Souvenez-vous de la dernière apparition de Bonventure Kalou. Elle remonte à Rennes-PSG, le 17 mars dernier. Après cette rencontre, l'Ivoirien était resté sur le banc durant quatre matchs consécutifs. Souffrant d'une crise hémoroïdaire, l'ancien Auxerrois avait ensuite été l'objet d'une intervention chirurgicale il y a de cela trois semaines. De retour à l'entraînement, Bonaventure Kalou sera néanmoins trop juste pour participer au dernier match de la saison du PSG, à Lorient. La saison est donc d'ores et déjà terminée pour l'Ivoirien, qui tire un bilan sévère sur l'année écoulée. Sur ses propres performances et sur l'attitude de Paul Le Guen à son égard. Il s'attend à un départ.
"C'était plus facile de m'écarter"
Lorsqu'on lui demande comment il va, Bonaventure Kalou tient à faire la part des choses : "Physiquement, depuis l'opération, ça va mieux. J'ai de moins en moins mal. Moralement, c'est "sans plus". Ca peut toujours aller mieux car ça fait un moment que je n'ai pas joué. Heureusement que la saison se termine sur une bonne note. On se maintient, c'est le point positif, si je peux m'exprimer ainsi", ironise-t-il.
Le natif d'Oumé fait l'analyse suivante de sa mise à l'écart par Paul Le Guen, alors qu'il semblait lui avoir fait confiance dans un premier temps : "On vit toujours mal la mise à l'écart de son équipe. Après, on se fait une raison. L'équipe stagnait un peu et il fallait changer certaines choses. Peut-être que je n'ai pas non plus la même cote auprès des supporters que d'autres, donc c'est beaucoup plus facile de m'écarter. L'entraîneur a fait des choix. L'équipe a bien marché, mais on peut dire que c'est un choix qui l'a arrangé d'un point de vue... Oui, d'un point de vue politique."
"Je ne lèche pas les bottes des supporters pour qu'ils m'aiment"
Toutefois, Kalou conteste l'idée que son niveau de jeu individuel ait pu justifié une aussi longue mise à l'écart. "Dans ce cas-là, le niveau de toute l'équipe justifiait qu'on change tout le monde, mais je ne veux pas entrer dans cette logique du "pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre"... Il revient cependant à la charge un peu plus tard dans l'entretien : "Sur le plan sportif, c'est vrai que j'ai failli. Mais si c'était seulement Kalou qui ne jouait pas à son niveau, on n'aurait pas été relégable. On a tous notre part de responsabilité dans le fait qu'une équipe comme Paris joue la relégation."
Conscient de son désamour avec le public parisien, Kalou persiste et signe dans le rapport de force qui l'oppose aux tribunes. "Si une partie du public m'a pris en grippe, c'est forcément pour ce que j'ai pu dire à un moment donné, et ça, je l'ai assumé quand je l'ai dit, je l'assume encore ici." Référence à ses déclarations dans la presse, au lendemain du drame de PSG-Hapoël Tel-Aviv, lesquelles déclarations condamnaient fermement le racisme de certains supporters. "Voilà, je ne cherche pas à lécher les bottes des supporters pour qu'ils m'aiment, ce n'est pas dans ma nature. Je sais que le racisme est un sujet délicat. C'était un peu comme une boule puante que les uns et les autres se rejetaient. Il fallait avoir le courage de donner un coup de pied dans la fourmilière, je l'ai fait."
"Au PSG, il y a eu une saison moyenne et une saison catastrophique"
Sur son cas personnel, Kalou ne fait aucune fleur : "Je reconnais que je n'ai pas été performant à plusieurs reprises. Je l'ai assumé. Quand je n'étais pas bon, je l'ai reconnu, contrairement à beaucoup. Et je reconnais que, d'un point de vue personnel, c'est une saison catastrophique. Je ne peux pas être fier de n'avoir mis que deux buts (NDLR : en Championnat), c'est une insulte à mon talent. A des moments clés de la saison, j'ai sans doute commis des erreurs. Les gens attendaient beaucoup plus de moi, j'en suis conscient."
Dans tous les cas, le bilan que fait Kalou de son passage à Paris (si tant est qu'il s'achève ici) ne fait pas dans la demi-mesure, ce qui est tout à l'honneur du joueur : "J'ai gagné un trophée mais c'est vrai que j'aspirais à mieux. Voilà, il y a eu une année moyenne et une année catastrophique. Je ne regrette pas d'avoir signé au PSG, ce sont des expériences de la vie. Si je n'avais pas tenté ce challenge, je l'aurais regretté."
"Presque impossible pour moi de rebondir ici"
Un avenir au PSG semble désormais compromis, de l'aveu même du joueur : "Il est difficile pour moi de dire si je me vois un avenir au PSG. Il me reste deux ans de contrat et dans le foot, tout peut évoluer. C'est vrai que, vu le contexte, ça penche plutôt pour un départ. Mais il faut que le club y gagne et que moi, j'y gagne. En tout cas, ce n'est pas au public de décider. La partie des supporters qui a déployé cette banderole (NDLR : "La bonne aventure de Kalou s'arrête ici", samedi dernier contre Troyes) n'a aucun respect pour moi, mais c'est réciproque. Je suis toutefois conscient que ce sera très difficile de rejouer au PSG, qu'il est presque impossible pour moi de rebondir ici."
Cependant, l'ancien joueur du Feyenoord Rotterdam s'attend à des négociations difficiles de part et d'autre. "Moi, je pars d'un principe très simple. Tant que rien n'est signé, il n'y a rien. Mais j'ai envie de jouer, de prouver que je vaux beaucoup mieux que ce que j'ai montré cette année. J'ai toujours dit aussi que si les choses restaient en l'état, ce serait difficile pour un club de recruter un joueur de Paris. Une équipe comme le PSG qui joue la relégation, ça veut simplement dire qu'on a été très, très, très mauvais."