Le PSG rassemble des millions de passionnés. De toutes les régions, et de toutes les couches de la population, des personnes se préoccupent du club de la capitale. Cela génère un côté attachant, voire folklorique. Mais quand il s'agit de faire passer un message, autant l'avouer, parfois, c'est lourd. Car parmi tous ces sympathisants, l'expérience montre que certains ne sont clairement pas des lumières. Je pense ici à une catégorie très précise, dont on n'ose souvent pas parler, de peur de s'attirer ses foudres. Ceci étant quand on considère leur pouvoir de nuisance, on comprend qu'il faut essayer de les convaincre, de leur expliquer, afin qu'ils ne perturbent davantage un club qui n'a pas vraiment besoin de ça.... Pas facile.
Aussi, à chaque fois que je me penche sur mon clavier pour commettre une nouvelle chronique, j'essaye de simplifier au maximum mon discours. Juste histoire qu'il passe bien auprès de ces lecteurs-là. Pourtant, ce samedi, la preuve a de nouveau été faite que même le plus élémentaire des propos ne parvenait pas toujours à pénétrer certains esprits obtus. Oui, la nébuleuse parisienne héberge des adeptes particulièrement bouchés. Je le savais, j'aurais du y prendre davantage garde et me méfier. Mais on ne m'y reprendra plus. Dorénavant je garderai à l'esprit cette insigne faction qui aura à tâcher de saisir ces textes. Voilà ma nouvelle règle d'or :
quand on écrit sur le PSG, il faut que même un journaliste du Parisien soit capable de vous comprendre.
Tenez, prenez l'interview de Boat People (http://www.planetepsg.com/news-8810-supporters_greve_interview_de_boat_people_capo_des_sa91.html), capo des Supras, publiée la semaine dernière. Vous pensiez que tout y était clair ? On en a débattu sur le forum des jours durant. Certains m'ont fait remarquer qu'un thème était passé sous silence, d'autres ont exprimé leur désaccord quant à certains propos... Les échanges, souvent vifs, ont surpris par leur nombre. Pourtant, personne n'a fait remarquer que le discours du supporter parisien était obscur, ou incompréhensible. Personne, jusqu'à Christophe Bérard, journaliste au Parisien. Voici un lien vers son article, publié samedi matin (http://www.leparisien.fr/home/sports/psg/article.htm?articleid=291418458).
Vous aurez tout d'abord noté la politesse et le professionnalisme du monsieur, qui cite une interview sans rapporter ni le nom de l'auteur des propos, ni le site sur lequel il est allé pêcher l'information. Pour ce qui est de l'auteur, Bérard a une excuse : les journalistes du Parisien sont tellement habitués à ne citer que d'anonymes « proches du club », des « dirigeants ayant préféré garder l'anonymat », ou d'illustres inconnus pêchés sur un quai de gare, ou dans un club de football de Montrouge, les pauvres, quand ils ont le droit de rapporter le nom d'un acteur directement concerné, et qui assume ses propos, ils ne sont pas habitués. D'où l'oubli, sans doute. En revanche en ce qui concerne PlanetePSG, on peut se demander ce qui l'empêchait d'écrire que ces phrases venaient de notre site...
Mais après tout, le problème est ailleurs. Ce qui nous occupe c'est davantage l'inquiétante incapacité que Christophe Bérard a eue de retirer de cet entretien une information pourtant claire. Tout dans son article porte à croire que le journaliste a rencontré un problème dépassant de loin ses capacités cognitives : il qualifie la grève de « concept étrange », évoque un mouvement « d'un nouveau genre »... Faut-il y voir la marque des esprits simples : face à un évènement auquel ils ne sont pas préparés de longue date, leur raison se bloque et il n'y a plus rien à en tirer ? L'hypothèque est classique.
Même si là, il faut avouer que le cas d'étude est spectaculaire. Après tout, ce concept étrange, cette grève d'un nouveau genre (ô mon Dieu, des supporters mécontents, une grève des encouragements... quelques sifflets ! Mais qui aurait pu y penser auparavant !?!), tout cela était évoqué dans les colonnes du Parisien il y a trois mois déjà : Opoczynski ne s'étonnait-il pas, dans un article sobrement intitulé « Paris n'est plus Paris » (publié dans le Parisien du 25 septembre) du calme qui régnait au Camp des Loges un lendemain de défaite ?
L'absence de réaction des supporters, le fait qu'il n'y ait ni ces fameux sifflets, ni ces chants de protestation, cela interpellait le collègue de Bérard. Citons-le : « Des supporters aux joueurs, en passant par les dirigeants, tous se rejoignent autour d'un discours où tolérance rime avec patience. Les temps changent. (...)
Des supporters indulgents
Pas de sifflet ou très peu dimanche soir au Parc après la défaite contre Bordeaux (2-0). Les supporters sont restés étonnamment calmes. »
Alors quoi ? Pendant que l'un s'étonne en septembre que les Parisiens ne sifflent pas, l'autre en revanche ne comprend toujours pas quand ces sifflets apparaissent en décembre ? Décidément, il faut croire que dans la rédaction du Parisien on s'étonne de tout. Et même de son contraire ... Deux possibilités découlent de cet étrange désaccord entre collègues d'un même journal : soit Bérard met plus de trois mois à intégrer un texte d'Opoczynski, soit il ne les lit pas. Ce que l'on ne peut d'ailleurs pas vraiment compter comme une preuve d'inintelligence, soyons honnêtes.
