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PSG : Cayzac répond aux anciens du PSG

Publié le 08 Janvier 2008 à 11h25 par Ludovic FRANCISCO
PSG : Cayzac répond aux anciens du PSG
Le journal "France Football" a recueilli les questions d'anciens du club et les a adressées à Alain Cayzac. Répondant le plus souvent sans détour, le président du PSG lâche quelques informations intéressantes et va jusqu'à faire des révélations. Extraits.

Dominique Baratelli (gardien du PSG de 1978 à 1985) :

Le PSG dispose de réels moyens , du plus beau stade de France, d'un bon entraîneur et de supporters toujours présents. Comment un tel club peut-il se retrouver dans le situation sportive qui est la sienne aujourd'hui... et même y être depuis quelques années déjà ?

C'est la question. Mais il n'y a pas, forcément, qu'une seule réponse. Il y a eu les années de lancement, passionnantes, au cours desquelles les valeurs du club se sont forgées, au cours de la période Hechter-Borelli. Après, il y a eu les années Denisot, avec le rachat de Canal +, au cours desquelles le club a pris une vraie dimension et des titres, vivant là ses grandes heures de gloire. Les problèmes du PSG remontent à cette époque-là, il y a une dizaine d'années, quand le club n'a pas su prendre le virage qu'il fallait à un moment où les joueurs de la génération Denisot étaient en fin de parcours. Il y a eu un enchaînement d'événements : des achats non réussis – un club se stabilise s'il réussit de bonnes affaires – et une instabilité chronique au niveau du management. Les gens qui se sont succédé étaient de valeur, connaissaient le football, mais il n'est pas une entreprise qui résiste à des changements aussi fréquents de managers. Au milieu de cette instabilité, c'est un fait, le club n'a pas bâti, n'a pas construit. Pendant dix ans, le club a accompli des choses intéressantes, des coups mais n'a jamais bâti sur du dur. Ajoutez à cela le départ de Canal... Le club est alors resté avec un actionnariat qui n'était pas extrêmement solide ni rassurant. Il y a donc eu des projets de rachat ; par Graille, par moi-même ou par d'autres. Mais le club est un peu resté sans "papa" pendant quelques années. Le club a privilégié le court terme par rapport au long terme. On essaie d'éviter ce travers aujourd'hui, et ça n'est pas facile parce qu'à Paris on n'a pas toujours le temps de faire les choses.

Omar da Fonseca (attaquant du PSG en 1985-86) :

Pourquoi faut-il toujours qu'au PSG on se réfugie derrière la pression et les tentations de la grande ville pour expliquer le comportement ou les résultats de l'équipe alors qu'à Madrid, Milan, Londres, Barcelone et Munich cet argument-là n'est jamais utilisé ?

Je ne suis pas sur que cet argument-là ne soit pas utilisé à Madrid ou à Barcelone, où la pression est quand même très forte. Je ne suis d'ailleurs pas certain que le président du Barça ou celui du Real dorme dix heures par nuit ! Arsenal, l'autre jour, n'a pris que deux points en trois matchs alors qu'il était classé deuxième et on parlait déjà de crise... Donc, je ne suis pas sur que ce soit aussi idyllique que ça à l'étranger. La seule chose qui nous différencie, c'est qu'on est le seul club de haut niveau en région parisienne. Toute la passion footballistique des gens de cette région se focalise sur nous.

Lionel Letizi (gardien du PSG de 2000 à 2006) :

Vous venez de conserver votre confiance à Paul Le Guen, ce que j'approuve. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi on ne vous a pas beaucoup entendu lorsque Pierre Blayau a décidé de limoger Laurent Fournier alors qu'on était quatrième, à un point du leader ?

