Diplômé d'HEC, ex-publiciste de renom, chevalier de l'Ordre de la Légion d'Honneur, Alain Cayzac est un ancien président du Paris Saint-Germain (2006-2008) et personnage historique du club de la capitale. Il a eu la gentillesse d'accorder une interview à PlanetePSG. L'occasion pour évoquer l'actualité des Rouge et Bleu et certains cas bien particulier, comme Nasser Al-Khelaïfi, Laurent Blanc, Rabiot, tout en se remémorant certains souvenirs et notamment la contribution et la valeur des supporters.
PlanetePSG.com : Tout d'abord, que devenez-vous ? Quels sont vos projets en cours ?
Alain Cayzac :Je travaille dans une banque d'affaires depuis que j'ai quitté la présidence du Paris Saint-Germain. Je fais des fusions, des acquisitions, c'est mon nouveau métier. Et à côté de cela, j'ai encore quelques activités dans le domaine du football. Je suis vice-président de la fondation du Paris Saint-Germain, je préside le centre de formation des apprentis depuis très longtemps, je m'intéresse toujours au football. Et puis je donne quelques conférences, j'écris des bouquins.
PlanetePSG.com : Nasser Al-Khelaïfi est maintenant président du PSG depuis 3 ans et demi, quelle opinion avez-vous sur lui et sur son travail ?
Alain Cayzac : Je suis très positif sur la présidence de Nasser et sur le travail qui est fait. Je ne le dis pas depuis aujourd'hui, mais depuis que les Qataris sont arrivés. Bien sur il y a des moyens, mais je trouve que l'argent est très intelligemment utilisé, pas seulement pour l'équipe, mais aussi pour les infrastructures. Il y aura un nouveau centre de formation, de nouvelles installations. Je trouve qu'ils travaillent bien et préparent bien l'avenir donc mon jugement est extrêmement positif. Les structures sont bonnes, Jean-Claude Blanc est un très grand professionnel, ils ont gardé des gens que je connaissais avant comme Philippe Boindrieux. Il y a une très bonne gouvernance. Le travail de départ a été impressionnant, Leonardo a fait un grand boulot. Aujourd'hui, Olivier Letang le directeur adjoint fait le travail. J'ai beau cherché, je n'ai pas grand-chose à redire. Après, je suis comme tous les supporters j'aimerais bien qu'on gagne tous nos matches. Je ne peux pas dire que j'étais très heureux samedi dernier contre Caen à 17H30, ou plutôt 17H32. J'ajoute également qu'ils sont extrêmement élégants avec les anciens du club dont je fais partie. Ils m'accueillent toujours très bien, il n'y a rien à redire là-dessus.
PlanetePSG.com : Toutefois, en raisons des prestations ternes de l'équipe cette année, sa proximité avec certains joueurs a notamment été pointée du doigt...
Alain Cayzac : On est des hommes, on ne peut pas s'empêcher d'aimer le jeu, les joueurs, de parfois leur parler. Pour moi être président de club ça ne se résume pas à un conflit avec des joueurs, ou avoir des rapports uniquement hiérarchiques. Bien sur il ne faut pas déjuger son entraîneur, mais je ne pense pas que Nasser le fasse.
PlanetePSG.com : Laurent Blanc a réalisé le doublé la saison dernière Championnat-Coupe de la Ligue et a été éliminé en quart de finale de la Ligue des Champions. Cette année, si le club est pour le moment encore en lice dans tous les tableaux, on voit clairement une différence en termes de prestations, de qualité. Selon vous, le cas Laurent Blanc est-il dores et déjà scellé ? Un renvoi pur et simple pour cet été ?
Alain Cayzac : Pour être très clair, je ne suis pas dans le secret des dirigeants. Je n'en ai pas l'impression. Comme vous le dites on est encore engagés dans quatre épreuves donc tout peut arriver. On peut même aller très loin en Champion's League, on peut battre Chelsea, comme on peut perdre aussi (ndlr : interview réalisée avant le match aller). Comme dans tous les clubs du monde, l'avenir de l'entraîneur est très lié aux résultats. Aujourd'hui on est partout, en finale de la Coupe de la Ligue, en quart de finale de la Coupe de France, on est quand même pas décroché en championnat même si on est un peu déçu de ne pas être premier, on est toujours en course en Champion's League... Laurent Blanc, il a aussi un contrat qui couvre cette saison plus une supplémentaire. L'avenir de Blanc est comme celui de tous les entraîneurs, il est lié aux résultats. Aujourd'hui on est présent partout et bien malin qui peut faire des pronostics. On peut perdre contre Chelsea et être éliminé, on peut aller en finale de la Champion's League, tout peut arriver. Je ne pense pas que son sort soit scellé.
