Premiers souvenirs de foot à la télé
(Un temps d'attente) Je crois que c'était un PSG-OM à la fin des années 1990, j'avais dans les 8 ans, c'était chez moi à Evreux, je regardais le match avec mon papa et tous mes frères. Dans le salon, on était qu'entre mecs, il n'y avait qu'une télé et les filles, elles n'aimaient pas le foot, donc elles n'avaient pas le choix, elles faisaient autre chose ! Evreux, ce n'est pas loin de Paris... donc j'étais pour le PSG. De toute façon dans ma famille, personne ne supportait Marseille.
Première licence de foot
Je m'en rappellerai toute ma vie. C'était à l'ALM d'Evreux, en catégorie "débutant", j'avais 6 ans et j'étais dans la même équipe que Mathieu Bodmer. Mes parents n'avaient pas beaucoup de moyens. Ma mère était femme au foyer, mon père travaillait dans une usine. Et un jour, il nous a pris par la main mon frère et moi, on a traversé la route et il nous a inscrits au foot. Financièrement, c'était un sacrifice qu'il faisait pour nous. L'entraîneur d'Evreux était du quartier, il nous voyait jouer et nous avait proposé de nous inscrire. Comme mon père le connaissait et l'appréciait, ça a facilité les choses. Bakary, mon grand frère (il a un an de plus) était plus doué que moi. Une grave blessure l'a empêché de continuer.
Premier entraîneur marquant
Momo Elhkaraze, mon premier entraîneur à Evreux. Après au centre de formation de Caen, Nasser Larguet a beaucoup compté. C'est lui qui m'a serré les vis car j'étais "foufou". Je le suis encore un peu mais j'ai du m'assagir avec le temps... Je pense aussi à Philippe Bergeroo qui m'a fait venir au PSG.
"Petit, j'étais rapide mais c'était à force de me faire courser par les flics et les chiens"
Premier maillot d'un grand club
On ne m'en a jamais offert, je ne m'en suis jamais acheté... (Silence) Je les piquais (rires). Sérieusement, je me souviens plus de la fois où mon oncle m'a offert une paire de crampons moulés "Nike". J'avais 12 ans, c'était ma première belle paire et avec des chaussures de marque, je me sentais plus fort, j'avais l'impression de mieux jouer avec (sourires).
Premier poste sur le terrain
Gardien de but avec le gros bidon et la coupe afro... J'ai remplacé le gardien titulaire quelques matches. Ça n'a pas duré longtemps mais quand même ! C'était en débutant, j'étais un peu "goal volant", je jouais partout... Ensuite, j'ai longtemps joué attaquant chez les jeunes, milieu droit, latéral, dans l'axe... Je dépannais à tous les postes. Bref, j'étais polyvalent !
Premier but
Petit, comme j'étais vif, j'ai beaucoup marqué, je prenais la balle et j'allais tout seul au but. J'étais rapide mais c'était à force de me faire courser par les flics et les chiens (rires). Au moins, cela m'a servi à quelque chose. Mais le premier but qui m'a marqué, si je me rappelle bien, c'était en "moins de 15 nationaux" avec Caen, on jouait contre Metz, on gagne 2-1 et j'inscris le but de la victoire. Un but de la tête sur un centre...
Premier trophée
A Dreux, lors d'un tournoi de jeunes. Avec l'ALM, on avait terminé premiers et j'avais été élu "'meilleur joueur du tournoi". J'avais 11 ans, j'avais reçu une petite coupe avec écrit "meilleur joueur du tournoi", j'étais fier de rentrer à la maison de la montrer à mon père, à la famille, ils étaient contents. Cette coupe, je l'ai gardée, d'ailleurs elle est toujours chez mes parents à Caen.
Première idole
George Weah et Lilian Thuram. A l'époque, Thuram jouait latéral droit, c'était un chef. Tous les jeunes, on essayait d'apprendre de lui. Zidane, évidemment, reste à mes yeux un joueur emblématique, j'aime bien Gallas aussi, qui a commencé comme moi à Caen.