Parce que je n'étais pas le patron du club. Je pense que, dans le football, on peut donner son point de vue sur la gestion du club mais la responsabilité finale appartient à celui qui préside. Parce qu'il est sous le feu des projecteurs, parce qu'il a à s'expliquer. Et le patron du club, ce n'était pas moi. Pour Laurent, honnêtement, on en a discuté avec Pierre Blayau, mais son avis était de changer de technicien. Les responsabilités d'un club de foot, ça se partage difficilement. Je ne critique pas Pierre Blayau ni sa décision. Je dis simplement que c'est lui qui l'a prise pour des raisons qui lui appartiennent. Tout le monde a son point de vue, mais on ne peut pas faire un référendum.

Jean-Marc Pilorget (défenseur du PSG de1975 à 1989) :

Comment pouvez-vous expliquer que les joueurs ne parviennent pas à se libérer dans un stade aussi magnifique que le Parc des Princes et devant un public qui s'est nettement assagi ?

Je n'ai pas de réponse à ça. Par contre, il y a un constat qui est aussi aberrant qu'insolite : je crois pouvoir dire qu'on a la meilleure défense d'Europe à l'extérieur ! Si on prend tous les championnats étrangers, je ne pense pas qu'il y ait une seule équipe à avoir fait mieux que le PSG en ayant encaissé moins de quatre buts à l'extérieur cette saison (NDLR : seul l'Inter fait aussi bien dans les cinq grands championnats) ! Mais je sais aussi qu'il n'y a pas beaucoup d'équipes européennes à ne pas avoir gagné sur leur terrain cette saison... On n'est pas dans des limites raisonnables, c'est fou ! Le public est formidable, car il n'a pas été très gâté ces dix dernières années et certainement pas l'année dernière, qui a été la pire à tous points de vue. Je ne crois pas que les joueurs aient peur. Je les connais, je les côtoie : Pauleta, Landreau, Armand, Rothen n'ont pas peur. Les cadres ont été internationaux dans de grands clubs. Ceux qui sortent du centre de formation n'ont jamais peur. De rien. Les Sakho, Sankharé, NGog jouent depuis longtemps dans des banlieues où le PSG est considéré comme un club de bourgeois. Ce n'est ni un problème de peur ni un problème de technique. Si c'était ça, on aurait toujours mal joué au Parc et ce n'est pas le cas, il y a eu de bonnes mi-temps. Je pense simplement qu'il y a un engrenage de la défaite et, donc, un manque de confiance. J'ai joué longtemps en compétition au tennis et je connais le moment où tout le bras n'y va plus. Où l'on tronque son mouvement. Car la confiance n'est plus là. Alors, on perd cinq matchs de suite. Cet engrenage des mauvaises performances est valable dans tous les sports. Il faut reconquérir le Parc des Princes et faire en sorte qu'un nul ou une victoire de l'équipe visiteuse soit l'exception.

Philippe Jeannol (défenseur du PSG de 1984 à 1991) :

Est-ce que vous ne vous êtes pas trompé sur le profil et la qualité des joueurs ?

Je ne pense pas. Dans ce domaine, il n'y a de toute façon jamais 100 % de réussite. Cette année, les critiques c'est surtout a posteriori que je les ai entendues. Pas a priori. Quand on a pris Camara, tout le monde a dit : "C'est très bien, il a été élu meilleur défenseur dans "France Football" l'année précédente." Digard et Bourillon étaient de très bons achats... Quand on a fait jouer de jeunes joueurs face à Arsenal, à l'Emirates Stadium, en début de saison, c'était l'euphorie générale ; le recrutement avait été très intelligent. Alors, je réponds comme Paul Le Guen : j'assume totalement ce recrutement. Après, il y a des joueurs, comme Traoré, dont on s'est séparé et qui brillent ailleurs... C'est très difficile... Quand j'ai pris Frau, on a entendu : "C'est formidable : une attaque Frau-Pauleta-Kalou, trois des meilleurs buteurs des cinq dernières années !" On n'a pas agi de manière irréfléchie. Reste que les résultats et le classement sont les seuls juges. J'aurai un meilleur dossier si on remonte très fort au classement d'ici la fin de la saison.