PlanetePSG.com : Quid de Cavani ? Deuxième saison à Paris, des prestations inégales et insuffisantes. Les semaines, voire les mois se suivent et se ressemblent... A l'image de son coach, son cas est-il également scellé ? Doit-il être vendu lors du prochain mercato ?
Alain Cayzac: Ma réponse serait plutôt non mais encore une fois je ne suis pas dans le secret. Je ne pense pas qu'un avant centre devient mauvais tout à coup. C'est plus un problème de confiance. J'ai le sentiment qu'il ne manque pas grand-chose pour que ça revienne. J'étais au match de Coupe de France, Cavani marque un but de la tête qui est un vrai but d'avant centre. Je pense qu'il suffit d'un déclic. Je ne pense pas qu'il soit condamné, c'est un numéro neuf d'une denrée extrêmement rare et je ne connais pas de numéro neuf qui n'a pas eu de moments difficiles. Il ne va pas perdre tout à coup les qualités qu'on a vues à Naples, ni celle qu'on a observé l'an dernier. Il s'agit vraiment d'un problème de confiance qu'on voit très clairement sur le terrain, au niveau de ses contrôles par exemple. Il faut que ça revienne, Cavani peut avoir un avenir au PSG.
PlanetePSG.com : Vous êtes président du PSG, vous avez un chèque en blanc, il n'y a aucune limite, qui souhaitez-vous absolument acheter, à l'exception des extraterrestres Messi et Cristiano Ronaldo ?
Alain Cayzac : Si vous m'enlevez les deux (rires). Ce n'est pas très original, mais il y a Eden Hazard et aussi celui qu'on a failli prendre cet été et qui n'est pas venu - non pas car on avait pas les moyens, mais à cause du Fair Play Financier - Di Maria. Il apporterait beaucoup. Je l'ai trouvé très performant le peu de fois que je l'ai vu jouer. En défense on est bien, au milieu on a des Verratti... Peut-être qu'un joueur comme De Bruyne que je vois jouer de temps en temps m'intéresserait également.
PlanetePSG.com : Parmi l'effectif actuel, y a-t-il un joueur que vous admirez et que vous auriez vraiment aimé avoir au sein de votre effectif ?
Alain Cayzac : J'étais à une époque où il y avait de très grands joueurs, même si les moyens n'étaient pas comparables. Il y avait des Pauleta, Rothen, Yepes, Luyindula, Camara qui n'étaient pas de mauvais joueurs. Aujourd'hui on est passé à la vitesse supérieure et j'aurais eu envie d'avoir la plupart de cet effectif-là. Vous me demandez d'en ressortir, en dehors de Zlatan bien sur, je citerai probablement Verratti et Marquinhos. J'ai toujours apprécié les jeunes et j'ai toujours essayé de réfléchir à terme en se disant quels sont les joueurs qui sont l'avenir du club. J'aurai adoré avoir ces deux-là qui sont talentueux et qui ont un grand avenir. Je peux ajouter également un troisième jeune qui est Lucas. C'est ce profil-là qui m'intéresse particulièrement, ceci étant, les autres sont tellement forts que j'aurai vraiment aimé avoir tout le monde !
divers/result_0219121008.jpg" align="" />
PlanetePSG.com : Justement, vous dites avoir toujours apprécié les jeunes, que vous inspire le cas Adrien Rabiot ?
