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PSG : Exclu - Interview de Eric Rabesandratana (1ère partie)

Publié le 11 Mai 2020 à 17h00 par Ted75
PSG : Exclu - Interview de Eric Rabesandratana (1ère partie)
Ancien défenseur du PSG entre 1997 et 2001, Eric Rabesandratana a eu l'extrême gentillesse d'accorder une interview à PlanètePSG. Première partie de l'entretien lors de laquelle il évoque notamment son fameux penalty provoqué sur Ravanelli.

PlanètePSG – Vous signez au PSG à l'été 1997 mais à quand remontent vos premiers contacts avec le club ?

Eric Rabesandratana : En fait, c'est Jean-Michel Moutier (Ndlr : directeur sportif du PSG à l'époque) qui m'a contacté bien avant mon arrivée pour me dire que le PSG était intéressé par ma venue. Je le connaissais déjà car il avait été directeur sportif de Nancy. Il m'avait donc un peu sondé avec mes agents et entre-temps, Nancy est allé gagner au Parc (Ndlr : 1-2 en décembre 1996, voir ci-dessous). Je fais un très bon match d'ailleurs et du coup, ça s'est concrétisé. Ça faisait 3 saisons de suite que j'étais performant et je me sentais prêt à aller à Paris.

A l'époque, c'était l'un des deux, trois clubs phares du championnat, qui avait en plus remporté la Coupe des Coupes et avait été en finale l'année d'après. Je ne me suis pas posé de questions au moment d'accepter la proposition. J'avais demandé autour de moi et les gens me conseillaient de passer d'abord par un club intermédiaire. Mais je voulais me lancer.

PlanètePSG – A votre arrivée, vous vivez de l'intérieur du groupe ce match incroyable en tour préliminaire de Ligue des champions contre le Steaua Bucarest (défaite 3-0 sur tapis vert à l'aller, victoire 5-0 au retour). Quel souvenir en avez-vous ?

Eric Rabesandratana : Ça a été une situation particulière car le club s'est retrouvé sanctionné par l'UEFA pour avoir fait jouer à l'aller Laurent Fournier qui devait être suspendu à la base. On perd 3-0 sur tapis vert et c'est dur. Mais ce qui a été déterminant, c'est que les joueurs avaient l'habitude de jouer ce genre de matches. Tout ce groupe transpirait la victoire, il n'y avait aucun doute sur l'issue de ce match retour. Juste avant, il y avait tellement de détermination, c'est la première et la seule fois que j'ai vécu ça. C'était tellement évident. Tout était aligné pour rectifier ce faux-pas.

« Tout s'est passé comme si c'était préparé au millimètre »

Et puis il y avait une ambiance exceptionnelle. Au Parc, à l'époque, il y avait beaucoup plus d'ambiance en Coupe d'Europe. Et entre l'atmosphère dans le vestiaire et celle du Parc, c'était un match de rêve. Tout s'est passé comme si c'était préparé au millimètre. Leonardo et Raï étaient sur un nuage.

PlanètePSG – Deux mois et demi plus tard, l'ambiance n'est plus la même lors de ce fameux PSG-OM lors duquel vous provoquez un penalty pour une faute très douteuse sur Ravanelli. Après ce match, vous aviez notamment déclaré que Mr Puyalt, l'arbitre, n'avait pas été à la hauteur. Sur le moment, est-ce l'incompréhension ou la colère qui domine ?

Eric Rabesandratana : J'étais très en colère. C'était mon premier Classique en plus. J'ai eu le sentiment de m'être fait arnaquer par l'arbitre. D'ailleurs, pour l'anecdote, le scénario m'avait tellement énervé que je n'avais jamais revu ce match jusqu'à il y a un an pour les besoins d'un podcast pour Canal +. Je l'ai regardé entièrement et j'ai changé d'avis sur l'arbitre qui avait été très bon sauf sur ce penalty où il se fait berner. Ce qui m'a le plus agacé, c'est l'attitude de Ravanelli qui a accentué cette action en disant qu'il y avait faute.

Ce qui m'a aussi dérangé, c'est que le lendemain, dans l'émission Nulle Part Ailleurs (Ndlr : le lendemain, dans l'émission phare de Canal, Charles Biétry, directeur des sports de la chaîne, avait tenté de calmer les esprits en montrant des images cherchant à justifier le penalty), ils avaient visionné des kilomètres de bande et étaient incapables de dire s'il y avait faute ou pas.

« On savait que Canal ne voulait pas perdre ses abonnés marseillais »

Quand on regarde les images, on voit bien que je ne fais aucun geste en direction de Ravanelli et que c'est lui qui se fait un croche-patte. C'est dingue que Canal, par le biais de cette émission, n'ait pas pris position. Mais on savait que la chaîne était propriétaire du PSG et ne voulait pas perdre ses abonnés marseillais.

