'énergie, ce qu'il donne, ce qu'il transmet.
Ça dépend aussi des personnalités, qui fédèrent pour certaines. Par exemple, le Bayern, je suis persuadé qu'ils gagneront à nouveau la Ligue des champions car il y a un ADN fort dans le club avec beaucoup d'anciens comme Rummenigge, Hoeness etc. Si ce club va très loin dans les compétitions européennes, c'est parce-que les anciens qui sont là.
PlanètePSG – Le PSG doit-il suivre cet exemple ?
Vincent Guérin : Je pense qu'un club, quel qu'il soit, doit suivre cet exemple. L'histoire du club est importante pour les supporters, pour les joueurs passés, présents, futurs. Certains joueurs viennent car ils en sont supporters avant. Ces histoires sont importantes. Et le lien, ce sont ces anciens joueurs. L'identité du club est apportée par ces anciens joueurs. Un club doit avoir en son sein des joueurs multigénérationnels.
Nous remercions vivement Vincent Guérin pour sa disponibilité. Prochain ancien du PSG à nous avoir accordé une interview : Eric Rabesandratana
Partie 1 : Cliquez ici pour lire la news
Partie 2 : Cliquez ici pour lire la news