Georges Peyroche (entraîneur du PSG de 1979 à 1983) :

N'estimez-vous pas avoir pris la plus mauvaise décision de votre carrière en acceptant, il y a un peu plus d'un an, que Pauleta reste au PSG au lieu de le laisser filer à Lyon ?

Non, je ne pense pas. Pauleta a encore été le meilleur buteur l'année dernière. Si on ne l'avait pas eu l'année dernière, je ne sais pas ce qui serait arrivé... Pauleta était un joueur dans ses deux dernières années de carrière et ne valait pas 20 à 30 M€. Donc, sa vente n'aurait pas permis d'acheter quatre joueurs de haut niveau. Pauleta nous a permis de nous sauver la saison dernière. Se séparer du meilleur joueur du club, de son meilleur buteur depuis trois ans, aurait été une décision assez incompréhensible à la fois en termes de symbole et d'efficacité. Je ne pense donc pas que cela a été une mauvaise décision. Maintenant, je ne suis pas Madame Soleil et je ne peux pas dire ce qu'il serait advenu s'il était parti et que d'autres étaient arrivés. C'est en tout cas une décision que je ne regrette pas.

Alain Couriol (attaquant du PSG de 1983 à 1989) :

Pourquoi le PSG ne recrute-t-il pas un joueur de stature internationale qui serait un signal fort de son ambition, comme cela a pu être le cas dans le passé ?

On ne fait pas un recrutement pour donner un signal. On le fait pour bâtir une équipe équilibrée. Et puis, je ne pense pas qu'une équipe française pourrait se payer aujourd'hui Rai, Leonardo, Ginola, Weah et autres. Encore une fois, bravo pour ceux qui sont allés les chercher, mais il y a aujourd'hui des joueurs qui sont inaccessibles. Non, je ne peux pas prendre Drogba ! Mais Pauleta, Rothen, Yepes, Landreau ou Armand sont des joueurs de valeur internationale. Et d'autres sont internationaux dans leur pays. L'été dernier, quand j'ai réussi à garder Rothen et Armand, j'étais plutôt content de moi. Avec ces joueurs-là, on ne peut pas considérer le PSG comme une équipe de second plan.

Jean-Michel Larqué (milieu de terrain du PSG de 1977 à 1979, entraîneur de 1977 à 1978) :

Combien de joueurs vus et recommandés par la cellule recrutement ont-ils finalement signé au PSG cette saison et la saison dernière ?

Derrière la question, il y a une opinion qui sous-entend que la cellule de recrutement ne travaillerait pas bien avec l'entraîneur. Le recrutement est un travail en commun de la cellule de recrutement – Alain Roche, Eric Pécout –, du président et de l'entraîneur. Par exemple, Frau, tout le monde le connaissait. Ce n'est pas l'intervention de la cellule de recrutement qui l'a fait venir. Par contre, Ceará est un produit à 100 % de cette cellule. Camara et Digard, Roche les connaissait très bien, Paul aussi. C'est toujours difficile de donner une paternité à un recrutement. Quand un joueur vient à Lyon, je ne pense pas qu'on se demande si c'est M. Aulas, M. Marcello ou M. Lacombe qui l'a fait venir. C'est un travail collectif. On peut concevoir que Paul Le Guen ait privilégié certains joueurs qu'il connaissait bien. Quand un club est en difficulté, c'est vrai que l'entraîneur est rassuré de connaître des joueurs qu'il a eus sous ses ordres, comme Clément ou Luyindula. Mais on ne me fera pas dire que la cellule de recrutement ne travaille pas bien.

Fabrice Poullain (milieu de terrain du PSG de 1985 à 1988) :

D'une façon générale, quelles doivent être les priorités d'un président du PSG ?