"Mon premier chèque m'a permis d'inviter des petites au ciné"
Premier match en pro
En fin de saison 1998-1999, avec Caen en D2, je crois que c'était contre Amiens à domicile. J'avais 16, 15 ans, j'étais attaquant, je n'avais pas marqué mais j'avais fait un bon match, on avait gagné, j'ai gardé précieusement mon maillot. Le coach Pascal Théault m'avait annoncé que je serai titulaire juste quelques heures avant le match, pendant la collation. Il hésitait entre moi et Roland Guéla, il m'a finalement donné ma chance. J'étais excité, mais je n'avais pas de pression. J'étais jeune, plein de fougue, j'étais bien encadré et je n'avais rien à perdre. De là, je n'ai plus quitté le groupe pro. J'ai joué les cinq dernières journées de championnat. En 1999-2000, je fais toute la saison au poste de latéral droit, avant de signer au PSG.
Premier match au Parc
Je ne sais plus (NDLR : il s'agit de PSG-Sedan, le 12 aout 2000, 2-1)... Je sais juste que la première fois au Parc, ce sont beaucoup de belles sensations mais je n'avais pas de pression. J'étais jeune, je n'avais rien à perdre et voilà... Même aujourd'hui, je garde cet état d'esprit. Même si le public est parfois dur avec moi, jouer au Parc reste toujours un plaisir, j'ai toujours la même motivation car évoluer dans ce stade, quoi qu'on en dise, ça reste une chance.
Premier coup de pression
(Sourires) Je pense à mes premiers matches de Ligue des Champions avec Paris, surtout contre le Bayern. En junior, quand j'ai été "champion d'Europe des moins de 20 ans", c'était assez tendu dans le bon sens du terme. Plus on se qualifiait, plus la pression montait. Après, il y a mon premier match en sélection chez les A (France-Brésil, 20 mai 2004)... Ce sont tous des matches à enjeu, mais c'est motivant.
Premier salaire
J'étais aspirant à Caen, j'avais 15-16 ans. Vu que mes parents vivaient entre le quartier de la Madeleine (Evreux) et le Sénégal, c'est le responsable du centre de formation de Caen qui m'avait ouvert un compte. Le premier chèque que j'ai déposé, c'était 1 500 F environ. Cela me permettait de me promener un peu dans Caen, de m'acheter quelques fringues, d'inviter des petites au ciné (rires) ou quand il y avait la fête foraine, faire quelques tours de manège, des trucs comme ça. En fait, j'étais un peu le "fils adoptif" du responsable du centre. Il me surveillait un peu pour ne pas trop que je dépense...
"Ma première année en pro, j'ai pris seize cartons jaunes et deux cartons rouges"
Premier vrai ami dans le foot
Mathieu Bodmer étant donné que j'ai grandi avec lui. On s'est connu tout petit, dans le quartier, puis on s'est liés d'amitié naturellement, c'est mon "frère blanc", il mérite l'équipe de France et tout ce qui lui arrive en ce moment.
Premier carton rouge
J'en ai pris plein quand j'étais jeune ! J'étais fougueux. Ma première année en pro, j'ai pris seize cartons jaunes et deux cartons rouges. J'abusais des tacles assassins, méchants. Avec le temps, j'ai canalisé mon énergie et heureusement. En Espoirs, Domenech m'avait dit à l'époque qu'il me mettait une épée de Damoclès sur la tête : le deal, c'était : si j'arrêtais de prendre des cartons, je continuerais l'aventure avec lui. Sinon, au revoir... Finalement je me suis calmé et j'ai continué...
