Il est arrivé à l'été 2018 et a pris la relève d'Unai Emery. Thomas Tuchel est un choix personnel de l'Emir du Qatar. Missionné, comme ses prédécesseurs, de passer le cap des quarts de finale de la Ligue des Champions, le technicien allemand a d'entrée montré sa détermination, lors de sa conférence de presse de présentation : "Quand vous avez le même état d'esprit à toutes les rencontres, quand on a le même état d'esprit à chaque entrainement, pour tous les déplacements et durant chaque journée que l'on passe ensemble, on peut accomplir de grandes choses."
On l'avait décrit strict, exigeant avec ses joueurs, voire distant. Et pourtant Thomas Tuchel a pris le contrepied de cette image. Dès ses débuts, l'entraineur allemand s'est mis en mode ‘câlinothérapie'. On retiendra notamment son bizutage improvisé par les joueurs Parisiens, qui l'avaient arrosé suite à la victoire du PSG 4 à 0 face à Monaco lors du Trophée des Champions.
Sur la scène nationale, le PSG de Tuchel commence très fort et enchaine 14 victoires en autant de matches. Il faudra attendre la 15ème journée pour que le PSG partage les points face aux Girondins de Bordeaux (2-2). Durant cette période faste, on retiendra le 5-0 infligé à l'Olympique Lyonnais, avec un quadruplé de Kylian Mbappé. Ce soir-là, l'équipe Parisienne était en communion avec les supporters du Parc des Princes.
Au-delà des résultats probants, Tuchel séduit par sa capacité à changer de système en cours de match, à renverser le cours des matches et à mobiliser ses troupes en alliant exigence et proximité vis-à-vis de son groupe.
Après six mois conjugués au presque parfait, le PSG de Tuchel déraille. Les prémices du scénario catastrophe arrivent le 23 janvier 2019, lorsque Neymar rechute et subit de nouveau une blessure au 5ème métatarsien. L'histoire se répète et le 8ème de finale face à Manchester United se profile.
Le match aller face aux Red Devils donne le sourire aux supporters Parisiens. Un PSG convaincant s'impose logiquement 2-0 en terres anglaises et semble se positionner en force pour une qualification en quarts de finale de la plus prestigieuse des compétitions européennes, après deux échecs consécutifs (2017 et 2018).
La suite, on la connait et on se passera des images. L'impensable se produit, deux ans après le cauchemar barcelonais, Paris sombre et s'incline 3 buts à 1 suite à un penalty très litigieux (main de Kimpembe). Neymar n'en croit pas ses yeux, les mots fusent sur les réseaux sociaux et on apprendra à posteriori sa suspension pour trois matches pour l'édition suivante de la C1.
Nous sommes au début du mois de mars 2019, le PSG a 20 points d'avance en Ligue 1 et se retrouve face au vide de la routine et d'un championnat déjà plié. Le début d'une ère délicate s'ouvre pour Thomas Tuchel. Il semble alors bien loin le temps de l'état de grâce des six premiers mois. Sur la dernière partie de saison, le PSG de Tuchel subit quatre défaites en Ligue 1 et perd les deux coupes nationales. Dès lors, l'image de Tuchel se dégrade auprès des médias et déjà se pose la question de sa succession...
Finalement, le club de la capitale décide étonnamment de prolonger Tuchel jusqu'en 2021 et de se séparer d'Antero Henrique, le directeur sportif du PSG, en poste depuis 2017. Le technicien allemand aurait semble-t-il remporté son bras de fer avec le Portugais, au gré des piques envoyées en interne ou publiquement. On se souviendra notamment du mercato hivernal 2019, où Tuchel s'impatientait en conférence de presse de la venue d'une sentinelle : "Paredes ? Je l'attends depuis quelques jours. Chaque jour il n'est pas là. Je l'ai cherché dans les douches, dans le vestiaire, dans la salle de kiné..."