Un président de club n'est pas là uniquement pour s'occuper du sportif, mais pour développer son club. Je dis souvent que le président, c'est le producteur, l'entraîneur le metteur en scène et les joueurs les acteurs. Depuis que je suis là, je passe beaucoup de temps sur le sportif, mais mon rôle est de développer le club, d'assurer sa pérennité, de trouver des ressources nouvelles, de m'occuper de la gestion et de la sécurité des spectateurs, qui est un travail gigantesque pour que ce qui s'est passé ne se reproduise plus jamais. On est en train d'écrire un projet d'entreprise, que j'ai appelé Projet 2010, qui comprend des volets marketing, sponsoring, communication, sécurité, financier et sportif, bien sur. J'ai quarante ans d'entreprise et, pourtant, je n'ai jamais fait quelque chose d'aussi difficile que la gestion d'un club de football, pour deux raisons : la médiatisation et la pression permanente.

Vincent Guérin (milieu de terrain du PSG de 1992 à 1998) :

Le président du Stade Français, Max Guazzini, a pu faire voter rapidement l'agrandissement du stade Jean-Bouin. Cela fait plus de quinze ans qu'on parle d'un nouveau centre d'entraînement au PSG. Pourquoi est-on toujours si peu avancé alors qu'on grand club doit se reposer – avant même d'avoir une grande équipe – sur ce type de structure ?

Vincent a raison de dire que c'est une priorité, mais le problème est que cela n'a jamais été jugé comme tel au PSG. Dans les trois mois qui viennent, il y aura un vrai centre d'entraînement pour les joueurs, qui n'auront plus à prendre la navette pour s'y rendre. Il y aura un nouveau bâtiment extrêmement fonctionnel, des nouveaux terrains... Les actionnaires ont mis la main à la poche pour financer ce projet (5 M€) qui n'est un centre d'entraînement ni provisoire ni définitif, c'est entre les deux. Vincent pourra aller voir les progrès notoires, avant d'avoir notre Milanello à nous qui sera à Saint-Germain, ou à côté, et dont le projet est en cours.

Vahid Halilhodzic (attaquant du PSG en 1986-87, entraîneur de 2003 à 2005) :

Lors de ma deuxième saison au PSG, saviez-vous ce qui se tramait dans mon dos ? Et si oui, pourquoi ne m'en avez-vous rien dit ?

Je ne savais pas si quelque chose se tramait, ni si Francis Graille pouvait faire autrement. Je n'étais pas dans les réunions entre Francis Graille et les actionnaires de l'époque. La seule chose que j'ai faite en signe d'amitié, c'est, une heure avant qu'officiellement il en soit averti, quand Vahid m'a appelé et m'a demandé : "Es-tu au courant de quelque chose ?" Je n'ai pas pu lui mentir et j'ai dit : "Je crois que Francis Graille va t'annoncer que tu es limogé."

Fabrice Fiorèse (attaquant du PSG de 2001 à 2004) :

Pourquoi ne m'as-tu pas écouté ?

Peut-être est-ce que Fabrice fait allusion à un appel passé il y a quelques temps pour me dire qu'il était prêt à revenir au PSG avec une rémunération liée aux matchs disputés et aux résultats. Je lui avais répondu qu'avec ce qui s'était passé, un retour me paraissait difficile. J'avais d'ailleurs confirmé cette opinion auprès de l'entraîneur.

Luis Fernandez (milieu de terrain du PSG de 1978 à 1986, entraîneur de 1994 à 1996 et de 2000 à 2003) :

La gestion d'un club comme le PSG est-elle à ce point usante qu'elle vous fasse perdre votre lucidité ? Quand allez-vous parvenir à ouvrir les yeux ?

J'ai manqué une fois de lucidité, c'est quand je t'ai fait venir au club une deuxième fois. Parce que c'est moi qui avais à l'époque conseillé à Laurent Perpère et à Pierre Lescure de te reprendre quand Philippe Bergeroo a quitté le club.

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