Eté 2006. Yannick vient d'être sacré champion de France de sa catégorie. Par le biais d'un contrat élite, Paris se lie à lui jusqu'en 2011 (deux ans stagiaire et trois ans pro). Comme son nom l'indique, Yannick Boli est issu d'une famille de footballeurs. Neveu de Basile et de Roger, il perpétue la tradition au Paris Saint-Germain. Tout commence à Créteil en 1993. "J'avais 5 ans et il fallait que je trouve un sport car je courais partout dans l'appartement, raconte Yannick. Il fallait que je dépense l'énergie que j'avais en moi". Et de son propre aveu : "J'ai chopé le virus pour la première fois à Bollaert, j'avais 3-4 ans. Le public chantait "Ohé Boli", la chanson pour mon oncle. Moi aussi je la chantais et j'ai eu envie de jouer au foot". A l'autre bout de la France, en 1993, Basile offre la Ligue des Champions à l'OM. "J'avais 5 ans, j'ai regardé le match à la télé, il y avait du monde à la maison, c'était la fête". Du coup, il supportait Marseille. "Je voulais y jouer pour faire comme mon oncle. Mais finalement j'ai choisi le PSG pour me différencier". Pas tant que cela puisque Laurent, un autre oncle, a gagné la Coupe Gambardella avec Paris dans les années 1990.
Pendant ce temps à Créteil, Yannick était systématiquement surclassé. Lens, Auxerre, Rennes et Nantes le veulent mais les Boli misent sur le club de la capitale. Pourquoi Paris ? "Pour rester proche de chez mes parents. Mais au début c'était dur. Je ne pleurais pas devant les autres mais le matin je téléphonais en cachette à ma mère pour lui dire que j'étais triste". De sa promo, seul Granddi Ngoyi a déjà signé pro. En 2002-2003, il parfait son football un an à Clairefontaine sous la houlette d'André Mérelle : "Cela m'a fait progresser dans le jeu, techniquement et dans la tête surtout". L'école, en revanche, ne le passionne pas. Ou plutôt si, en partie... : "On y allait surtout pour les filles ! On était tellement fatigués qu'on avait du mal à suivre. Les cours, les entraînements, les devoirs le soir, c'est lourd. J'ai tenu jusqu'au centre de formation avant d'arrêter définitivement". Il y a juste aux filles qu'il continue de s'intéresser ! "J'ai eu quelques histoires mais ça n'a pas duré. J'aimerais bien me poser. Quand tu joues au foot, mieux vaux rencontrer ta future femme plus tôt car sinon c'est ambigu. Tu ne sais pas pourquoi la fille est avec toi. Elles sont de plus en plus matérialistes". Le message est passé.
En octobre dernier, Le Guen l'intègre définitivement dans son groupe. Son oncle et agent Roger Boli regrette pourtant : "Ce qui nous rend triste c'est que tous ses coéquipiers champions de France des 18 ans ont eu leur chance. On est déçus et frustrés même s'il s'entraîne avec le groupe pro. Il fait le maximum et quand on voit la situation du PSG, on se dit qu'il pourrait avoir sa chance. Je suis sur que s'il était dans un autre club, il aurait joué les six premiers mois de la saison. J'endosse la responsabilité, c'est moi qui lui ai fait signer ce contrat élite de cinq ans mais peut-être que s'il avait signé pro comme les autres, on y attacherait plus d'importance. Là, les dirigeants n'ont pas de pression". Le clan Boli s'interroge : "On est en pleine réflexion surtout que des clubs sont prêts à l'accueillir. Il mérite d'être mieux considéré. C'est un bon gars, sérieux, réceptif, on est sur qu'il réussira. J'ai confiance en lui à 100 %, il va passer car il a les qualités et l'envie". L'intéressé complète : "Quand tu sais ce que tu vaux, ça fait toujours mal de voir tes coéquipiers et pas toi, mais je persiste à dire que si tu bosses, ça doit payer. Mes oncles eux aussi ont connu des moments difficiles. Le foot, ça va vite, la preuve j'étais dans le groupe avant Sankharé, Ngoyi, Sakho... Et ils ont percé avant moi". Ses premiers entraînements avec les pros remontent à 2005. Laurent Fournier l'avait alors convoqué avec NGog.
Bientôt aux JO de Pékin ?
Ensuite, Lacombe le conviait à Dinard pour un stage d'avant-saison (2006) avant de l'inviter à Troyes pour le dernier match aller (19e journée, Troyes-PSG, 1-1). Avec Le Guen, il n'a pas encore eu sa chance. Mais cela ne saurait tarder : "J'ai toujours évalué mon niveau par rapport à celui de l'équipe première. Au fur et à mesure je sens que je m'en rapproche". Meilleur buteur de la CFA, il a six buts à son compteur. Pas de quoi le satisfaire pour autant : "Je ne veux rien savoir, je veux réussir ici et tant que je n'aurai pas réussi, je ne serai pas content". Le rêve ultime ? Jouer au Barça ou à l'Inter comme Ronaldo, son idole. La réalité est moins réjouissante : "C'est dur pour tout le monde ! Ce sont nous, joueurs, les responsables, on n'a pas fait le nécessaire. On doit assumer et affronter la réaction des supporters car ils paient et on les déçoit". Au milieu des Pauleta, Yepes ou Landreau, il est l'un des animateurs du vestiaire parisien. "C'est vrai, j'aime bien parler, je suis ouvert. J'aime bien faire des blagues aussi".
"La Folie" ou "Ya Bole", comme le surnomment ses potes du centre, est accroc aux séries américaines : "Prison Break, 24 heures, Heroes, Rome... Après l'entraînement, je mange, je dors et je regarde la télé. Je suis aussi la Star Ac, j'aime bien Bertrand. Et aussi Top Modell". Niveau musique, c'est assez varié : "J'aime le R'N'B, les chansons de mon pays (la Côte d'Ivoire), le rap américain, 50 Cent. La variété française, Christophe Maé". La comparaison avec ses oncles est redondante. Heureusement, elle n'est pas pesante. "Je savais que si j'allais loin, on allait me comparer à eux. Mais moi, je n'ai pas encore réussi". Lucide, il poursuit : "Je dois être moins individualiste, j'en fais un peu trop parfois". Quant à ses qualités, il laisse la parole à Roger Boli : "Il est capable de jouer à toutes les positions en attaque, c'est un buteur, il fait des passes décisives, il a des qualités de dribble, il est capable de jouer sur les côtés et il est bon des deux pieds. Ce qui lui manque, c'est de la confiance, de l'expérience et un peu d'agressivité". Cet été, il a l'opportunité de participer aux JO de Pékin avec la Côte d'Ivoire. "Mais pour y aller, il faudrait que je joue un peu en L1", conclut-il. A bon entendeur...
Emilie Pilet
Article paru dans "Le Foot Paris" (n°41), actuellement en kiosque.