Pensez un peu à tous ces supporters des clubs de province. Les gars vivent dans le stress concernant les résultats de leur équipe, ils voient leurs joueurs murir et se sentent eux aussi lentement devenir vieux... et ils ont la pression d'une réputation à défendre, où qu'ils aillent. Alors que nous autres supporters parisiens, on est débarrassés de tous ces problèmes ! Ouf !
Prenez la glorieuse incertitude du sport par exemple. A Paris, ça, on connaît pas. Et tant mieux ! Si c'est pour s'inquiéter, match après match, non merci. Nous on est sereins quand notre équipe joue... Tranquilles. Alors que les autres, genre les Bordelais, eux avant d'allumer leur radio pour suivre une retransmission un soir de déplacement, et bien je peux vous dire qu'ils flippent. Ils sont cramponnés à leur chaîne hi-fi, ils insultent le commentateur dès que ça passe à un autre stade, bref ils se comportent comme des tarés. Pendant ce temps à Paris on reste zen. Eux ils se demandent si Ramé ne va pas encaisser un petit but qui leur couterait trois points. Même à Lyon ils flippent de perdre maintenant qu'on leur donne même plus leur petit péno de la 85ème, comme en début de saison... C'est dire ! Pour eux, c'est des coups à attraper un ulcère ça ! Nous, rien... Economies de Maalox. Calme olympien. Digestion facilitée.
Des matches au résultat assuré
Hey, autre chose : pire encore que suivre le match en direct ! Vous imaginez, pour ceux qui sont sortis le samedi soir, et qui doivent attendre dans la peur le résumé de Téléfoot le dimanche matin pour avoir le résultat de leur club ? Les pauvres... Enfin, heureusement, nous au moins on n'a pas ce souci. On sait que quoiqu'il arrive, au bout du compte, on perd. Ca, c'est cool. Pas de stress ou de faux espoir. Que ce soit au Parc ou en déplacement, pouf, défaite assurée. Du coup, on évite de se prendre la tête pour rien vu que avant même le début de la rencontre on connaît déjà l'issue du match.
C'est un peu comme de lire une biographie d'homme célèbre du XVIe siècle : t'as pas trop de suspens, vu que de toute façon à la fin tu sais qu'il meurt... C'est mieux comme ça en fait.
Ah... On est sereins nous. Plus besoin de faire de la méditation ou du yoga ! Même à la télé en direct d'ailleurs. Parce que le but, celui qu'on est certains d'encaisser, maintenant on peut carrément l'annoncer à l'avance (Jean-Michel Larqué style : « Attention second poteau. Attention second poteau ! » -but, de la tête au second poteau- « Attention second potooooooooooo... Attention second poteau... »). Oui, c'est facile : pour qu'on en prenne une, il suffit que l'arbitre commette une erreur. Oh, ça a pas besoin d'être un truc grave hein, faut juste siffler un mini coup-franc aux trente-cinq mètres alors qu'il n'y a pas faute, et là on est surs de se faire gauler. Surs ! Déjà testé avec succès contre Lille et Lyon. Ca marche aussi avec les corners où il n'y a pas corner, ou bien si un attaquant adverse fait une bonne obstruction, etc.
Parfois on finasse un peu, comme contre Rennes, histoire de changer : là c'était sur un de nos propres coup-francs. Mais bon, comme l'arbitre commettait l'erreur de laisser le mur adverse à trois mètres vingt-cinq (ah ?!? c'est pas ça normalement ?), on devait o-bli-ga-toi-re-ment en encaisser une dans la foulée. Je pense que tout le monde sera d'accord pour dire qu'on l'avait senti venir... Et que du coup on n'a pas eu de mauvaise surprise, ou de déception intense.
Tiens, excuse-moi chérie, je vais chercher une bière dans le frigo, je sais qu'il va y avoir but là, j'aime autant pas le voir en direct sinon ça va encore me faire gueuler...
C'est pas génial ça ? Qui peut en dire autant ? On est quand même des privilégiés, hein !
Allez, tous en coeur : Merci Paris !
Et puis tant qu'on y est, « merci Mendy » aussi ! Bah oui, pour nous autres supporters du PSG, ce gars est une véritable cure de jouvence à lui tout seul. Un cas unique que toute la L1 nous envie. Avec des joueurs comme lui, pas besoin de pilules pour vieux, ni d'injection de Botox. On ne vieillit pas.
Un joueur qui nous maintient au temps de notre jeunesse
Dans les autres clubs, ils en voient défiler des joueurs, des types qui restent un an, ou deux, avant de se casser et de rejoindre d'autres championnats. Combien de fois on entend des supporters adverses dire : « ah ouais, c'est vrai qu'il jouait chez nous avant lui ! Attends, ça date de quand déjà ?... 2002 ? Cinq ans, déjà ? Bah mince, le coup de vieux ! ». Les pauvres. Sentir les saisons défiler, s'en rendre compte subitement, au détour d'un match de foot... Le sale coup.
