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Supporters PSG : Une Saison Rouge et Bleue : ASM - PSG sur RMC

Publié le 18 Septembre 2007 à 23h14 par Arno P-E
Episodes précédents : Adrien vit chez sa tante qui a vendu son maillot du collector du PSG. Il sait que l'acheteur, François Valloire, travaillait dans les salons VIP du Parc. Cependant, ce que son camarade Crijstôf et lui ignorent, c'est que Valloire a été viré, et qu'il a offert sa tenue à un détestable actionnaire du club.
ASM-PSG sur RMC


Adrien était assis à son bureau depuis plus d'une heure. Pas un bruit ne filtrait de sa chambre. Dehors brillait un soleil estival. En un tel dimanche après-midi de septembre, d'autres en auraient profité pour aller se faire un petit foot. Mais pas Adrien. Pas aujourd'hui. Penché sur sa feuille, la main crispée sur un stylo bille mâchonné, il noircissait du papier. Sa langue pointait dans un coin de sa bouche, et son front était barré de cette ride qui caractérise les grands esprits mobilisant la quintessence de leurs capacités de réflexion.

Alarmée par une inhabituelle absence d'engueulade entre les deux cousins, tante Jeanne avait jeté un coup d'œil à la fois préoccupé et surtout inquisiteur quelques minutes auparavant dans l'entrebâillement de la porte. Hélas, il lui avait bien fallu se résoudre à accepter l'inimaginable. Tous les éléments concordaient. Silence, position assise au bureau, prise active de notes et concentration maximale... Adrien travaillait. Un dimanche !

Tante Jeanne referma la porte avec moult précautions, afin de ne pas déconcentrer son neveu dans son labeur. Pas question de ruiner cette soudaine et ô combien inattendue passion pour les travaux scolaires. Alors que ses pieds foulaient silencieusement la moquette rose du couloir, tante Jeanne afficha un de ces sourires béats dont sont peuplés les tableaux de la renaissance. Une sainte touchée par la lumière de la révélation peinte par Le Caravage...

Une fois dans son salon, délicieux refuge aux murs ornés de tapisseries consacrées aux chats et aux pompiers, plus quelques dauphins, histoire de, la brave femme s'assit dans son canapé pour y trouver un repos bien mérité. Enfin... Enfin elle était parvenue à faire entendre raison à ce garnement !

Cela lui avait pris des mois, mais elle avait fini par gagner la partie. Etendant ses jambes sur les coussins brodés au crochet, elle entreprit de s'étirer les doigts de pieds. Ah... Comme quoi, quand on instaurait des règles strictes, et surtout quand on les appliquait avec tact mais fermeté, on pouvait tirer quelque chose du dernier des adolescents à problème. Au début, impossible de le faire rentrer dans sa chambre pour bosser ce vaurien. Toujours dehors ou collé devant la télé... Et maintenant ? En train d'apprendre ses leçons, et sans même que l'on ait eu besoin de crier. Voilà le travail.

Il faut dire que tante Jeanne s'était donné du mal. Elle s'était documentée auprès des plus grands spécialistes du mal-être adolescent pour réussir à canaliser Adrien. Le mérite leur revenait à eux aussi, quelque part. Entre deux curages d'ongles à l'aide des touches de la télécommande, la tante en survêtement ressentit une bouffée de générosité. Il lui faudrait envoyer une lettre à son journal télé un de ces jours, pour remercier Super Nanny et le Grand Frère. Ah, les professionnels de l'éducation, il n'y a que ça de vrai.

Plongée entre deux coussins du canapé et dans ses réflexions, tante Jeanne goutait à un bonheur qu'un petit détail aurait du réduire à néant. Ou plutôt deux petits détails, collés aux oreilles d'Adrien.

Le supporter parisien, concentré comme jamais, n'entendit les appels venus du salon qu'au bout de leur troisième réédition :
- Adrieeeeen ! Téléphooooooone !
Décrochant les écouteurs de son baladeur-radio, Adrien maugréa. Jamais moyen d'être tranquille dans cette maison quand on avait un truc important à faire ma parole ?
- C'est quiiii ?
- Ton copaiiiinnnn : celui qui parle pas français !

