David, depuis que vous êtes professionnel (2006), quel est votre meilleur moment en Rouge et Bleu ?
Sportivement, je dirais mon doublé à Lorient en Coupe de la Ligue (seizième de finale, 27 septembre 2007, 0-3). Je crois que c'est mon meilleur match en pro et j'espère en refaire beaucoup d'autres. Il y a aussi le match contre Lens (13 janvier 2008, PSG-Lens, 3-0 ndlr) quand Pedro est venu me voir après avoir marqué, il m'a dédié son but, il est directement venu me voir et ça m'a beaucoup touché. Ça montre vraiment le professionnel qu'il est, c'est un exemple pour moi.
Surtout ce soir-là, vous étiez sorti (54') sous les sifflets ? C'est dur à votre âge ?
C'est difficile, oui. Mais je suis joueur, je dois savoir encaisser ce genre de choses. Je comprends la réaction des supporters. Mais ce n'est pas à cause d'eux si j'ai mal joué, quand je sors d'un match déçu, ce n'est pas à cause de la pression, du contexte, c'est juste par rapport à moi-même. On a un public extraordinaire et moi, ça a plus tendance à me donner des ailes.
Depuis ce match contre Lens, vous avez perdu votre place de titulaire et votre temps de jeu a fondu. Pourquoi selon vous ?
Je ne peux pas dire que je suis satisfait de mes prestations sinon je n'aurais pas perdu ma place. On jouait dans des conditions difficiles mais ce n'est pas une excuse. J'aurais aimé peser davantage sur le jeu, marquer un ou deux buts plus décisifs pour l'équipe. Je n'ai pas eu cette chance mais je reste positif. J'ai quand même acquis de l'expérience. Je ne demande que du temps de jeu mais je ne l'aurai que si je le mérite. A moi de faire ce qu'il faut pour.
Comment avez-vous accueilli les venues d'Everton et de Guillaume Hoarau cet été ?
C'est normal, on est dans un grand club. On n'a pas eu les résultats escomptés, on a déçu notre public, c'est normal qu'ils recrutent des joueurs pour renforcer l'équipe. La concurrence n'est pas non plus une mauvaise chose.
Quand Pauleta a dit qu'il "aimerait N'Gog pour [lui] succéder", c'est flatteur !
(Gêné) Ca fait toujours plaisir. Ce qu'il a fait pour le club est énorme et j'en suis encore loin. Je profite de mes derniers mois à ses côtés car c'est un joueur que j'admire vraiment. Je le respecte beaucoup.
C'est à Nice (2-1, 25 novembre 2007) que vous avez marqué votre premier but en L1. Est-ce plus prestigieux qu'en Coupe ?
Oui car le championnat est plus important. Marquer son premier but en L1 c'est très bon pour le moral, la confiance. J'ai eu l'occasion d'en marquer d'autres mais je n'ai pas su les saisir. J'espère marquer avant la fin de la saison.
Qu'avez-vous fait de votre maillot de Lorient, de Nice... ?
(Sourires) Celui de Lorient, je l'ai gardé chez moi. Et celui de Nice, je ne m'en souviens même pas. Je ne suis pas trop à garder les maillots ! Si quelqu'un me le demande, je lui donne sans problème.
"Je n'ai pas encore fait mon choix entre la sélection du Cameroun et de la France"
Dans quels domaines avez-vous le sentiment d'avoir le plus progressé ?
Quand tu joues avec les pros, tu progresses partout, tout va plus vite. J'ai progressé par rapport à l'expérience, j'ai un peu plus joué cette saison, j'ai enchaîné quelques matches. L'année dernière était plus une saison d'adaptation pendant laquelle j'apprenais à me familiariser avec le milieu. J'ai peu joué et je m'y attendais. Je savais que j'aurais ma chance un jour, je m'accrochais. Cette année, je dois plus faire mes preuves. A commencer à l'entraînement pour mériter ma place.
Depuis que vous êtes professionnel, le PSG peine en championnat, est-ce plus difficile pour vous pour briller ?
Je pars du principe que ce n'est pas une contrainte que de subir les épreuves que l'on rencontre aujourd'hui. Sur le coup, oui, c'est difficile mais je sais que ça forge mon caractère. En tout cas moi je ne lâcherai rien. J'y crois. Je n'ai jamais hésité avant de signer ici, c'était très important pour moi. J'avais d'autres contacts (NDLR : notamment de gros clubs anglais) mais je ne regrette pas car comme j'ai toujours dit, le PSG reste le club de mon cœur. Je suis né ici, j'ai fait toute ma formation ici.