Ahhhh... Mais heureusement pour les Rouge et Bleu, pas de ça au PSG ! Nous nos stars on les a, on les garde. Attendez : quand on possède des combattants d'une intelligence rare comme Mendy, faut savoir les préserver. Mendy il a du arriver au club à quoi ? Vingt ans, un truc comme ça. Il était fou-fou, courait partout, centrait au troisième poteau après avoir tenté le grand pont sur son vis-à-vis... C'était marrant : le jeune joueur dans toute sa splendeur. Maintenant avouez : ça a pas trop évolué hein ? On sent pas le poids des ans sur nos épaules là... Grâce à lui ! Il ne change pas, et c'est ça qui est bien. Parce que on pourrait se dire qu'avant il aurait agit autrement, mais que depuis bah il a vraiment muri, et qu'avec le temps on voit la différence. On pourrait y réfléchir et trouver que tout passe, qu'on change sans même le voir, avec l'âge, etc. Meuh non ! Nous, avec lui, on est tranquilles, il changera jamais ! Youpi !
Pareil : le Bèr, auparavant, dans la série erreurs de jeunesse, il avait sa spécialité. Quand on était menés au score, dès que ça allait vraiment plus, pouf, il nous fondait son petit câble et nous sortait LE tacle qui sert à rien, à la quatre-vingt cinquième minute, histoire de rapporter LE carton rouge qui fait la diff'. La Mendy's touch. Genre le match PSG - Moscou, rappelez-vous ! Symptomatique de l'exclusion 100 % garantie inutile, sur une action anodine en toute fin de match. La vraie bonne agression qui te coute bien cher dès la journée suivante quand tu es suspendu.
Et bien on pourrait croire qu'après toutes ces années au plus haut niveau, Mendy aurait vieilli, qu'il aurait profité de l'expérience pour apprendre à se calmer et se contrôler un minimum. Heureusement que non. Contre Rennes, on est menés, il est le seul arrière droit de l'effectif et hop, tacle de cinglé et rouge direct. Vous suivrez Lens-PSG directement à la case tribunes, et vous touchez quand même les 20 000 €. Ouf ! Le coup de pot qu'on a pas ! Grâce à Mendy, nous au moins on voit pas le temps passer, c'est génial. On a toujours un peu vingt ans avec lui (voire cinq ans, si on s'intéresse à l'âge mental), on reste bloqués à son arrivée au club. On change pas. C'est tellement agréable. Y a que chez nous qu'on voit ça. Vive le PSG !
Dernière caractéristique, la réputation. Regardez Saint-Etienne – Lyon : comment on fait dans le Forez, quand on est des supporters avec une super réputation, et que l'on reçoit le club gone, dont les fans sont censés ne présenter aucun problème ? C'est qui les « gentils » dans le lot ? On sait pas. Problème de repères, d'identité. Du coup, chacun s'excite un petit peu, veut tirer la couverture à soit : et vas-y que « nous on a une bonne réputation à défendre, faut faire gaffe » pendant qu'en face ils pensent la même chose, et hop, résultat, ils font des conneries. Bah oui, c'est toujours quand on veut trop bien faire qu'on fait des conneries.
Une réputation inaltérable
Alors que nous au moins, c'est génial, de ce côté on est tranquilles. Notre réputation, dans la presse, elle est déjà toute moisie. On n'a même pas besoin de se balancer de fumis à la tronche, de toutes façons au prochain problème, les médias nous ressortiront les images de Saint-Etienne - Lyon et marqueront « PSG = hooligans pas gentils » par dessus. Ils le font à chaque fois... Tranquille pour nous !
Pareil, ton club reçoit le Licra d'or, il organise des actions contre le racisme et l'homophobie, tu supportes le SEUL club à se casser le cul pour lutter contre tout ça, mais non, de toutes façons au PSG « c'est rien que des fachos violents ». Great ! Trop de la balle ! Oh bah comme ça on est tranquilles une fois pour toutes : on sait qu'on peut faire tous les efforts qu'on veut, chanter ou pas, se tenir bien ou pas, de toute façon on a une étiquette tellement grosse dans le dos que ça n'y changera rien du tout.
Alors autant faire n'importe quoi et se comporter comme les pires des cons, on restera toujours en dessous de ce que l'on pense de nous. C'est sécurisant, vous avouerez. On n'a pas la pression de l'échec, ni la peur de décevoir. On est déjà grillés à vie dans l'esprit du clampin de base ! A la limite, on aurait presque tort de se priver : quitte à se faire traiter de brute assoiffée de sang, autant se défouler et aller taper sur un supporter adverse de temps en temps. On est plus à ça près...
Ah... Bien contents de pas être obligés de se traîner une perruque comme tous ceux qui veulent jouer au meilleur public de France. Nous au moins, on sait qu'avant même toute tentative de classement, de toute manière on est le pire, c'est cool. Sereins qu'on est.
Huuuuummmmmm... Supporter le Paris SG c'est vraiment le pied. Oui, vraiment ! Entre la certitude du résultat, la cure de jouvence spéciale Bernard « finger » Mendy et notre réputation inaltérable, on vit dans le quiétude et la volupté. Sérénité absolue au club de la Capitale. Trop de chance on vous dit. On comprend pourquoi la France nous déteste. Bande de jaloux !