Même si l'ambiance dans les vestiaires est plus apaisée depuis la victoire obtenue de haute lutte à Auxerre, la tension est toujours palpable dans l'esprit des joueurs : "C'était plus évident que la semaine passée avec tous ces CRS autour du camp des Loges. Maintenant, j'ai fait comme d'habitude en essayant d'occulter tout ce qui ne concerne pas le terrain. Mais c'est vrai qu'avant j'arrivais à ne pas penser qu'au foot quand je rentrais chez moi. Là, je suis comme quelqu'un qui a un problème à son travail et qui emporte ce souci chez lui. Alors, j'essaie de relativiser même si je déteste la défaite. A la maison, on essaie de me réconforter et aussi de comprendre. Pour le réconfort, ça va, mais pour les explications, c'est dur d'en donner. J'essaie juste de ne rien lâcher."
Interrogé sur le sens de la formule "ne rien lâcher", particulièrement usitée chez les joueurs, le milieu de terrain livre la réponse suivante : "Ça signifie par exemple ne pas accepter de revivre une saison galère ou ne pas se dire que c'est une fatalité. C'est quand même un gros choc de rester en bas de classement. Jamais je n'aurais pensé ça en début de saison. Mais si ma déception est énorme, je n'ai pas à avoir honte." Plus prudent que Jérôme Rothen, Jérémy Clément préfère faire abstraction des supporters plutôt que d'avoir à les affronter. Ainsi, au sujet des banderoles hostiles qu'on annonce déjà dans les travées du Parc des Princes cet après-midi, il déclare : "Je ne les vois pas ! C'est peut-être surprenant, mais, sur le terrain, je ne regarde jamais les tribunes. Je fais abstraction de tout le contexte."
Irréprochable sur le plan défensif, l'ancien Lyonnais pêche encore dans l'apport offensif. "Ceux qui me le reprochent ont raison", coupe le joueur, conscient de ses limites. "J'aimerais participer plus aux attaques mais je fais un blocage. Je dois forcer ma nature. C'est quelque chose d'inconscient qui me gêne. Même à l'entraînement, mes coéquipiers me reprochent de faire une passe alors que je peux tirer. C'est une forme de timidité que je n'ai pas quand il faut récupérer le ballon. C'est bizarre, je sais. Mais ce n'est pas de la peur. On voit tellement de frappes ratées que ce n'est pas l'idée de ne pas cadrer un tir qui m'inquiète. Je sais que j'ai une bonne frappe. Il faut que je passe un cap. Je n'ai marqué qu'une fois, avec Lyon contre Monaco (le 18 février 2005) et j'aimerais vraiment ressentir à nouveau ce frisson."