Le 18 septembre, la Ligue des Champions, la plus prestigieuse épreuve européenne de football, a effectué son retour. Une fois encore, l'on s'attend à un tournoi serré cette saison. Mais, une fois encore, les clubs français - au nombre de deux cette saison, Toulouse ayant été éliminé au troisième tour préliminaire - ne font pas partie des favoris, loin de là. Pourquoi les clubs français sont-ils moins compétitifs que leurs homologues anglais, allemands ou italiens ? L'absence d'une DNCG européenne pourrait être une explication.
Le modèle français
En 1990, le football français s'est doté, à l'initiative de Noël Le Graët (à l'époque président de la Ligue Nationale de Football, ex-LFP), d'un organisme de contrôle financier. La Direction Nationale de Contrôle de Gestion (DNCG) a ainsi vu le jour, l'objectif étant d'obliger les clubs de l'Hexagone à être rigoureux financièrement, et ce alors même que l'arrêt Bosman (décembre 1995), véritable déclencheur de la « mondialisation » du football, n'existait pas encore.
Chaque année, la DNCG épluche les comptes des clubs professionnels français et peut, le cas échéant, prononcer des sanctions (recrutement limité ou interdit, masse salariale encadrée, voire interdiction d'accession ou rétrogradation sportive).
A l'heure actuelle, les clubs français ont donc en majorité des comptes équilibrés ou peu déficitaires. En pleine santé financière, ils sont pourtant de plus en plus critiqués. Le championnat de France, dépourvu de stars, semble être de plus en plus faible. Mais les règles ne sont pas les mêmes partout...
L'endettement des grandes équipes européennes
Les grands clubs européens, au pouvoir d'achat énorme, se permettent en effet bien des choses. Ils ne se gênent pas pour acheter à coups de millions alors qu'ils sont dans le rouge. Les exemples récents de clubs endettés ne manquent pas :
* Chelsea a perdu 200 M€ en 2005, 120 M€ en 2006 ;
* la dette d'Arsenal s'élevait à 388 M€ en 2006 ;
* le président du Real Madrid, Ramón Calderón, déclarait récemment avoir « hérité » de 270 M€ de dettes, lors de sa prise de fonction, en 2006 ;
* le football italien est en crise.
Pourtant, les grands joueurs s'envolent toujours vers les mêmes destinations. En effet, aucun organisme, à l'étranger, n'oblige les clubs à équilibrer leurs comptes. S'endetter en achetant de grands joueurs est donc une pratique commune.
En France, la rigueur imposée limite les ambitions des clubs
Dans l'Hexagone, impossible d'imaginer cela. Certes, plusieurs clubs perdent toujours de l'argent, mais les chiffres ne sont pas comparables : le Paris Saint-Germain, plus mauvais élève de la classe depuis plusieurs saisons, a « seulement » perdu entre 15 et 20 M€ lors de la saison 2006-2007, ce déficit ayant été entièrement couvert par les actionnaires. Cette saison, l'objectif des dirigeants du club de la capitale est de revenir à l'équilibre, chose qui n'est pas arrivée depuis très longtemps.
Du coup, le PSG s'est montré discret sur le marché des transferts, cherchant avant tout à réduire sa masse salariale et à dégraisser son effectif avant de recruter. Pas question donc de faire la moindre folie. Les dirigeants parisiens ont également mis en place une nouvelle politique salariale, à savoir un salaire fixe relativement faible mais des primes élevées en cas de bons résultats. Un choix qui, quoi qu'en dise le président du PSG Alain Cayzac, rend forcément le club de la capitale un peu moins attractif.
A l'instar du club de la capitale, les autres équipes françaises - à la politique salariale habituelle, eux - attirent de moins en moins et doivent se montrer malins sur le marché des transferts. Difficile donc pour eux de rivaliser avec leurs voisins européens.
La DNCG europénne, une nécessité
Il apparaît évident que la création d'une DNCG européenne, si elle ne résoudrait pas tous les problèmes des clubs français (la fiscalité, le manque d'investissements et les stades sont d'autres paramètres qui entrent en ligne de compte), instaurerait une certaine équité économique, et donc sportive. La concurrence déloyale des clubs européens pénalise fortement les clubs français, soumis à une rigueur unique sur le Vieux Continent. L'UEFA (Union Européenne de Football Association) a bien instauré une licence en 2004. En théorie, celle-ci permet de refuser l'accès aux Coupes d'Europe. En pratique, elle est quasiment inutile...
Si elle voyait le jour, la DNCG européenne pourrait agir de plusieurs façons. En refusant réellement l'accès aux compétitions européennes pour les clubs qui ne rempliraient pas les conditions voulues par cet organe de contrôle, par exemple... mais l'UEFA verrait certainement d'un mauvais œil l'absence de grands clubs en Ligue des Champions. Ou encore en instaurant des mesures telles que le plafonnement des salaires (sur le modèle du salary cap américain). Mais la mise en place de celui-ci est jugée « utopique » par l'économiste Frédéric Bolotny, pour qui l'instauration d'une telle mesure serait « difficilement compatible avec le droit européen. » Alors, comment faire ?
Le rôle évident de l'Europe politique
Puisque l'UEFA semble incapable de remédier à ce problème, la solution vient peut-être de l'Union Européenne. Si le football n'est certainement pas le problème numéro 1 des dirigeants européens, ceux-ci auraient pourtant tout intérêt à se pencher sur ce sport, qui prend toujours plus d'ampleur dans le monde si l'on se réfère aux sommes mises sur le tapis, au marketing ou encore à l'influence qu'il a sur l'économie, par exemple lors des grandes compétitions internationales.
L'Europe semble donc détenir la solution, et c'est peut-être à elle de prendre les devants et de forcer l'UEFA à créer un organisme européen ce régulation financière, ou mieux, de mettre elle-même en place une telle institution, facilitant ainsi les choses à une UEFA plutôt passive sur le sujet.
N'hésitez pas à vous rendre sur le Taurillon, webzine des Jeunes-Européens France (http://www.taurillon.org).