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Feminines PSG : Exclu : Interview de Bérangère Sapowicz (2/2)

Publié le 07 Janvier 2012 à 13h42 par Cyril Peter
Feminines  PSG : Exclu : Interview de Bérangère Sapowicz (2/2)
Bérangère Sapowicz, la gardienne internationale parisienne, nous a accueilli au Camp des Loges pour une longue interview (http://www.planetepsg.com/news-19583-feminines_exclu_interview_de_berangere_sapowicz_12.html pour lire la première partie). Eloignée des terrains depuis une blessure à la cheville droite contractée lors de la Coupe du Monde en juillet dernier, la porte-parole du football féminin a manqué la première partie de saison avec le PSG et les Bleues. Au club depuis bientôt 10 ans, la Normande revient plus forte en 2012, avec en ligne de mire les Jeux Olympiques, à Londres, du 27 juillet au 12 aout. Seconde partie de l'interview sur son avenir avec l'équipe de France, ses pépins physiques et les joueurs du PSG.

Planetepsg.com : Bérangère, cela fait plus de 9 ans que tu portes les couleurs Rouge et Bleu, ce qui fait de toi la plus ancienne joueuse de l'effectif parisien. Le plus ancien joueur Sylvain Armand, lui, est arrivé au club en 2004... Qu'est-ce que cela représente ?

C'est vrai. Avec Candice (Prévost), on est les plus anciennes du club. On est arrivées en même temps. Le PSG, ça représente l'accès à la D1 puisque j'évoluais à Evreux en D2. On n'arrivait pas à monter. Finalement j'ai choisi le PSG parce que j'avais commencé mes études en STAPS sur Paris. Je n'aime pas trop changer en fait. Je préfère rester à un endroit et ne pas bouger. C'est pour ça que je suis restée au club. En plus, c'est proche de chez moi, la Normandie. Je me suis sentie bien, à l'époque où le président de l'association était Monsieur (Pierre) Noguès. C'est vrai que j'ai connu pas mal de changements, avec quatre coaches. On n'a jamais régressé. Jusqu'à maintenant, on a toujours progressé, que ce soit en terme d'argent ou d'installation.

Ma fin de carrière approche. J'essaie d'imaginer ce que je vais faire après. Et pour l'instant, je ne me vois partir du club. J'aime bien tous les gens qui sont ici. On a appris à se connaître. Ils ont tous leur part de sympathie. On est attachés à eux. A l'association, il y a beaucoup de bénévoles, on se reconnaît en eux parce qu'on joue au foot mais on reste des amateures même si on participe à une Coupe du Monde. On revient là et on est contentes de les revoir. Mine de rien, il est attachant ce club.

Planetepsg.com : Quel est ton plus mauvais souvenir ?

J'ai mal vécu la démission d'un des coaches en milieu de saison. C'était Cyril Combettes (NDLR : départ en 2007, http://www.leparisien.fr/yvelines/cyril-co...2007912719.php). Ç'a été un moment assez particulier à gérer parce que chez les filles, on ne connaît pas ce genre de situation. En plus, je trouvais que ça se passait bien. Une équipe de filles, c'est difficile à gérer. Il n'y a pas que le côté sportif. Il faut être psychologue et il y a le côté affectif. Avec lui, c'était la compétition et rien d'autre. Avec des filles, le courant passait bien. Mais pour d'autres, c'était plus compliqué.

Planetepsg.com : Et ton meilleur souvenir ?

D'abord, il y a la victoire en Challenge de France contre Montpellier (NDLR : 5-0 en finale en 2010, http://www.dailymotion.com/video/xdf5yr_ps...du-chall_sport). Et puis il y a la rencontre toujours contre Montpellier à domicile en 2011. Au terme d'un long match, on décroche la qualification en Ligue des Champions lors de la dernière journée de championnat (1-0 en 2011, http://www.planetepsg.com/news-17604-femin...fum_de_c1.html).

"QUAND UNE FILLE ARRIVE, ON N'A PAS ENVIE QU'ELLE DORME SOUS UN PONT"

Planetepsg.com : Depuis cette saison, tu es chargée de communication de la section féminine. Peux-tu expliquer aux internautes ton rôle en dehors des terrains ?

