Né le 19 aout 1982 dans la capitale économique ivoirienne, Amara Diané devient très tôt un jeune espoir de l'ASEC Abidjan. Rêvant de rejoindre l'Europe, l'adolescent obtient de son père de le confier à un cousin, domicilié dans le quartier du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Rapidement, Diané se tourne vers le club local, le FC Mantois 78, qui évolue en division d'honneur. Dépourvu de chaussures, l'Ivoirien parvient pourtant à convaincre les dirigeants de le faire jouer en juniors. Rapidement, on se rend compte que l'attaquant évolue à un niveau qui n'est pas le sien : en une saison, il inscrit 31 buts.
Comme le football de bas niveau ne nourrit pas son homme, Diané travaille régulièrement de nuit. Un jour, il est repéré par un recruteur d'Amiens (L2). Il pense alors signer son premier contrat professionnel, mais le club picard ne peut lui proposer qu'une simple licence amateur, en raison d'un dépassement de quota de joueurs extracommunautaires. Refus désabusé du joueur qui, faute de parvenir à joindre les deux bouts, se retrouve quelques jours sans toit. Au point de passer une nuit dans la gare d'Amiens...
En décembre 2000, les dirigeants de l'Amiens SC lui proposent de signer à 42 km de là, à l'US Roye (CFA 2). Ce n'est pas le Pérou, mais l'Ivoirien y touchera pour commencer 400 € par mois. "Je l'avais déjà repéré à Mantes et je le retrouve à Roye. Dès le départ, je l'ai imaginé en L1 mais il fallait qu'il fasse lentement son apprentissage", se souvient Dominique Six dans les colonnes du "Parisien". Celui qui deviendra son agent et son ami. En 34 matchs, Diané fait feu de tout bois (26 buts). Mais sa tête est ailleurs. Il effectue deux nouveaux essais à Rouen et Clermont mais c'est à Reims (Marne) qu'à 21 ans, il obtient ce premier contrat professionnel tant espéré.
Le Stade Rémois, qui se trouve en National, lui offre au bout de douze matchs une place de titulaire. "Amaradona", sobriquet qui lui est donné par les supporters, s'éclate et marque à tout bout de champs (19 buts). C'est en partie grâce à lui que le club se hisse en L2 dès l'année de son arrivée. La saison suivante, la logique n'est plus la même. Le club joue le maintien et il n'est pas question de partir à l'abordage comme auparavant. La "gazelle", comme on le surnomme également, inscrit malgré tout 8 buts et envoie des joueurs plus expérimentés comme Samuel Boutal et Pierre Dossévi sur le banc. Le RC Lens, l'AS Saint-Etienne et le PSG ne tardent pas à se manifester. Mais c'est le RC Strasbourg qui emporte le morceau en juin 2005 en déboursant une somme plutôt modeste, soit 600 000 €.
En Alsace, l'entraîneur en place, Jacky Duguépéroux, ne l'estime pas encore tout à fait "fini" et lui préfère Mickaël Pagis. Diané doit se contenter de quelques brèves entrées en jeu et de matchs de Coupe de l'UEFA, où il parvient tout de même à inscrire 2 buts en 8 rencontres. En janvier 2006, la donne change. Pagis fait ses valises pour la Canebière et laisse à Diané l'opportunité d'occuper le poste d'attaquant. Ses neuf buts ne suffisent cependant pas à maintenir le club en L1 et sa non-sélection pour la Coupe du Monde s'ajoute à la déception. Mais cette fois, il ne descendra plus. Le PSG revient à la charge et, malgré une offre plus importante de l'OL et des contacts avec de nombreux clubs (FC Porto, Tottenham, AS Rome, Werder Brême, AS Monaco, etc.), le club de la capitale réussit à s'attacher ses services pour une durée de quatre ans. Le RC Strasbourg réalise lui un joli coup en faisant une plus-value de 580 % en douze mois. Quant à Diané, le "TGV", il découvre à Paris de nouvelles duretés : la pression médiatique, l'attente des supporters. Mais rien comparé à ce qu'il a déjà vécu.