Pourquoi s'exprimer aujourd'hui, alors que le PSG se morfond à une pitoyable 17e place du classement et qu'il est de plus en plus menacé de relégation, à seulement 12 journées de la fin du championnat ? "Parce que notre situation est réellement inconfortable", affirme le joueur. "Quand je lis que des joueurs fuient les micros ou sortent du Camp des Loges par des portes dérobées, je trouve que ça n'aide pas le groupe, que notre image n'en sort pas grandie. Ce que je cherche, c'est à insuffler une énergie plus positive au sein du groupe. Je ne prétends pas que je serai le sauveur. Je ne suis qu'un soldat du PSG qui tente aujourd'hui de rameuter les troupes. C'est parce que je ne veux pas que le silence des joueurs soit pris pour de la passivité que je sors de mon silence. Parce que je ne veux pas qu'on coule en silence ! C'est la chose dont j'ai un peu peur. J'ai un sentiment et je n'aimerais pas qu'il se confirme."
"Il faut lutter contre cette spirale individualiste"
Quel sentiment, précisément ? "Qu'on essaie d'occulter le danger qui nous guette. Or, le danger, il est là ! Il n'y a pas de drame, mais il y a un danger. Notre situation est très délicate. Ne nous voilons pas la face. A un moment donné, il sera peut-être trop tard. Il faut lutter contre cette spirale individualiste qui te fait dire : «Tant que j'ai fait mon match, même si on n'a pas gagné, c'est pas grave.» Si les onze jours pensent comme ça, ça ira très mal. Une équipe de foot, c'est comme une partition : une fausse note te gâche la musique."
Comment expliquer que le PSG, après une belle embellie en janvier (4 victoires en 6 matchs), soit retombé dans ses travers depuis (2 défaites et 2 nuls en championnat) ? "Parce qu'aucun joueur, moi y compris, n'a su ressortir du lot. Et parce qu'il y a eu des raisonnements nuisibles du genre : "Bon, on est un peu mieux, donc je vais en faire un peu moins sur le terrain." Ou alors : «Tiens, l'autre, il avait comblé mes erreurs au match d'avant, donc il va le refaire encore.» Un esprit pareil ne peut que nous handicaper. Un joueur, il doit courir partout, pas se dire que courir à tel endroit du terrain, ce n'est pas son travail. Tout le monde doit défendre, tout le monde doit attaquer. Notre dix-septième place, c'est la faute de tout le monde. On peut toujours me dire que tel ou tel joueur s'en sort bien cette saison. Pfff... Je répondrai que ce joueur, il est dix-septième comme tout le monde."
"A un moment donné, on a abandonné Landreau..."
Crier le malaise pour mieux le conjurer, l'intention est belle. Mais n'expose-t-elle pas son héraut aux remontrances de ses partenaires ? Ce n'est pas la vision de Peguy Luyindula : "Je ne suis pas là pour faire le procès de l'équipe. Mais on a tous le droit de parler. Même un joueur dans une mauvaise passe a le droit d'adresser des reproches à un autre qui, lui, traverse une bonne passe."
L'ancien Lyonnais estime d'ailleurs que les joueurs ne s'expriment pas assez en général pour le bien de l'équipe : "Je vais vous prendre un exemple, celui de Landreau. Une fois, j'ai lu trois lignes où Rothen disait qu'il ne fallait pas l'accabler. Je suis content qu'il l'ait fait. Ce sont des trucs comme ça qui soudent une équipe. Mais nous, les autres joueurs, on aurait du plus aider Landreau. En fait, ça me désole de le dire, mais, à un moment, on l'a abandonné... Il peut faire des erreurs qui peuvent nous couter cher, c'est vrai. Mais quand il nous sauvait la mise la saison dernière, on ne lui a pas érigé de statue. Donc, il ne faut pas non plus l'enterrer parce qu'il a commis quelques erreurs. Même sur le terrain, il aurait fallu qu'on le soutienne plus."
L'épisode semble contrarier Peguy Luyindula. Apparemment, quelque chose s'est passé entre Landreau et le groupe dernièrement et le joueur s'en repend : "Micka, il aurait fallu qu'on aille tous le voir pour lui dire qu'on était derrière lui, qu'il sente au moins quelque chose venant de nous. J'avoue : moi-même, je n'ai pas parlé avec lui, mais je pense qu'il a pu se dire qu'il était seul contre tout le monde... En plus, j'avais l'impression que certains se disaient : "Bon, Micka est attaqué, ça ne vient pas sur moi, alors, je vais me faire tout petit..." Ce genre d'attitude, ce n'est pas bon parce que le jour où tu seras dans une période noire – parce que, un jour, tu y seras forcément ! – tu aimeras quoi ? Que Micka vienne te soutenir ? Ou qu'il reste dans son coin en se disant : "Tant que les embrouilles ne m'atteignent pas..." Elle est là la différence entre une somme d'individualités et une équipe. Une vraie équipe est capable de passer des mauvais moments ensembles. Et ses bons moments en deviennent d'autant plus intenses."
"Je ne veux pas passer ma vie à me battre contre vents et marées"
C'est un véritable cri de révolte qu'entonne le Franco-Congolais, pour qui l'auto-persuasion et la confiance en soi doivent absolument revenir dans le coeur des joueurs : "Je ne veux pas m'habituer à souffrir. Je ne veux pas m'habituer à me cacher pour éviter les critiques. Je ne veux pas m'habituer à ne pas soutenir quelqu'un pour qu'on me laisse tranquille dans un coin de vestiaire. Si tu fais ça, à la fin, tu n'existes plus ! Je suis ici depuis un an et mon ambition, ce n'est pas de passer ma vie à me battre contre vents et marées. Il faut se dire que si on est en finale de la Coupe de la Ligue, c'est qu'on n'est pas si nul que ça. Mais une grande équipe, elle est constante dans la performance... Tous, on doit être plus réguliers. Il faut s'en persuader."
A quoi peut donc bien se raccrocher le PSG cette saison pour se sauver en Ligue 1 ? "Un match comme celui contre Auxerre (3-2) me fait y croire encore ; nos victoires à l'extérieur, aussi. Tous ces moments où on a formé une vraie équipe. Je veux qu'on soit une équipe sur la durée. C'est comme ça qu'on bâtira le futur. Le plus important, c'est le PSG, ce n'est pas la note de chacun dans "L'Equipe". Au fond, on n'est rien. Un jour, tous, on partira, joueurs, entraîneurs, dirigeants. Même les spectateurs partiront. Mais l'emblème du club et son histoire, eux, seront toujours là."