PlanètePSG – Avez-vous mis du temps à digérer le battage médiatique qui a suivi ?

Eric Rabesandratana : Ça m'a suivi pendant longtemps mais ce qui est énervant surtout, c'est que je ne me sentais pas soutenu par le club. Car le club, et Canal + précisément, ne voulait pas en faire trop par rapport à ses abonnés non-parisiens alors qu'il y avait largement matière pour. J'ai mis du temps à digérer, mais je ne pourrais pas l'oublier vu qu'on m'en parle à chaque fois (rires).

PlanètePSG – Quelques semaines plus tard, vous vivez un moment plus heureux en marquant votre 1er but, un but important en Ligue des champions à Goteborg. Moment forcément particulier ?

Eric Rabesandratana : Un beau moment mais atténué par un jaune que je prends juste avant ce but et qui me suspend pour le dernier match de poules. J'étais frustré. Il y avait 0-0 à ce moment-là et il fallait absolument gagner pour espérer la qualif. Il faisait -8°, j'avais l'impression de jouer sur un parking. Il ne faisait pas froid car il n'y avait pas de vent. Mais le terrain était complètement gelé. Et vient cette action où je reprends de la tête un centre de Franck Gava, avec qui j'avais déjà évolué avec Nancy. Cette combinaison nous a rappelé nos années à l'ASNL (rires).

« Le trajet du rond central pour aller tirer était interminable »

PlanètePSG – Si en championnat, cela ne va pas fort, la saison 1997/98 se termine bien par l'obtention de la Coupe de la Ligue et de la Coupe de France. Vous tirez notamment un des tirs au but en finale de CDL. Un grand souvenir j'imagine ?

Eric Rabesandratana : C'était la première finale au Stade de France et la première fois que je jouais devant autant le monde. Le scénario est fou. On est mené puis on renverse la situation et on se fait égaliser sur un coup franc de Papin (2-2). Pour une première finale, c'était super au niveau du spectacle. Les autres finales qui ont suivi dans ce stade ont été bien moins intéressantes que celle-là.

Et au moment des tirs au but, quand Ricardo fait le tour de ceux qui voulaient tirer, je me suis désigné et je voulais tirer le premier. Après l'échec du Bordelais Gralak, le trajet du rond central pour aller tirer était interminable. A ce moment-là, il vaut mieux savoir où l'on tire. Mais j'avais l'habitude de tirer les penalties à Nancy et j'ai pris le gardien à contre-pied.

« Sans aucun doute le plus beau Classique que j'ai vécu »

PlanètePSG – La saison d'après est bien moins réjouissante mais elle se termine sur ce PSG-OM mémorable où Paris renverse son rival. Comment avez-vous vécu cette rencontre ?

Eric Rabesandratana : C'est sans aucun doute le plus beau Classique que j'ai vécu avec un tel scénario. Sur le but marseillais, Carotti assure mal sa remise vers Lama et il y avait la frustration de prendre ce but sur une erreur comme ça. On avait le sentiment qu'on pouvait gagner ce match et on débute très mal en mettant sur orbite l'OM.

Mais en gardant le cap et en restant persuadé qu'on allait renverser la vapeur, il y a eu la victoire derrière. On a été récompensés dans une ambiance incroyable au Parc. Ce que j'ai aussi trouvé magnifique, c'est la passe parfaite de Madar pour Rodriguez, qui a eu ensuite le sang-froid pour marquer. Et puis, le but de Marco est beau aussi !

PlanètePSG – Lors de la dernière journée de cette saison, vous perdez face à Bordeaux (2-3), ce qui donne le titre aux Girondins aux dépens de... l'OM. Certains de vos partenaires ont-ils volontairement baissé de pied ?

Eric Rabesandratana : Ce qu'il faut rappeler d'abord, c'est que durant la saison, Marseille a été incapable de battre Bordeaux dans les confrontations directes. Et ils ont cherché le prétexte que le PSG n'a pas joué à fond pour expliquer la perte du titre. C'est trop facile comme excuse. Quand on voit la physionomie du match, en plus, on perd 3-2 à deux minutes de la fin.

Pour des mecs qui jouent encore en vacances, on ne s'en sort pas trop mal. On est restés sérieux en revenant à chaque fois après avoir été mené 1-0, puis 2-1. Ce qui est surtout extraordinaire, c'est que le Parc a éclaté de joie sur le 3e but de Bordeaux. Sur ce but, Feindouno part dans l'espace. C'était compliqué de l'arrêter. Et quand on entend les avis extérieurs parlant de ce match, c'est fou.

Nous remercions vivement Eric Rabesandratana pour sa disponibilité. Retrouvez la deuxième partie de l'entretien ce mercredi avec notamment l'évocation de ses souvenirs plus douloureux au PSG.

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