Malgré l'énorme déception liée à la déconvenue en C1 au printemps 2019, Tuchel repart pour une nouvelle saison, avec un nouveau directeur sportif et un nouveau feuilleton... Neymar n'est plus heureux à Paris, il veut retourner à Barcelone ! Dans ce contexte médiatique agité, Tuchel jongle entre la gestion sportive du club et la gestion politique liée à Neymar. Au final, le feuilleton n'aura duré qu'un été et Neymar est resté. Quant au domaine sportif, Paris réalise une saison remarquable. Pour ses 50 ans et sous les ordres de Thomas Tuchel, le club de la capitale rafle tout sur la scène nationale et s'offre la possibilité de rêver plus grand lors du Final 8 de la Ligue des Champions.
Au mois d'aout 2020, pendant trois semaines, Tuchel et ses hommes s'offrent au Portugal une belle parenthèse et une bouffée d'oxygène. Dans une véritable bulle, les joueurs de la capitale renforcent la cohésion du groupe. Ils battent l'Atalanta Bergame suite à un final de folie en quarts (2-1), puis effacent logiquement Leipzig en demi-finale (3-0), avant de s'incliner logiquement en finale face au Bayern Munich, sur la plus petite des marges (0-1). A l'issue d'une saison historique, Thomas Tuchel fait oublier la désillusion de Manchester United et devient intouchable vis-à-vis de son directeur sportif Leonardo, pourtant pas fan du technicien allemand.
En terminant la saison 2019-2020 le 23 aout et en reprenant la suivante le 10 septembre 2020, Thomas Tuchel a du composer avec des départs nombreux (Thiago Silva, Cavani, Kouassi, Choupo-Moting, Aouchiche), une équipe pas préparée physiquement, touchée par le covid et les blessures... A cela s'ajoute une campagne médiatique pour le moins déstabilisante. Les vents sont contraires, Tuchel perd le fil... et ses nerfs. En témoignent ses nombreuses interventions en conférence de presse, où il s'est montré agacé, contrarié...
Publiquement, Tuchel se plaint d'un recrutement qu'il juge alors insuffisant. Nous sommes le 2 octobre 2020, à trois jours de la fermeture du mercato. Tuchel a alors les mots suivants : "Si on reste avec ce groupe (avant les arrivées de Kean, Rafinha et Danilo Pereira), honnêtement on ne peut pas demander les mêmes choses et les mêmes objectifs que la saison dernière, avec une équipe réduite. On doit combattre avec Liverpool, Manchester City, l'Atletico Madrid, l'Inter Milan... qui sont très forts sur le mercato."
La réponse de Leonardo est cinglante : "On n'a pas aimé la déclaration. Le club n'a pas aimé, moi non plus. Je pense que l'on vit un moment difficile, et ne pas comprendre cela... On va voir en interne comment on fait... Mais c'est très clair, si quelqu'un n'est pas content, on parle. Si Tuchel décide de rester, il doit respecter la politique sportive, les règles internes et le moment du club."
Après deux défaites en trois matches, Tuchel est plus que jamais menacé. Mais le technicien allemand n'est pas lâché par les joueurs et finalement, le club de la capitale gagne les trois matches de la phase retour avec en prime la première place du groupe.
Sur la scène nationale, Paris perd face à Marseille, Lyon, Monaco et ne gagne pas face à Lille. En perdant à quatre reprises en 17 matches, le PSG réalise un début de saison délicat, si bien qu'à la trêve il termine troisième, derrière Lille et Lyon. Ses choix font parler également. Il fait jouer Danilo Pereira en défense centrale et Marquinhos au milieu, si bien que certains se demandent s'il ne le fait pas exprès vis-à-vis de Leonardo...
Les dirigeants Parisiens ont-ils tiré la sonnette d'alarme ? Tuchel a-t-il perdu l'adhésion de son groupe ? Leonardo a-t-il poussé en interne pour avoir sa tête ? Nous ne le saurons probablement jamais. Toujours est il que Thomas Tuchel n'est plus l'entraineur du PSG. Mais il restera à jamais le premier qui aura amené le Paris Saint-Germain en finale de la Ligue des Champions.