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Supporters PSG : Arno P-E : A mort les Boys !

Publié le 18 Avril 2008 à 18h06 par Arno P-E
Supporters  PSG : Arno P-E : A mort les Boys !
Le diktat est tombé ce jeudi 17 avril 2008 : après plus de vingt années passées à soutenir le Paris Saint-Germain, l'association des Boulogne Boys va être dissoute. Dans le KOB, au Parc, pour le PSG dans son ensemble, rien ne sera plus comme avant. Le Français moyen est ravi. Moi pas.

La dissolution des Boulogne Boys, décrétée par le Ministre de l'intérieur, aura des conséquences que même les sociologues spécialistes du monde des supporters avouent ne pas savoir prédire. Sans sono pour unir les fans, sans bâche des Boys pour se rassembler, sans structure et sans statuts, c'est l'ensemble du visage du Kop Of Boulogne qui va changer, c'est une certitude. Les mœurs vont évoluer, la façon de supporter l'équipe aussi, mais quand vous demandez si ce sera vers davantage de radicalité, ou au contraire vers un apaisement, là, plus la personne interrogée a étudié, ou suivi le mouvement supporter, et moins elle affiche de certitudes. Ca promet...

En attendant, il faudra bientôt faire appel à ses souvenirs pour tenter de raviver ce qu'a pu être le Kop tel que nous le connaissons aujourd'hui. Le moment est donc venu de fixer une dernière fois sur le papier ce que l'on a pu éprouver vis-à-vis de cette tribune qui, malgré tous ses défauts, réels ou fantasmés, restera mythique.

J'avoue pour ma part nourrir des sentiments contrastés, et assez complexes à propos de Boulogne en général, et des Boys en particulier. Un mélange de respect et de défiance, une touche de répulsion mêlée à une bonne dose d'attirance, et de fascination, en bref ma vision du Kop n'a rien de simple.

Cette tribune a ceci de particulier qu'elle est la première. Les Boys sont la plus ancienne association de supporters (vous me pardonnerez mais je n'arriverai pas à en parler au passé), et certains membres du Kop sont si anciens que la légende veut que le Parc ait en fait été construit autour d'eux, alors qu'ils étaient déjà là. Alors quand vous mettez les pieds au Parc des Princes pour la première fois, et que vous levez les yeux vers certains gars qui sont présents depuis plusieurs dizaines d'années, ça force quand même le respect.

Après, il y a la réputation, sulfureuse. Tribune raciste ? Tribune nationaliste ? Ou tribune populaire, gangrenée par une infime minorité ? Pour ma part, j'ai entendu les cris de singes, les « ta gueule, bougnoule » lorsque j'étais abonné en K. Pas tout le temps, pas souvent, mais il m'est arrivé de les entendre, oui. Même si ces actes n'engagent que ceux qui les provoquent, le moins que l'on puisse dire c'est que sur le moment je n'ai éprouvé aucune fierté, et je n'ai aucun remord à les condamner.

Pourtant, malgré ça, je ne hais pas Boulogne. Je ne rejette pas cette tribune. Et je n'abhorre pas les Boys.

Je comprends que cela choque, et je comprendrais que certains hurlent à la mort. Comment peut-on écrire cela à propos d'une tribune de fachos ? Comment peut-on oser dire que l'on apprécie un groupe au sein duquel évoluent des types qui se complaisent dans un racisme latent ? C'est que je ne vois pas le KOB comme cela.

L'image dont je parlais plus haut, l'image que l'ancienneté de la tribune Boulogne a induite en moi est la suivante : je me suis rendu compte au fil des années passées au Parc que je considérais un peu le Kop comme un grand frère.

Le KOB, l'aîné des supporters du Parc

Pour parler du Kop, je crois qu'il faut y être allé. J'ai eu cette chance. J'ai vécu des matches là-bas parce que j'ai choisi de le faire, par curiosité. Un peu à l'image de cet aîné que l'on suivra en cachette lors d'une de ses virées. Pour voir. J'y suis retourné ensuite, bouffi de fierté, invité par d'autres supporters, comme on invite le petit dernier à une fête entre potes le soir où il a sorti son troisième poil au menton.

Le Kop, l'ambiance y est surréaliste. Pas forcément plus intense qu'à Auteuil, mais différente. Pour moi, suivre un match à Boulogne, cela n'a rien à voir avec rien. Tout y a un autre gout, et j'ai profité de chaque instant là-bas en essayant d'en retirer le maximum. Ces matches se sont gravés en moi comme se gravent des évènements pourtant anodins, mais vécus aux côtés de ce grand frère que vous admirez en secret, sans oser le lui dire. J'ai été marqué par cela comme d'autres l'ont été par une simple après-midi, parce qu'ils la vivaient en famille, avec ceux qui comptent pour eux.

Alors oui, en l'occurrence, ce frère a fait des conneries. La banderole sur Weah, que l'on nous ressort complaisamment à la première occasion, la violence, les provocations. Je sais tout ça, j'ai vu tout ça. Avant même ma naissance de supporter, Boulogne déconnait. Mais quoi ? Boulogne, pour moi, c'est la tribune d'en face. Celle avec qui on répond sur ces chants qui collent le frisson à l'ensemble du stade. Ce sont les supporters de mon club, les anciens. Boulogne, c'est ma famille. J'ai vécu aux côtés de Boulogne mes finales perdues, mes matches renversés et remportés à la dernière minute grâce à leurs chants, mes matches quelconques et mes impérissables. Toute ma vie de supporter, je l'ai passée sous l'aile du KOB.

Je ne pense pas la même chose qu'eux, je n'ai pas la même façon de vivre ma passion de supporter. Je le sais, c'est une question de caractère : là où d'autres se lâchent, je reste le bon élève trop sage. Alors certains comportements me heurtent, je les réprouve et les condamne. Mais je ne renie pas cette filiation. Si je n'ai pas souvenir d'avoir choisi un beau jour de devenir supporter du PSG, je n'ai pas davantage choisi cette « famille » qu'est devenu le KOB. Et si parfois je ressens de la haine à son égard, lorsque je crois qu'elle se trompe, ou parce qu'elle me blesse quand certains de ses membres agissent d'une manière qui me semble honteuse, il n'en est pas moins vrai qu'après toutes ces années vécues à ses côtés, nier l'évidence ne servirait à rien.

Malgré toutes ses imperfections, mes sentiments à l'égard de cette tribune sont là : je vois Boulogne comme d'autres voient leur grand frère qui aurait fait de la taule. Avec tout ce que cela représente d'ambiguïté, cette peine qui n'efface pas le lien qui unit. Je considère cette tribune comme on perçoit celui qui est parti de la maison en claquant la porte, et en insultant le Vieux. Partagé, un peu choqué, mais attaché, encore, malgré tout. Leur demande-t-on de le haïr ? Celui aux côtés duquel on a été élevé, avec lequel on n'est jamais sur la même longueur d'onde, avec lequel on s'engueulerait à propos de tout, mais auquel on ressemble tant. Celui-là, le déteste-t-on ?

Parfois je me dis que j'aurais préféré que le KOB soit différent. Pas forcément plus policé, ni moins provocateur, parce que c'est son identité qui veut ça, mais différent. Sauf qu'aujourd'hui je sais que les Boys vont être dissous... c'est comme si ce frère virtuel était condamné à subir une amputation d'une partie de son âme. Il ne sera plus jamais comme avant, et j'ai peur de ce qu'il va devenir... et je suis triste. Juste triste. Parce qu'au fond, et malgré ses défauts que je ne connais que trop bien, ce grand frère, je l'aime.

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