Reste tout de même la phrase centrale de l'interview du président des SA91, cause de la perplexité du journaliste. Je cite l'article de Bérard : « ''On s'est battus pour que l'envie descende des tribunes vers le terrain, explique un des responsables des supporters du virage Auteuil. Cela n'a rien donné. Désormais, il faut que l'envie vienne des joueurs. '' Comprenne qui pourra. » Le souci, c'est justement que tout le monde a compris... A part le journaliste qui a écrit l'article. Un peu gênant non ?
Même Le Guen, que l'on tente de présenter comme éloigné de ces supporters avec lesquels il ne s'entendrait soit-disant plus. Voici un extrait de la dernière interview du coach : « En première période, je sentais que si on avait marqué, le public aurait été disposé à nous soutenir. C'est pour cela que c'est encore plus frustrant. Mais ce soutien ne viendra pas à nous comme cela. C'est à nous de faire les choses qu'il faut pour l'avoir. » Avouez que la similitude du discours du capo et de l'entraîneur est troublante... Hasard ? On peut en douter.
Comme on peut aussi douter de la bonne foi de Bérard. Car si certaines qualités innées lui permettent sans effort de se faire passer de manière parfaitement convaincante pour un idiot, l'ensemble de son article contient trop de détails pointant tous dans la même direction pour qu'on y croie tout à fait. Prenez le début du texte : « Les supporters ont décidé la grève des encouragements. Faut-il en sourire ou s'en agacer ? ». Cette question fermée va courir tout au long du raisonnement de l'auteur. Il vous laisse donc deux seules alternatives pour réagir à la grève : le sourire, image d'un mépris face à une action que l'on jugerait un peu stupide, ou l'agacement à l'encontre d'enfants mal élevés. Pas d'autre choix.
Aucune place pour la compréhension, ou même l'empathie. Bérard ne tentera nulle part d'expliquer la réaction des supporters. D'emblée il la juge incompréhensible et n'en démordra pas. Il ne raisonne pas. Ce journaliste ne laisse donc de choix qu'entre deux modes de condamnation de la grève... Le tout avant même qu'elle ait eu lieu. Belle indépendance d'esprit.
Le reste de son texte se mesure d'ailleurs à la même aune que l'introduction, truffé qu'il est de ces petits riens qui font pencher la balance dans le sens qu'il a choisi. Tout est commenté, affublé d'adjectifs péjoratifs, remis en question ou tourné en ridicule. Par exemple, pour Bérard, le silence des supporters sera « poisseux ». Le Guen ne « dit » pas ce qu'il faut faire, il l'« estime ». On peut donc remettre en cause ses propos... De même qu'il est « permis de douter du bien-fondé » de la grève. Que l'on doute du moyen d'action choisi par les supporters, pourquoi pas. Mais le bien-fondé, la légitimité d'un mouvement de protestation, comment un journaliste, censé incarner l'indépendance peut-il se permettre d'en douter ? Bérard n'hésite pourtant pas. Il doute que les supporters grévistes soient si tristes, ou si furieux pour que cela mérite une grève... Ce qui lui permet de dire ça ? Mystère, nous ne le saurons pas.
Aussi, de notre côté, entre l'oubli de la citation de l'auteur, stratégie délibérée pour faire croire que l'homme tente de se cacher, n'assumant pas ses dires ?, et l'orientation systématique des propos de Christophe Bérard, nous nous permettrons donc également de douter... Douter de l'honnêteté intellectuelle de ce journaliste.
Ce professionnel de l'information qui écrit samedi dernier, le 15 décembre, qu'il ne « comprend pas » ces sifflets d'un « genre nouveau »... Alors qu'il publiait, un mois auparavant un article contenant ces phrases : « Les temps changent dans les travées du Parc. Malgré l'accablant bilan des Parisiens à domicile, la colère des supporters ne se fait toujours pas entendre. Comme s'ils avaient décidé, coute que coute, de croire aux promesses du duo Cayzac-Le Guen. » (dans le Parisien du 10 novembre).
Etonnant comme ce qui est incompréhensible pour Bérard aujourd'hui, l'était bien moins il y a quelques semaines, non ?
Si comme il l'affirme, les temps changent dans les travées du Parc, ils restent malheureusement figés dans les salles de rédaction du quotidien régional : l'heure est encore et toujours à la malhonnêteté, et à l'absence totale de déontologie.
Quant au cours de supportérisme à l'anglaise, et aux reproches qui sont adressés aux tifosi pour ces deux matches vierges d'encouragements, je laisserai répondre Boat People. L'homme a porté haut les couleurs du Paris SG aux quatre coins de l'Europe, il a animé avec ses pairs le Virage Auteuil pendant quinze ans, y gagnant le respect de tous ceux qui l'y ont croisé. Il me semble donc plus à même que le sieur Bérard pour donner son avis sur la question des supporters du PSG :
Même face à un ami, comme Christophe Bérard le dit, il n'est pas interdit de faire preuve de fermeté. Et doit-on déduire de cet article qu'il s'agit là d'un mauvais comportement que de ne pas chanter ? Est-ce à dire que tous ceux qui n'encouragent pas en temps normal, en dehors de ces deux matches de grève sont de mauvais supporters ?...
Et surtout, cela comprend-il nos amis journalistes supporters du PSG ?
À bon entendeur...