A son arrivée en janvier dernier, Paul Le Guen réclama une grande latitude de travail. Le club, englué dans les profondeurs du classement, lui accorda les pleins pouvoirs sans rechigner. Deux joueurs, qu'il avait déjà entraînés, furent recrutés presque immédiatement : Jérémy Clément et Péguy Luyindula. Le tout en se passant de l'avis d'Alain Roche et de la cellule de recrutement, qu'il dirige. La bonne fin de parcours en championnat du PSG donna raison au Breton et renforça sa position.
A l'intersaison, les clés du recrutement lui furent logiquement confiées, même si les restrictions budgétaires imposées par les actionnaires limitèrent forcément sa marge de manœuvre. Paul Le Guen porta son choix sur des joueurs abordables mais à fort potentiel économique : Bourillon (23 ans, acheté 3 M€), Digard (21 ans, 2,5 M€), Edel (21 ans, 100 000 €) et dans une moindre mesure Ceará (27 ans, 2,5 M€). Camara (28 ans, 6 M€) constitue la seule entorse à cette stratégie. Quelle a été l'implication de la cellule de recrutement ? Sans faire insulte à ses membres, on peut supposer qu'elle a été réduite. En marge de ces transferts, trois jeunes joueurs formés au club signèrent leur premier contrat professionnel : Granddi Ngoyi, Younousse Sankharé, Loris Arnaud. Toujours sur le vœu du président et de l'entraîneur.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Sur tous les joueurs cités, peu se sont véritablement imposés et aucun n'est irréprochable. Faut-il en conclure que le recrutement a été défaillant ? Bien que le sage dise fort justement que c'est à la fin du bal qu'on paie les musiciens, il n'est pas insultant de penser que le bilan du PSG depuis le début de la saison suffit à démontrer l'échec du recrutement, fut-il temporaire. Alors, qui blâmer ?
Paul Le Guen ne peut assurément pas se dédouaner de ses responsabilités. En se coupant volontairement d'Alain Roche, il a court-circuité la cellule de recrutement. Il ne peut donc qu'assumer ses choix propres. Mais dispose-t-il lui-même d'un réseau assez étoffé pour assumer une telle fonction ? Christophe Hutteau, agent de Mathieu Valbuena et de Sergueï Semak, confirme dans "Le Parisien" cette version des faits : "On ne sait pas avec qui il travaille. En tous cas, ce n'est pas avec le réseau du PSG..." Un autre observateur, anonyme lui, le rejoint : "Son problème, c'est qu'il n'a aucun réseau. Il décide de tout, mais là il un peu paumé."
Daniel Hechter, toujours enclin à juger sévèrement ses successeurs, a eu le mérite de livrer une analyse plus globale de la situation, hier sur les ondes d'RMC : "Il n'existe pas de gestion sportive dans ce club depuis que je suis parti. Dans tous les grands clubs, il y a un manager général ou un directeur sportif, comme à Lyon où travaille Bernard Lacombe. C'est une chose qui manque aujourd'hui au PSG. Cette fonction pourrait pourtant être occupée au PSG par un des anciens joueurs du club, comme David Ginola, Luis Fernandez et même Paul Le Guen ! Il ne faut pas laisser le recrutement au seul entraîneur."
Plutôt que de charger Paul Le Guen, celui qui présida le PSG entre 1973 et 1978 s'en prend à l'organisation générale du club et à l'effectif : "Ce n'est pas un homme qui est remis en cause aujourd'hui mais tout un système. Vous pouvez nommer le meilleur entraîneur du monde, avec ce groupe, que voulez-vous qu'il fasse ? Avant d'engager un joueur, il faut faire des tests et connaître l'état d'esprit du joueur. Quand vous voyez une équipe qui ne se parle pas sur le terrain, vous avez compris qu'elle est morte. J'espère que le PSG va s'en sortir et qu'à partir de la saison prochaine, on va vraiment reconstruire le club."