Alain Cayzac: J'ai le sentiment que cela a été très difficile et je ne veux surtout pas dire du mal de sa maman qui le conseille. Je sais qu'elle a un rôle très important et je sais que cela n'a pas toujours été facile entre elle et le club même si je crois que les choses sont maintenant rentrées dans l'ordre. Ce sont des cas assez classiques, de jeunes joueurs qui progressent très vite et ont envie de faire des matches. Ils ont des gens autour d'eux qui leur disent : 'va-t-en, reste pas ici, tu vas te perdre, tu ne vas pas assez jouer'. Moi ce que je vois c'est qu'il est toujours là et qu'il peut rester très longtemps, même s'il peut partir aussi. C'est quelqu'un de très utile. Quand on voit l'hécatombe de samedi dernier contre Caen, heureusement qu'il est là. Je suis donc plutôt content de l'issue. J'ai regretté comme beaucoup de supporters - c'est moi qui l'ai fait signer - le départ de Mamadou Sakho. Après, je l'ai compris, parce qu'il était en Equipe de France. Il avait un temps d'avance sur Rabiot, il avait envie de jouer beaucoup de matches, mais il y avait quand même une grosse concurrence. C'est pareil pour Clément Chantôme qui était aussi disons l'un de mes poulains. Lui aussi ne pouvait pas revendiquer une place de titulaire à part entière donc ce n'était pas facile. J'ai également regretté le départ de Kinsgley Coman à la Juventus, car je pense qu'il a un très bon potentiel. Mais dans un club où il y a des grosses stars, c'est très difficile de conserver ses jeunes parce qu'ils veulent du temps de jeu. Ceci étant, je serai Rabiot, je resterai à Paris, car il aura du temps de jeu. Il ne faut pas être trop pressé. Je ne dis pas cela pour Sakho ou Chantôme car ils avaient déjà joué beaucoup de matches et il n'était pas incompréhensible qu'ils aient envie d'aller voir ailleurs. Mais, pour les Rabiot, Coman ou même Bahebeck je pense que c'est dans leur intérêt de rester à Paris et de s'entraîner avec des Zlatan, Thiago Motta, Thiago Silva et compagnie.
PlanetePSG.com : Vous avez connu des moments difficiles lors de votre présidence du Paris Saint-Germain (juin 2006 – avril 2008). Malgré cela, tout n'a pas été noir, vous avez quand même retenu des moments forts, des points positifs ?
Alain Cayzac: J'ai eu effectivement beaucoup de galères, ne serait-ce en dehors des difficultés sportives. Il y a eu quelque chose de dramatique, qu'on oublie jamais, avec la mort d'un supporter. Si je garde un bon souvenir, ça va peut-être en étonner certains, c'est le comportement des fans. Je parle évidemment des bons supporters et pas de la toute petite minorité qui foutait la pagaille. Ils étaient présents lorsqu'on était en situation très délicate. Quand j'ai lancé des appels au peuple, que je réclamais l'union sacré et qu'on a joué des matches capitaux contre Nantes au Parc des Princes par exemple, les supporters venaient, encourageaient les joueurs alors que je reconnais qu'on ne leur donnait pas beaucoup de satisfaction. Pour moi, un bon supporter ce n'est pas simplement celui qui est là quand on fait une demi-finale ou un quart de coupe d'Europe, c'est celui qui est là quand on joue contre Caen, Lorient, Nantes et qu'il faut absolument gagner pour s'en tirer. Cela fait partie de mes bons souvenirs.
PlanetePSG.com : Vous êtes un 'Historique' du Paris Saint-Germain, et si vous deviez établir votre 'Onze de Rêve' à l'image de Zlatan Ibrahimovic ou David Luiz il y a quelques semaines ?
Alain Cayzac : C'est très compliqué... Difficile de mélanger des époques... Qui j'aurai forcément dans cette équipe ? Beaucoup de l'effectif actuel. Après c'est difficile de ne pas mettre en défense un Thiago Silva et un Ricardo. En attaque, difficile de ne pas mettre Ronaldinho et Pauleta en dehors des joueurs qui jouent en ce moment comme Ibra. Difficile de ne pas mettre Luis Fernandez, Raí. Ainsi que celui qui pour moi est le meilleur de tous, Safet Sušić . Dans les buts je mets Joël Bats. En arrière Maxwell mérite indiscutablement sa place dans l'équipe actuelle, même si on peut aussi citer Heinze... A droite il y a Van der Wiel et Aurier actuellement et de mon temps il y avait quelqu'un comme Fournier qui était bon aussi. Rajoutez Ginola évidemment !
Une équipe que l'on pourrait ainsi dessiner de la sorte : Bats – Fournier, Thiago Silva, Ricardo, Maxwell (Heinze) – Fernandez, Verratti, Raí, Sušić, Ronaldinho – Pauleta (Ginola, Ibrahimovic).
Interview réalisée par Loïc Uhmann en exclusivité pour PlanetePSG.com
Nous remercions sincèrement Alain Cayzac pour sa disponibilité et sa franchise.