Depuis votre départ, est-ce une fierté de voir que Paris ne vous a toujours pas remplacé ?
Je me suis toujours dit que l'on n'était pas indispensable dans un club. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, c'est une petite fierté d'entendre certaines personnes dire que Paris n'a toujours pas trouvé mon remplaçant. Ça montre que j'ai fait du bon boulot et j'en suis fier.
Vous imaginez-vous encore quelques fois dans cette équipe actuelle avec Rothen à gauche, Pauleta en pointe et vous à droite ?
Pour moi, Pedro est l'un des plus grands attaquants que j'ai côtoyés et avec qui j'ai joué. Avec lui, un centre anodin se transformait en passe décisive. C'est un joueur avec qui je m'entendais bien. On savait se trouver. A partir de ce moment-là, c'est toujours plus simple de jouer. Malheureusement, avec Bernard (Mendy), ils mangent leurs pains noirs en ce moment. Ce n'est pas simple pour eux alors qu'ensemble, on avait fait du bon boulot. Rien que le fait de se dire que le club cherche toujours un côté droit performant, ça veut tout dire. Même dans l'axe de l'attaque, ils n'ont pas trouvé la bonne carburation. Pedro l'avait trouvé et malgré son âge, il est capable de mettre deux buts en 30 minutes. Ça veut tout dire. Peut-être qu'il ne lui manquait que des bons pourvoyeurs de ballons.
Lors d'un précédent numéro vous n'avez pas manqué d'avouer que "paradoxalement, à travers la haine qui s'est dégagée, je me suis rendu compte de l'amour que me portaient les supporters parisiens..."
Si je m'en étais rendu compte avant, je ne serais jamais parti. Je me serais senti soutenu. Surtout après ce que m'avais fait endurer l'entraîneur de l'époque (NLDR : Vahid Halilhodzic). Il m'a fait passer par toutes les étapes négatives. Malheureusement et je le regrette encore aujourd'hui, je ne me suis pas rendu compte que j'étais vraiment aimé dans ce club et soutenu par tous ces supporters. J'aurais vraiment pris ce risque de continuer malgré l'entraîneur. Avec le temps, j'ai compris la haine qu'ils avaient à un certain moment.
Pensez-vous avoir eu une incompréhension avec les supporters parisiens ?
J'ai toujours dit que je n'en voudrais jamais aux supporters de Paris. On a vécu des moments forts ensemble. Malheureusement, le supporter lit les journaux et écoute plus un entraîneur qu'un joueur. Aujourd'hui, ils ont compris la véritable histoire. Je n'ai rien à me reprocher. Le seul regret que j'ai, c'est que sans cette histoire, je serais encore au club et que je serais encore en train de me battre pour cette équipe. Si je n'étais pas insensible à ce club, je ne me serais pas proposé gratuitement avec seulement des primes de match à Cayzac pour revenir.
Le football vous a-t-il déçu globalement ?
C'est le milieu qui veut cela. C'est peut-être aussi pour cela que j'ai une mauvaise image. Tous les jours, il faut des gens qui disent amen à tout. A chaque fois qu'on ne va pas dans le sens des décideurs, on n'est pas bien. Seulement, j'ai des convictions et j'essaye d'être le plus droit possible. Si je ne suis pas en phase avec la personne en face de moi. Comment donner le maximum ?
Un petit mot sur votre arrivée à Amiens. Comment cela se passe-t-il ?
Je n'ai pas trop à me plaindre de mes débuts (NDLR : il a marqué 3 buts en 7 matchs). Il faut que cela continue comme cela. Surtout pour l'équipe. Après, si je peux apporter ma petite touche personnelle. C'est encore mieux. Je pense qu'aujourd'hui, on a la chance d'être sur une spirale de résultats positifs. Je pense que c'est de bon augure pour la suite. Physiquement, ça ira de mieux en mieux par la suite. Je compte bien mettre tous les atouts de mon côté pour éviter les pépins musculaires. En plus, jouer le vendredi, ça change et ça permet de profiter de ma petite famille.
Propos recueillis par E.M.
Interview parue dans "Le Foot ! Paris" n°42 (février 2008), actuellement en kiosque.