Mon rôle, c'est déjà de faire le relais avec tous les médias, leur donner envie de venir voir un match de foot féminin et de parler des filles du PSG. Je les informe par mail. Je les réceptionne les jours de matches quand je ne joue pas ou je les dirige vers les bonnes personnes quand je joue. Récemment, France 2 a souhaité notre présence sur un plateau. I-Télé, Téléfoot nous ont sollicité pour des reportages. Je suis chargée de mettre les féminines du PSG à la lumière. J'ai un contrat fédéral à mi-temps en tant que joueuse, et un contrat "administratif". Avec Sophie Perrichon (NDLR : ancienne joueuse du PSG, http://www.leballonrond.fr/joueur/sophie_perrichon/2010_2011/fiche/140/default/116902 pour voir sa fiche), qui s'occupe davantage du sportif, on est là pour développer la section féminine.

Je recherche aussi des partenaires, du petit commerçant de Saint-Germain aux grandes marques, parce qu'on en a besoin. Même si les filles du PSG font partie de la structure du club, avec tout ce que cela implique. L'argent et tout ça. Je pense que c'est bien d'associer l'image des féminines avec des entreprises qui ont envie de se développer et de promouvoir certaines valeurs.

On a besoin de mini-bus pour nos petites, pour les plus grandes qui n'ont pas forcément le permis. La réserve évolue dans un championnat régional, on va jouer jusque dans le 77 (NDLR : Seine-et-Marne). En transport, c'est compliqué. On reçoit des subventions des mairies de Paris et de Saint-Germain mais ça part très vite.

Aujourd'hui, on a Carrefour, dont le logo figure à partir de cette année dans le dos en-dessous du numéro, et Al-Jazeera, sur le devant des maillots depuis le début de saison. Par ailleurs, on ne devrait plus tarder à avoir nos noms au-dessus des numéros. Pour l'année prochaine, on n'a pas encore de contact. Je suis en pleine réalisation des plaquettes, des démarches. Je lance des appels à chaque fois que quelqu'un vient me parler. Si les gens sont intéressés, qu'ils n'hésitent pas à me contacter !

Planetepsg.com : A 28 ans, quelle est ta place dans un groupe francilien plus jeune que la saison passée (23 ans) ?

L'effectif est plus jeune que les autres années. Quelle est ma place ? (hésitation) J'essaie au maximum d'accueillir les nouvelles recrues. Je me sens bien dans ce rôle, je n'ai pas besoin de me forcer. C'est naturel chez moi de faire en sorte que les filles se sentent bien dans le groupe. On ne me le demande pas mais c'est aussi un des mes rôles en dehors du foot d'accompagner les filles à la gare, de les aider à trouver un appartement, pour les Américaines, pour Véronique... Ça fait partie de mes missions. C'est le genre de choses que j'adore faire. C'est mon côté humain. Quand une fille arrive, on n'a pas envie qu'elle dorme sous un pont, que pendant trois mois, elle loge chez quelqu'un et dorme sur un canapé. Moi, je n'aimerais pas que ça m'arrive. Donc c'est normal que je les aide.

Tout au long de la saison, je gueule facilement. Mais je suis aussi capable d'écouter les filles qui ont des problèmes, des questions. Je peux faire remonter leurs requêtes au coach ou plus haut. J'essaie de me rendre utile là où il y a besoin.

Planetepsg.com : Tu étais la gardienne titulaire pendant le Mondial. Depuis, c'est Céline Deville (Lyon) qui joue dans les buts de l'équipe de France. Et le sélectionneur Bruno Bini appelle régulièrement Laëtitia Philippe, qui évolue avec la deuxième défense de D1 (Montpellier). Comment vois-tu ton avenir chez les Bleues, à six mois des Jeux Olympiques ?

C'est compliqué parce que je n'ai toujours pas rejoué avec le club. Je ne sais pas si j'ai beaucoup perdu. Je m'entraîne mais quand on est gardienne, être dans les buts à l'entraînement ou à un match, ce n'est pas du tout la même chose. Tant que je n'aurai pas rejouer, je ne saurai pas. Ce qui est sur, c'est que j'ai envie de faire les JO. J'ai des problèmes de cheville et de genou, je fais tout pour les soigner. Il va falloir travailler pour faire en sorte que je sois performante en club et que j'aille aux JO. J'ai besoin de l'aide du doc, du coach, des filles...