Premier transfert
Au PSG, en 2000. Je rentrais chez moi en voiture à la Madeleine, je venais d'avoir mon permis et là sur la route Philippe Bergeroo m'appelle : "Voilà, c'est Philippe Bergeroo...". Je réponds : "Pardon ?" J'éteins le son de ma voiture et il me dit : "Je suis intéressé par toi, j'aimerais que tu viennes rejoindre l'équipe pour jouer au poste de latéral droit..." J'ai répondu un truc du genre : "Euh oui... Je vous tiendrai au courant". Mais je n'ai pas hésité longtemps. Je me rappelle, juste après avoir raccroché, je criais dans ma voiture, j'étais trop content. A l'époque, Fulham voulait me faire signer. Tigana était mon agent et quand il est devenu l'entraîneur de Fuhlam il a fait le forcing pour que je vienne. Mais j'ai préféré Paris pour rester proche de la famille et je ne me voyais pas partir trop tôt à l'étranger.
Premier autographe
J'étais au centre de formation à Caen, j'avais 16 ans quand je commençais à jouer en pro et à l'école, des profs me demandaient des autographes (sourires), celui de maths notamment. Mais ce n'est pas pour autant qu'il me mettait des bonnes notes !
Premiers sifflets
Au début de ma carrière avec Caen, lors d'un déplacement à Ajaccio. J'avais été surpris et troublé. Les supporters d'Ajaccio nous sifflaient, normal mais là c'était plus chaud que d'habitude, moi j'étais jeune, je découvrais ces ambiances et je leur répondais : "Mais qu'est-ce qu'il vous arrive ?". Un kiné était venu me voir et m'avait bien recadré : "Attention Bernard, il ne faut pas déconner, c'est chaud ici...". Sur le coup, j'avais été un peu choqué par tout ce contexte.
"A 18 ans, je conduisais sans permis... chose à ne pas faire je précise"
Première voiture
La toute première, c'était une Golf 3 noire dès que j'ai eu mon permis à Caen à 18 ans. Par contre j'ai du passer mon code deux fois car au premier examen, j'ai voulu copier sur mon voisin alors que je savais les réponses, mais c'était pour être sur... Le problème, c'est que mon voisin l'a eu et moi pas... donc j'ai du mal copier. La deuxième fois, je l'ai eu sans problème. Le permis, je l'ai eu du premier coup. C'était plus facile, je savais déjà conduire. Je conduisais sans permis, chose à ne pas faire je précise. C'est une erreur de jeunesse d'ailleurs je me suis fait attraper et le Stade Malherbe m'avait confisqué la voiture, que j'ai eu le droit de récupérer seulement quand j'ai eu mon permis.
Premier tatouage
Un lion sur la poitrine. J'avais 19-20 ans. C'était à Phuket en Thaïlande. J'étais parti avec ma femme et mes beaux parents. Super vacances ! (Sourires) Mon beau-père s'était fait tatouer un serpent et moi un lion. C'était par rapport à mon signe astrologique, je suis Lion et par rapport au Sénégal, aux Lions de la Terranga. Même si je n'ai pas choisi la sélection sénégalaise, je reste attaché à mon pays.
Premier amour
A l'école primaire, j'étais amoureux de la maîtresse ! J'étais aussi amoureux de ma tante. J'avais 5 ans... Mais mon premier grand amour, c'est avec celle qui est devenu ma femme. Je l'ai rencontrée tôt, à 16 ans. On était dans le même lycée. C'est devenu la mère de ma fille, c'est la femme de ma vie. Elle attend un nouvel heureux événement, on doit bientôt savoir si ce sera un garçon ou une fille... Ma fille Kaïna veut une "petite sœur". On dit que "la vérité sort de la bouche des enfants". Donc on verra... Ma femme n'a pas eu de petit frère, elle aimerait bien avoir un garçon. Mais de toute façon, on est jeunes, on peut encore faire une équipe de foot, et pourquoi pas le XV de France...
Première folie
L'achat de ma première belle voiture, une Audi S3 noire. Ensuite, j'ai acheté une maison à mes parents à Evreux. J'ai aussi fait des placements pour préparer l'avenir.
Propos recueillis par Emilie Pilet
Interview parue dans "Le Foot Paris" n°44 (mai 2008)