Crijstôf ? Pourquoi Crijstôf l'appelait-il à cette heure-là ? Le Tsergovien était pourtant bien placé pour savoir qu'Adrien serait pris ce dimanche à 17h30 ! Adrien attrapa sa casquette au vol, pas question de quitter sa chambre sans elle, et couru vers le salon pour aller chercher le combiné. L'inquiétude se lisait sur ses traits quand il rejoint sa parente, avachie devant la saga pseudo-historique de M6. Pour que Crijstôf le dérange, il fallait que ce soit grave.
- C'est pas qu'il ne parle pas français, c'est juste que quand il le fait personne ne comprend, c'est tout. Tu me le passes ? Je suis pressé, j'étais en train de faire un truc important..
- Oui, bien sur mon grand. Tiens, le voilà ! Prends ton temps, tu as bien mérité de faire une petite pause après tout. Aller, va discuter avec ton copain.

De plus en plus inquiet, Adrien attrapa le combiné tout en dévisageant sa tante... « Mon grand » ? Mais pourquoi est-ce qu'elle l'appelait comme ça maintenant ? Quant à cette histoire de pause bien méritée...
- Allô, Crijstôf ?... Bah bien sur que oui tu me déranges, qu'est-ce que tu crois ?
Adrien se dirigea vers sa chambre, tout en gardant un oeil en arrière. Ce sourire extatique sur le visage de tante Jeanne avait un je ne sait quoi d'effrayant. Peut-être le manque d'habitude ? Il faudrait tout de même qu'il ait avec elle une discussion sur les méfaits de la drogue un de ces jours.
- Alors, pourquoi tu m'appelles ? Allô ?
Après un silence de quelques secondes, Adrien écarta le téléphone de son oreille. Bon sang, et voilà que maintenant Crijstôf se mettait à jurer à l'autre bout du fil ! Des jurons Made in Tsergovie en plus, propre à vous griller les sonotones de toute la population d'une maison de retraite... Et sa tante qui persistait à afficher son air jovial pendant ce temps-là.
- Dis-donc, dit Adrien, si c'était juste pour m'insulter, tu pouvais... Quoi ? Un but de Monaco ?
Le Parisien reprit son souffle, la main sur la poignée de la porte du couloir.
- Mais c'est pas vrai ! Putain j'écoute le match sur RMC depuis une heure et demie, je fais des compos d'équipe en fonction du banc pour voir ce que Paul Le Guen peut modifier... J'ai du en remplir au moins trois pages de 4-3-3 modulables hyper rusés, depuis que j'y suis, je note les cartons et tout, je suis à fond dans la rencontre et toi tu me fais louper la réduction du score ? Tout ce temps passé à suivre la partie à la radio, et voilà, il faut que tu m'appelles pendant un but toi... Quoi ? Quels hurlements derrière moi ? Non, non, rien de grave, c'est ma tante. Je sais pas ce qu'elle a, elle est bizarre cet après-midi. Je crois qu'elle a pas pris les cachets de la bonne couleur au déjeuner.

Adrien claqua la porte de sa chambre, histoire d'obtenir un minimum de calme. Ce que sa tante pouvait être lunatique tout de même ! C'était pas un signe de bon équilibre psychologique, de s'énerver tout seule, d'un coup comme ça. Sans parler des discours incohérents qui lui parvenaient encore depuis le salon : menacer d'écrire des lettres d'insultes à des animateurs de TF1 et de M6... Des fois, on se demande ce qui peut passer par la tête des personnes fragiles. Bref...