Actuellement, je suis à 90%. En fait, ça se passe comme ça : je vais de mieux en mieux et puis il y a rechute. Donc ce n'est pas évident à gérer. Pour l'instant, je ne sais pas ce que je vais faire pour mon genou gauche, qui a subi trois opérations en 2001, 2004 et 2007. Je me suis fait trois ligaments croisés. En fait, vu qu'il a été opéré plein de fois, j'ai un genou tout pourri, d'une personne de 60 ans, avec de l'arthrose. En ce moment, il me fait super mal. J'ai repris l'entraînement après ma blessure à la cheville mais ma douleur au genou s'est réveillée. Il faut trouver un traitement qui me permette de m'entraîner, de jouer et d'être performante pour aller aux JO. Il fait que je vive avec mes douleurs parce qu'il n'y a plus d'opération possible.

"LA SECTION FÉMININE DU PSG N'A JAMAIS RENCONTRÉ LES QATARIENS"

Planetepsg.com : La France peut-elle décrocher le titre olympique ?

Sincèrement, l'équipe de France y va pour avoir la plus belle des médailles. On peut très bien tomber contre une très grosse équipe dès le début. Mais on peut aussi se surpasser comme on l'a fait à la Coupe du Monde et surprendre encore une fois tout le monde. Les Jeux Olympiques, c'est un tournoi à part où tout est possible. Quand je vois le jeu que développe l'équipe de France actuellement, je me dis qu'il y a la place.

Planetepsg.com : L'engouement autour du football féminin français est-il toujours aussi important que cet été lors du Mondial ?

Oui. J'ai de plus en plus de demandes des médias. J'ai l'impression qu'il y a de plus en plus de monde dans les tribunes, que ce soit des personnes qui viennent juste voir du foot féminin ou les supporters de Paris qui viennent au Camp des Loges. On a eu quelques petits soucis l'an passé à domicile contre Montpellier (NDLR : fumigènes). D'ailleurs, j'en profite pour leur faire passer le message suivant :

Venez nous voir, on vous accueille avec grand plaisir. Par contre, pas de débordements, pas de fumigènes parce que ça coute cher aux filles. Ce ne sont pas les garçons qui paient. On n'a vraiment pas besoin de ça.

Planetepsg.com : Comment observes-tu la folie médiatique autour du PSG made in Qatar ?

C'est sur, c'est un gros changement. Bon, je vais l'avouer. Beaucoup de médias viennent nous voir pour savoir comment ça se passe avec les Qataris, les Qatar, les tout le monde (rire). Le problème, c'est que la section féminine ne les a jamais rencontrés. On ne peut pas dire s'ils sont gentils ou pas. Leur priorité, c'est de construire une très grosse équipe masculine. Une fois qu'ils auront fini leur travail avec les garçons, je pense qu'ils viendront certainement nous voir.

Pour nous, ça ne change pas grand chose. Ils ont accepté de continuer l'aventure avec les féminines car ils auraient très bien pu dire : on ferme et on arrête ! Je pense que la question de l'investissement pour les féminines a émergé au début.

Planetepsg.com : La section féminine du PSG bénéficiera-t-elle la saison prochaine de l'argent des Qatariens ?

Ce qu'on sait, c'est qu'on va être rattachées à la Société Anonyme Sportive Professionnelle (SASP). En fait, le PSG est constitué de trois entités : la SASP (les pros), l'association (les jeunes) et la fondation. Les féminines appartiennent encore à l'association. C'est Simon Tahar (NDLR : président de l'association) qui signe nos contrats, qui a un droit de regard sur nous.

On est dans une période de transition, dans le sens où Philippe Boindrieux est l'œil financier de toutes les dépenses pour les féminines. Il est venu nous voir à Créteil contre Lyon. Ça nous arrive d'avoir des réunions avec lui. Hier soir par exemple (NDLR : jeudi), on a eu une réunion avec toutes les joueuses. Après nous avoir souhaité la bonne année et mangé la galette, on nous a dit qu'il fallait concentrer tous nos efforts sur la deuxième place en championnat pour se qualifier en Ligue des Champions.

