Planetepsg.com : Quelles décisions les associations et mouvements de supporters ont-ils prises pour cette fin d'année ?
La grève commencée à Auxerre sera reconduite contre Toulouse, et à Saint-Etienne. Il n'y aura pas d'opération « tribunes vides », pas de blocus des latérales comme certains ont pu le lire, mais une grève de deux fois 90 minutes.
En pratique, comment cela va-t-il se dérouler ?
L'idée c'est de rester neutres, jusqu'à la trêve. Sans siffler ni encourager quels que soient les résultats. Ne pas siffler les joueurs en cas de défaite, même si on sait que ce sera difficile, et ne pas les encourager en cas de but, ou de victoire.
Pourquoi tabler sur une grève de deux matches, et non pas attendre de voir après Toulouse ?
On veut montrer que l'on est capables de se tenir à ce que l'on a décidé. La pire chose pour nous serait de donner l'image d'un public versatile. Encourager un match sur deux, chanter uniquement quand on mène, et se taire dès que l'on perd donnerait des supporters une image terrible... C'est pourquoi même si on gagne samedi contre Toulouse, il faudra continuer contre Saint-Etienne. Pour montrer que le Parc n'a pas la mémoire courte, et qu'une victoire n'efface pas tous les échecs que l'on a subis depuis le début de la saison.
Comment en arrive-t-on à décider de faire grève ?
Jusque là, on a toujours voulu donner toute notre envie aux joueurs. On s'est battus pour que l'envie descende des tribunes vers le terrain. Malheureusement, cela n'a rien donné. Alors maintenant, il faut que l'envie vienne d'eux, du terrain. Il faut qu'ils retrouvent leur niveau et qu'ils se bougent.
Mais des supporters qui ne supportent plus, tout de même...
On s'est demandé si notre méthode était la bonne ! Sachant que l'on ne voulait pas de violence. Mais quel garde-fou avons-nous auprès de ces joueurs ? Nous ne disposons d'aucun pouvoir sur eux : ils sont bien tranquilles, et on devrait toujours les soutenir, les encourager ? Ce sont des privilégiés, et ils ne s'en rendent même pas compte. Cette grève, c'est avant tout un moyen de faire prendre conscience aux joueurs l'état d'esprit des fans. Il y a un ras-le-bol en tribune, une exaspération. On souffre tellement de voir le PSG à ce niveau. Ca il faut le faire comprendre aux joueurs avant que ce ne soit encore plus grave.
Ces grèves entraînent toujours une certaine tension en tribune, tout le monde ne peut être d'accord avec vous. Quel est ton message à propos de ceux qui voudront chanter malgré tout ?
Qu'ils le fassent. Que chacun fasse ce qu'il veut. Mon discours en tant que capo des Supras sera clair : on ne met pas de pression aux personnes qui veulent chanter.
Tu disais vouloir éviter l'image d'un public versatile. Et si à la place on se retrouvait avec un public divisé ?
On sait comment ça va se passer. Mais l'intérêt pour une tribune, c'est aussi d'agir massivement. On craint forcément de donner l'image d'un public divisé. Certains voudront encourager les joueurs grâce aux trois points obtenus à Auxerre. Mais il ne faudrait pas oublier que des victoires à l'extérieur, il y en a déjà eu d'autres cette saison ! Le problème, il est au Parc, et il n'est pas résolu. Après, il serait dommage qu'à l'occasion de la grève certains se découvrent des envies de chanter alors que juste là ils restaient silencieux...
Mais ce ne sera pas le cas de tous ceux qui seront opposés à cette grève ! Certains chantaient auparavant, et chanteront samedi.
Bien entendu ! Mais parmi ceux qui chanteront si on gagne, combien ont déjà sifflé quand on perdait ? 90 % peut-être. Alors quoi...
Pourquoi ne pas avoir proclamé l'union sacrée, une nouvelle fois ?