- Crijstôf ? Oui, ça y est, j'ai remis mon écouteur. Mais non j'ai pas Canal + Sport, tu m'énerves. Il paraît que le but est pour Armand ?
- Oui, répondit une voix dont même les pires perturbations de réseau téléphonique ne pouvaient expliquer le côté grinçant, il se baisse sur le coup-franc... Et maintenant les monégasques poussent comme des malades.
Adrien tomba sa casquette.
- Il se baisse sur le coup-franc ? Comment ça il se baisse sur le coup-franc ? Il a de la chance d'avoir marqué en début de partie lui, sinon je te jure... Raaah, ça m'énerve, les commentateurs font que de gueuler, je comprends rien. Il reste combien ?
- Trois minutes. C'est agaçant, on le tenait bien ce match. Et maintenant j'ai l'olive.
- Charmante expression, répondit Adrien. Bon, tu m'appelais pourquoi au juste ? Oh, et toi qui as le chrono à la télé : il reste combien de temps ?
- Tu viens de me le demander ! Ca a pas changé... Oh, et puis je lutte même pas : il reste deux minutes et quarante secondes... En fait je t'appelais parce que ça y est : j'ai trouvé comment faire pour rentrer dans les salons VIP du Parc dimanche prochain !

Adrien retint son souffle. Pénétrer au cœur de la corbeille du stade Rouge et Bleu, et retrouver François Valloire, enfin ! Le maillot était à portée de main. La semaine prochaine !
- T'es sur ?
- Oui, oui. Un plan d'une simplicité désarmante. On aura juste besoin d'un peu de matériel, mais ça va marcher tout seul.
Le Tsergovien semblait si confiant et enthousiaste qu'Adrien en eut des frissons.
- Le temps ?
- Pas d'importance : mon plan fonctionne quelle que soit la météo.
- Mais non ! Le temps qu'il reste bon sang ! J'ai essayé de me connecter à Internet mais le fil info de foot365 est décalé de je ne sais combien de minutes, c'est une horreur. Pour eux on mène encore 2-0, alors tu imagines...
- Ach, oui, le temps... Trois minutes d'arrêts de jeu. Heureusement que Landreau a remis à zéro sa dose de réussite en équipe de France, parce que là c'est dur...
- Je sais bien que c'est dur, répondit un Adrien au bord de l'apoplexie. Les gars de RMC sont en train de me détruire le seul tympan que tes chuintements me laissaient indemne !
- Désolé. C'est l'accent... Chez nous on doit appuyer les sifflantes et...
- Crijstôf... Je m'en fous. Le temps !
- Restent deux minutes. Sinon, pour mon idée, je disais que j'aurais besoin d'un petit peu de matériel....
- Ah oui ? dit Adrien davantage concentré sur sa montre et les hurlements hystériques des gars de Monte Carlo que sur la logistique de Crijstôf. Quel genre de matériel ?
- Oh, pas grand-chose... Deux téléphones portables, pour commencer...
- Ca, ça va... Et puis ?
- Une corde d'escalade pouvant supporter ton poids. Une dizaine de mètre de long je dirais.
- Quoi ? Une corde ? Mais t'es malade : où tu veux que je trouve ça ?
- On a une semaine, ça ira... Ensuite, un casque de chantier, pour moi...
Un silence pesant s'installa entre les deux supporters. Adrien préféra ne pas le briser.
- Non, mais c'est bon, par mon frère je pourrai m'en dégotter un. T'en fais pas...
- Crijstôf, tu te rends compte que je suis un peu inquiet là ?
- A cause du match ? Je te rassure, c'est fini : ça y est, on a gagné !
- Non, je suis inquiet à cause de ton plan casqué... Je préfère même pas essayer de l'imaginer, je sens que ça va me gâcher cette superbe victoire obtenue avec les tripes en terre ennemie...
- Non, non, aucun souci, je t'assure. Ca va rouler tout seul ! Après ça, on a presque besoin de rien d'autre. Tranquilles, je te dis.
Adrien fusilla le combiné du regard, comme si son interlocuteur pouvait en profiter.
- Comment ça « presque besoin de rien d'autre » ? Il faut que je trouve quoi à part les téléphones et la corde ? Non mais qu'est-ce que c'est que ton histoire, au juste ?
- Un détail. Facile. Pas de problème...
- Crijstôf !
Adrien entendit le Tsergovien prendre une grande bouffée d'air, avant de lancer sa tirade :
- Il faudrait juste que l'on apporte devant le Parc des Princes une petite vingtaine de fumigènes... Allô ? Allô... Adrien ? Bah quoi ?




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Prochain épisode : Finding Valloire (après PSG - Bordeaux)

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