Ca y est, vous êtes officiellement parisien ?
Vikash Dhorasoo : Il reste encore deux ou trois détails à régler. Mon agent attend notamment un fax de confirmation. Mais il n'y a aucune raison pour que cela m'empêche d'être parisien.
Comment se fait-il que les choses aient autant duré ?
Vikash Dhorasoo : Il a fallu convaincre les dirigeants milanais. Cela a pris du temps. Au début, ils ont dit : “Vikash ne part pas.” Ce n'était pas du bluff. Ils m'ont même proposé deux années de plus. Après, tout doucement, en discutant avec eux, ils ont compris ma situation. Milan a encore été d'une grande élégance à mon égard. Il n'y a jamais eu de clash. Et même s'ils m'avaient dit : “Tu restes”, je ne serais pas allé à la guerre avec eux. Ce n'est pas mon style, ni le leur.
Comment fait-on pour refuser une prolongation avec augmentation salariale au Milan ?
Vikash Dhorasoo : C'est difficile et facile en même temps. Une fois décidé, je n'ai pas voulu être influencé par ça. L'éducation que m'ont donnée mes parents n'est pas basée sur “il faut gagner du fric et beaucoup”. Ils m'ont plutôt appris qu'il faut être bien dans sa peau, heureux et fier de ce qu'on est.
Avez-vous consenti des sacrifices financiers pour revenir en France ?
Vikash Dhorasoo : Non. Alain Migliaccio, mon agent, m'a toujours permis d'obtenir les contrats que je voulais.
La perspective de la Coupe du monde 2006 précipite-t-elle votre retour ?
Vikash Dhorasoo : À aucun moment je n'y ai pensé. Je ne suis pas parti du principe que je n'avais plus ma chance à Milan et que je l'aurais davantage à Paris. Je viens à Paris pour jouer au PSG, pas pour jouer en équipe de France. J'aurais aussi très bien pu rester deux ans de plus avec ma vie pépère à Milan...
... ou répondre aux offres de la Roma, de Palerme, de la Corogne ou de Newcastle.
Vikash Dhorasoo : Non. Je ne vois pas l'intérêt de quitter le plus grand club du monde pour un autre club étranger. Et puis, je n'ai jamais rêvé de jouer dans un de ces clubs. Je suis chanceux. Je voulais devenir footballeur, champion et détenteur de trophées. Je le suis devenu. Je voulais jouer dans le club de mes rêves et je suis allé au Milan. Me voilà maintenant sur le point de rejoindre le club où j'avais envie de poursuivre ma carrière. Paris, c'est un choix de vie.
Et une revanche pour vous, fils d'immigré issu d'un quartier populaire du Havre ?
Vikash Dhorasoo : Je ne sais pas si ce facteur psychologique a joué. Ou alors, inconsciemment. Mais c'est vrai que quand on est un jeune Havrais, on veut monter à la capitale pour y vivre ses premières sorties en boîtes de nuit, y faire ses études et réussir. Et quand tu es joueur, le Paris-SG est la grosse équipe de la région. C'est aussi au Parc que j'ai vu mon premier grand match. C'est pour toutes ces raisons que j'ai eu envie de venir au PSG.
« Là, je m'assois sur ma fierté. Mais je m'en fiche »
Quittez-vous Milan avec un sentiment d'échec ?
Vikash Dhorasoo : Dire que ça a été une grande réussite serait faux. Je me dis que j'aurais pu jouer davantage. En même temps, j'ai disputé vingt matches. C'est quand même beau. Je suis content de ce que j'ai vécu. Quand j'ai joué, les gens m'ont dit que j'étais digne du Milan. C'est le plus beau compliment que j'aie reçu. Le problème dans ce club, c'est qu'il y a des titulaires qui le restent quoi qu'il arrive. Mais à aucun moment je n'ai demandé à mon agent de me sortir de là. C'est grâce au Milan que j'ai retrouvé les Bleus. C'est aussi en y jouant peu que j'ai reçu les offres les plus belles et les plus nombreuses. Avant celle du Paris-SG, je repartais comme ça, sans problème. Là, je m'assois sur ma fierté. Mais je m'en fiche.
Comme de ne plus jouer la Coupe d'Europe ?
Vikash Dhorasoo : C'est forcément frustrant. Mais si je vais à Paris, c'est pour la rejouer dès l'an prochain ! Il faut que Paris redevienne magique. J'ai toujours cru en mes clubs et en les équipiers avec lesquels j'ai joué pour viser le plus haut possible. Le groupe parisien a belle allure. Je serai content d'en faire partie. Il rivalise avec Marseille ou Lyon.
À propos de l'OL, avez-vous déjà coché la date du 3 décembre qui marquera votre retour à Gerland ?
Vikash Dhorasoo : C'est une date importante pour moi. Car je n'oublierai jamais ce que j'ai vécu lors de ma dernière saison à Lyon avec les supporters. Je les en remercie encore. Je sais qu'en signant à Paris, certains vont penser que je les trahis. Mais je dois continuer ma carrière en sachant que je ne rejouerai jamais pour l'OL. Le fait d'être passé par le Milan avant de rejouer en France me simplifie les choses.
Appréhendez-vous le public parisien, réputé difficile ?
Vikash Dhorasoo : Il ne me m'effraie pas. Je pars du principe que ça va marcher, pas qu'on va perdre des matches et se faire siffler. Et puis, si je commence à avoir peur du public parisien, cela signifie que je doute. Ce n'est pas le cas. Je me trouvais face à un dilemme à la fois insoluble et heureux : rester dans le plus grand club du monde ou rejoindre celui de ma capitale. C'était super, non ? Depuis que j'ai dit oui à Paris, je ne l'ai jamais regretté. Cela signifie que j'ai pris la bonne décision. Je suis sur de mon choix. »
Propos recueillis par Bernard Lions, L'équipe