Membre de la cellule technique du Paris Saint-Germain depuis près de dix ans, Boubacar Sarr "Locotte" a fait venir de nombreux joueurs dans le club de la capitale. Alors qu'on le pensait partant du fait de l'arrivée de Paul Le Guen, le Breton a décidé de lui faire confiance. L'ancien international et sélectionneur sénégalais serait en effet un connaisseur averti de la scène sportive mondiale et notamment africaine.
Interrogé sur sa fonction au sein du club, Boubacar Sarr détaille la composition de la cellule de recrutement parisienne : "Pratiquement tous les clubs professionnels possèdent une cellule de recrutement, le plus souvent composée de techniciens et d'anciens joueurs. Chez nous au PSG, elle est chapeautée par l'entraîneur principal, Paul Le Guen et comprend en outre Alain Roche et Eric Pécout. En début de saison, on s'organise pour avoir le programme de presque tous les championnats puisque nous sommes appelés à voir le plus grand nombre possible de joueurs. Il nous arrive ainsi de nous rendre au Brésil ou en Argentine, sans oublier les autres pays européens."
"Quand le PSG joue, on est aux quatre coins de l'Europe"
A cela s'ajoute un véritable travail de fourmi consistant à amasser un maximum d'informations sur les recrues potentielles : "En début de saison, nous fichons les effectifs de tous les clubs professionnels ; ce qui nous permet de suivre leur évolution à travers leurs stats : joueurs confirmés ou ceux qui montent et aspirent à évoluer dans leur équipe nationale, ils nous intéressent tous. En week-end, quand le PSG joue à domicile, nous on est souvent aux quatre coins de l'Europe pour voir ce qui s'y passe. De retour à Paris, on se retrouve au bureau pour faire chacun son rapport sur les joueurs qu'on a vus. C'est un boulot très prenant et il faut en savoir le maximum sur les éléments supervisés. On surveille particulièrement aussi les dates FIFA, la Champion's League et toutes les compétitions de l'UEFA. Ce qui fait qu'on est souvent entre deux avions."
Ces dernières années, le PSG accueille toujours autant de joueurs africains, signe que le club de la capitale continue de considérer le continent noir comme un grand pourvoyeur de joueurs : "Les grandes compétitions africaines nous intéressent. Telles que les CAN seniors, des - 20 ans. Les matches des équipes nationales espoirs et olympiques aussi. Et puis, comme, de plus en plus, l'essentiel des matches amicaux des sélections nationales africaines se déroulent en Europe (puisque c'est plus facile pour elles avec leur contingent de joueurs expatriés), on essaie autant que possible d'en suivre le maximum. Il arrive même que pour des matches de qualification qui se jouent en Afrique, on vienne suivre quelqu'un que nous ciblons particulièrement ".
"Paul a sauvé ce qui pouvait l'être"
Souvent critiquée par les entraîneurs, la participation des Africains à la Coupe d'Afrique des Nations est-elle de nature à dissuader les clubs de recruter ces joueurs ? Celui qui participa comme joueur à la CAN 86 en Egypte, tout en reconnaissant que le calendrier pose problème, nie que le réservoir de talents que constitue l'Afrique soit délaissé pour ce motif : "C'est vrai que c'est un gros problème pour certains clubs qui emploient beaucoup d'Africains, parce que la CAN se déroule généralement à une période cruciale de la saison (en janvier-février). D'un autre côté, certains de ces joueurs africains ont tellement de qualité que les entraîneurs européens ne peuvent pas s'en priver." D'autant qu'apparemment, les clubs les plus fortunés ont trouvé la parade : "Avec les gros moyens qui circulent actuellement dans le foot, certains clubs arrivent à beaucoup recruter pour compenser les absences. Mais, je comprends quelque part Mourinho de Chelsea, car, on n'arrive pas à remplacer facilement Drogba, Essien qui sont parmi les meilleurs au monde à leur poste. D'autant que ni Shevchenko ni Ballack ne se sont pas encore totalement adaptés au foot anglais ".
Revenant sur le club où il évolua comme joueur entre 1979 et 1983, Sarr évoque la saison noire traversée par le PSG l'an passé : "On a connu de gros problèmes relationnels entre l'entraîneur d'alors, Guy Lacombe, et certains "cadres" de l'équipe. Lacombe, c'est un technicien de qualité, comme il l'a prouvé à Guingamp et Sochaux et même au PSG où, lors de sa première saison, il avait remporté la coupe de France aux dépens de l'OM. Mais, la saison passée, ses relations avec certains joueurs étaient très heurtées. Ce qui avait déteint sur les performances de l'équipe. On n'arrivait plus à s'en sortir. C'était très difficile. D'autant que le président était partisan d'une certaine stabilité et refusait de se séparer de l'entraîneur pour éviter les changements de techniciens à chaque fois que ça ne marchait pas. Mais, il a du s'y résoudre. Heureusement que cela a coïncidé avec la période où Le Guen quittait les Glasgow Rangers. Il connaît bien la maison pour avoir été le capitaine de l'équipe ; en plus, il avait remporté 3 titres de champion de France avec Lyon. Il a donc pu sauver ce qui pouvait l'être et nous a évité la relégation en L2 après avoir redonné confiance aux "cadres"."
Bien que l'omnipotence de Paul Le Guen empiète sans doute sur ses plates-bandes, Sarr fait entière confiance au nouvel homme fort du PSG : "Paul a désormais toutes les responsabilités techniques et la confiance de tout le monde et est en train de restructurer le club. Dès lors, on espère pouvoir faire une bonne saison. Nous ne jouerons certainement pas le titre, car, il y a toujours l'OL, l'OM, Bordeaux. Mais, on visera une place parmi les cinq premiers et la saison d'après, on pourra penser à jouer les premiers rôles."