Nous avons terminé cet entretien en demandant à Philippe Bergeroo un avis sur les différentes personnes qui ont jalonné son parcours au PSG.
Laurent Perpère : "Même s'il m'a limogé à la fin, c'était une bonne personne, je tiens à le dire, il m'a toujours soutenu, il m'a aidé. C'est lui qui m'a nommé, tous les autres au bureau directeur étant contre moi. Il m'a protégé jusqu'au dernier moment. Après, il ne pouvait rien car une partie de l'équipe était contre moi".
Bernard Lama : "Un grand gardien de but, quelqu'un qui savait gérer sa carrière. Ça a été un des meilleurs gardiens français, c'était un félin, il était souple. Il avait ce toucher de balle. Il s'imposait sur tous les ballons aériens".
Jimmy Algérino : "C'est le seul qui a fait des déclarations dans la presse après mon éviction. Il ne s'est pas dégonflé, il a dit que j'étais trop bien pour le PSG. Il m'a remercié pour l'avoir mis capitaine. C'est une très bonne personne".
Aliou Cissé : "Il m'aimait bien car après mon départ, il a écrit sur le mur du vestiaire « Sois fort comme un rocher face aux vagues » car c'était ma devise. Et il se l'est même tatoué sur le dos. En fin de saison, on avait eu une tournée aux Antilles (Ndlr : en mai 2000) et je le voyais triste car il s'ennuyait. En fait, c'est parce-qu'il ne savait pas nager (rires)".
Marco Simone : "Marco, c'est la star. Je suis très content qu'il ait passé ses diplômes d'entraîneur. Car j'espère que ça lui a fait réfléchir sur le rôle de l'entraîneur. C'était toujours sujet à discussions ce que je lui faisais faire à l'entraînement".
Okocha : "C'était un bon mec, la joie de vivre incarnée, quelqu'un qui avait une vision périphérique exceptionnelle, un peu comme Platini. Il savait où étaient tous les joueurs. Dans la prise d'information visuelle, c'était exceptionnel. Sur la fin, nos relations se sont détériorées. Mais je suis content d'avoir eu un joueur comme ça".
Benarbia : "Un joueur de grand talent. Quand il avait le ballon dans les pieds et qu'il rentrait de la droite vers l'axe, c'était compliqué pour l'adversaire. Il avait ce dosage de passe, la dernière passe. Un joueur complet. Il pouvait faire basculer un match. Il a fait une saison 1999-2000 exceptionnelle".
Robert : "C'est un brut de pomme, un mec sympa. Contre Montpellier, il met un coup franc des 35 mètres (Ndlr : en mai 2000) et ensuite, il vient me voir en disant qu'on n'a pas besoin de les travailler (rires).
J'ai une anecdote : on n'arrivait pas à marquer de la tête sur les coups de pieds arrêtés donc on a codifié les corners. On répète, on répète. Et là un match contre Bordeaux (Ndlr : en octobre 2000), il se trompe dans la combinaison et met en retrait pour Algérino, surpris. Dans la foulée, il y a le contre et au final, le fameux lob de Pauleta contre Casagrande".
Anelka : "Il ne parlait pas beaucoup. Il a fait un très bon début de saison 2000-2001 et après, il s'est laissé embarquer par d'autres partenaires. C'était un suiveur. Mais je ne garde aucune amertume contre ces joueurs, ils m'ont fait vivre des moments extraordinaires".
Laurent Leroy : "Au début, à chaque fois que je le faisais rentrer, il marquait. A Limoges, en Coupe de France (Ndlr : début 2000, victoire 3-2), il marque le but décisif après être entré en jeu alors qu'on était à 2-2. Un mec adorable. Il méritait au final d'être titulaire car il se battait à l'entraînement, il ne posait pas de problème. Il demandait toujours des conseils et faisait du rab à la fin de l'entraînement".
PlanètePSG – Vous avez connu la génération 1987 en les faisant champions d'Europe des moins de 17 ans. Quels étaient vos rapports avec cette génération ?
Philippe Bergeroo : Ils étaient jeunes, à l'écoute. Je n'ai jamais eu de problème avec Benzema, Ben Arfa, Nasri, Menez. Je me rappelle qu'à Clairefontaine quelques années après ce titre, je rentre dans une salle de musculation et je vois Benzema faire du gainage. Là, je m'éclipse pour ne pas le déranger car je suis quand même quelqu'un de réservé. Et là, Benzema sort de la salle et m'embrasse. Il me dit de ne plus jamais m'échapper comme ça (rires) car il a beaucoup de respect pur moi. Ça fait plaisir.
Avec cette génération, on a travaillé 2 ans, on n'a pratiquement pas perdu de matches. Il y avait tous les grands clubs à nos matches, le Bayern, la Juventus. Ces gamins ont été approché par ces clubs et quand on a été champions d'Europe, les clubs français ont du mettre de l'argent pour les conserver. Je pense que tout l'argent qu'ils ont gagné ont monté à la tête de certains.
PlanètePSG – Avez-vous aujourd'hui un avis sur le PSG actuel et un mot pour les supporters parisiens ?
Philippe Bergeroo : C'est toujours un grand club, ils dominent le championnat, on attend juste cette Ligue des champions. Il faut juste arrêter d'être jaloux de cette équipe. Quand j'entends certains « ils gagnent trop d'argent », je leur dis que vous êtes bien content qu'ils remplissent le stade à Toulouse ou ailleurs en Province.
Pour finir, je vous remercie de m'avoir fait revivre des émotions. Je vais pouvoir me promener dans ma mémoire. Aux supporters, je me rappelle que quand c'était chaud pour moi, il y avait un kop qui criait Luis, Luis. Et les autres applaudissaient pour couvrir le bruit de ce kop. Ça m'a marqué. Je garde un très bon souvenir des supporters parisiens.
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