"EDEL N'EN REVENAIT PAS QUE DES FILLES TRAVAILLENT A CÔTÉ"

Planetepsg.com : La saison passée, Nene et Erding avaient assisté à vos matches au Camp des Loges. Connaissez-vous Leonardo et les joueurs de Carlo Ancelotti ? Viennent-ils vous supporter ?

Il n'y aura pas de barrières. On les accueille à bras ouverts. Je sais que le nouveau coach les libérera beaucoup moins. Ça ne nous empêche pas d'aller les voir au Parc. Mais ils ne le sauront pas forcément. Depuis cette année, chaque fille dispose de deux places pour chaque rencontre. Je suis sur qu'ils ne sont pas au courant. Mais on est là pourtant. Personne est venu cette saison. On ne se connaît pas, on ne se croise pas.

Mais on va se rencontrer mercredi prochain puisque nous sommes invités au traditionnel repas organisé par la Mairie de Paris, qui devait avoir lieu en octobre. En fait, les joueurs, les joueuses et les staffs sont répartis à chaque table. Généralement, on fait connaissance, on parle de son parcours, ses expériences. Certains découvrent qu'il y a des féminines au PSG. Une fois, j'avais parlé avec Edel. Il n'en revenait pas que des filles travaillent à côté. Il disait : "mais c'est impossible, vous êtes au PSG !"

C'était assez marrant de les voir. Ils sont dans leur monde. Ils ne connaissent que le foot et ils ne voient que ça. J'avais parlé aussi avec Jérémy Clément et Christophe Jallet, qui ne sont pas que centrés sur le foot. Jallet est l'un des joueurs les plus ouverts, il peut tenir des conversations autre que le foot.

Planetepsg.com : N'est-ce pas frustrant de voir que chez les garçons, ça bouge alors que les féminines ont représenté le club en Ligue des Champions ?

C'est vrai qu'on fait de bons résultats. On a l'impression qu'on nous demande plus pour être récompensées. On sait que le football féminin professionnel, ce n'est pas pour demain. Tout le monde ne pourra pas en vivre. Donc oui, on est déçues, on est frustrées. Mais il ne faut pas s'arrêter à ça. Sinon on n'arrivera plus à jouer, il n'y aura plus cette notion de plaisir. On sera moins performantes. Il ne faut pas se dire : "les garçons ont de l'argent, nous on n'en a pas". De toute façon, on n'arrivera jamais à en avoir autant qu'eux. Ça ne sert à rien.

Heureusement qu'il y a des gens qui sont un peu fous et qui prennent des risques pour diffuser nos matches. Au final, ils se rendent compte que c'est rentable, que ce n'est pas si risqué que ça. Le public répond présent aussi dans les stades. J'ai l'impression qu'il y a de plus en plus de monde dans les tribunes. Avoir un partenariat avec un club de foot féminin, ce n'est pas fou.

Planetepsg.com : Ce dimanche, Paris accueille à 15h Muret, la lanterne rouge du championnat. Comment abordez-vous ce match de reprise ?

Lanterne rouge ou pas, il ne faut plus faire attention à ça. On a été capables de faire 0-0 à Guingamp (http://www.planetepsg.com/newsv6-19288-feminines_les_filles_calent_a_guingamp.html). C'est un match de championnat de D1, c'est à nous de jouer et d'arrêter de se regarder. On doit faire peur. Les équipes sont remontées contre nous parce qu'on est le PSG. J'ai l'impression que c'est pire chez les filles : on a joué la Ligue des Champions, on a des internationales... Elles ont envie de dire : "on a croqué le PSG !" Peut-être qu'on prend peur de jouer contre des équipes comme ça. On ne peut plus se faire piéger.

Interview réalisée par Cyril Peter en exclusivité pour Planète PSG.

Planète PSG remercie Bérangère Sapowicz pour sa franchise et sa disponibilité. La rédaction assistera à la rencontre opposant Paris à Muret ce dimanche à 15h au Camp des Loges. Entrée gratuite.

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