Mais parce que pour une union, il faut au moins deux parties ! L'union sacrée, l'an dernier quand Cayzac l'a proposée, elle a tout de suite fait l'unanimité. Joueurs, supporters, dirigeants, tout le monde a joué le jeu. Mais cette période a vécu : aujourd'hui plus rien ne vient du côté des joueurs. On ne peut pas refaire ça de manière unilatérale !
Que veux-tu dire quand tu affirmes que les joueurs ne vous offrent aucun retour ?
Par exemple, on n'a pas de salut, ni à domicile ni à l'extérieur. Jamais une équipe visiteuse n'oublie de saluer ses propres supporters au Parc. Nous on a droit à un joueur ou deux, et encore. Où est le temps où les joueurs venaient faire un petit sprint vers les virages à la fin de l'entraînement ? C'est quand même pas grand-chose ! Alors oui, quand il n'y a aucun signe positif venant des joueurs, il ne peut y avoir d'union.
Quel impact devrait avoir ce mouvement de grève, selon toi ?
On vise deux axes. Mettre la pression sur les actionnaires d'abord, pour qu'ils comprennent qu'il faut investir lors de ce mercato, et ensuite mettre la pression sur les joueurs. Paris est un club difficile. Il faut des footballeurs capables de se donner à 150 %, même dans un contexte délicat. Si les faibles craquent, alors ils nous quitteront au mercato. C'est qu'ils n'auraient jamais du venir. Peut-être les supporters ont-ils été trop gentils avec eux jusqu'ici...
Et les dirigeants du PSG ?
Le Guen, Cayzac, avant tout ce sont deux amoureux du club. Ca compte. Après, on sait que Paul est un grand entraîneur. Et Cayzac, quand on voit ce à quoi on a eu droit à son poste avant lui... S'il partait, on sait ce qu'on perdrait, mais pour tomber sur quoi à sa place ? J'ai quand même tendance à dire que si on n'y arrive pas avec eux deux, on n'y arrivera jamais...
Mais est-ce à vous de mettre cette pression ?
Il faut qu'il y ait un déclic. Il faut que quelque chose, ou quelqu'un oblige ces joueurs à se souder, à se révolter ! Jusqu'ici personne ne l'a fait. Alors si c'est nous qui devons endosser ce rôle du vilain petit canard, de l'élément déclencheur, on le fera. Du moment qu'il y a de la rage chez les joueurs, et des résultats, c'est tout ce qu'on demande. Tant pis si on a le mauvais rôle.
Monter les joueurs contre les supporters n'est-il pas dangereux ? Qu'en sera-t-il de vos relations après la grève ?
Bien sur, c'est la crainte chez les dirigeants parisiens. Un steward me disait après Auxerre qu'il avait ressenti une fracture entre joueurs et supporters. On ne sait pas ce qui se passera en janvier. Mais on est prêts à aller au Camp des Loges expliquer aux joueurs pourquoi on a accepté de jouer les perturbateurs. On doit pouvoir s'expliquer entre hommes. Avec le temps, on pourra avoir une explication franche. Si les résultats s'arrangent, on ira au Camp leur dire « oui, on a été chiant, mais on est content que vous vous soyez repris. Et s'il faut le refaire, on le refera !».
Pour finir, qu'as-tu envie de répondre à ceux qui disent « après ça, les gars des assoces auront du mal à chanter Où tu es nous sommes là ?»
Qu'ils voient à court terme ! Ca fait 15 ans que les Supras sont là, j'espère qu'ils seront encore là dans 10-15 ans. Et il n'y a pas que nous : le PSG c'est un long passé, et un long avenir. Se priver de deux, trois matches pour ce club, ça peut valoir le coup. On a pesé le pour et le contre. Quoi qu'il arrive, les supporters auront une part de responsabilité. On assume. Faire grève, on en a mesuré toutes les conséquences après le mouvement contre Graille et Larrue. Cela affaiblit les associations, on le sait très bien. L'ambiance baisse, des gars s'en vont... On se met en péril. Tous, on a décidé de prendre ce risque. Pour le club. Mais oui, on est présent.