Vous évoluez en équipe de France des "moins de 19 ans" mais vous pouvez aussi jouer pour le Cameroun. Avez-vous fait votre choix quant à votre future sélection ?
Pas encore. Pour l'instant, je continue de jouer avec la France et on verra en temps voulu. J'aime aller en équipe de France, cela me procure une fierté, une chance de pouvoir jouer pour son pays, c'est aussi un plus pour l'expérience. Et j'aime disputer des compétitions internationales, avoir des challenges, je suis un grand compétiteur, j'aime la compétition.
Cela vous permet de retrouver Gabriel Obertan avec qui vous avez été formé au PSG.
Oui, c'est un de mes meilleurs amis dans le foot, c'est vrai qu'on est très proches. Depuis le PSG, on a gardé contact, on s'appelle souvent. C'est important d'avoir des amis dans le milieu. On a une grande complicité sur le terrain, on est complémentaires, lui est plus un ailier, il fait de bons centres et moi je suis plus un finisseur.
A quels joueurs aimeriez-vous ressembler ?
Thierry Henry et Samuel Eto'o. J'aime bien aussi Ronaldo.
Etes-vous impressionné par la réussite de Karim Benzema ?
Il a deux ans de plus que moi mais j'admire ce qu'il fait ! Je n'ai pas encore joué contre lui. Quand on a rencontré Lyon, j'étais en sélection. C'est un très grand joueur à seulement vingt ans et pour moi franchement, c'est un exemple pour tous les attaquants. Je l'ai vu contre Manchester, c'était impressionnant. Son but est magnifique, c'est un but de très grand attaquant, on sent qu'il est en confiance et que tout lui réussit en ce moment.
Comment avez-vous vécu votre premier OM-PSG, le 17 février ?
C'est une grande expérience ! C'est un autre univers. Le Vélodrome, c'est chaud et nous les joueurs, on adore ça. Les supporters crient et chantent pendant tout le match, c'est une ambiance tendue, hostile mais c'était un grand plaisir d'être là-bas.
"Mon avenir est au PSG et nulle part ailleurs"
Même sans jouer ?
C'aurait été mieux en jouant mais c'était déjà un plaisir d'y être. C'était un bon moment de ma carrière. A l'aller, j'étais aussi en équipe de France donc là j'en ai profité. On m'en avait beaucoup parlé et j'ai bien regardé autour de moi pour voir comment ça se passait, l'atmosphère.
Vous êtes sous contrat jusqu'en 2010. Comment voyez-vous votre avenir immédiat ?
Au Paris Saint-Germain et nulle part ailleurs.
Vous n'avez que 18 ans, vous êtes fils unique. Comment se comportent vos parents vis-à-vis de vous ?
Comme des parents qui parlent à leur enfant. Rien de spécial, pas spécialement parce que je suis footballeur, ils sont près de moi, c'est important pour mon équilibre. Maintenant je n'habite plus chez eux à Franconville, j'ai mon appartement à moi près du camp des Loges.
C'est vous qui vous faites à manger ?
(Sourires) J'essaie de temps en temps mais j'avoue ne pas être un très bon cuisinier ! Donc je me fais souvent des pâtes. Sinon après les entraînements, je mange à la cantine du centre de formation, au moins je suis sur que ce sera bon (sourires). Ensuite, je rentre chez moi pour faire une petite sieste tranquille et en ce moment je prends des cours de code l'après-midi pour passer mon permis.
Poursuivez-vous vos études ?
Malheureusement non. J'ai raté mon bac Scientifique. Cette année, j'ai un peu arrêté car c'est difficile de suivre par rapport aux entraînements, aux déplacements et tout ça.
Et si vous n'aviez pas percé dans le foot, qu'auriez-vous aimé faire ?
Je ne sais pas exactement ce que j'aurais fait mais ce qui est sur, c'est que j'aurais continué mes études. Je suis à la base plus scientifique que littéraire. Quand j'étais jeune, je voulais faire prof d'EPS, je m'étais renseigné, il fallait le bac S pour faire STAPS.
Quel entraîneur a le plus compté pour vous ?
Mon premier au PSG en "moins de 13 ans", Mourad Mouhoubi. C'est vraiment lui qui a fait la transition entre les parents et le PSG. J'avais 12 ans à l'époque. A cet âge, on a toujours besoin d'être encadrés et Mourad a très bien rempli son rôle. Il nous répétait qu'il était dur avec nous mais qu'un jour on le remercierait. Donc je le remercie aujourd'hui.
N'avez-vous jamais eu envie d'arrêter ?
Malgré des passages durs, non. Même si c'était difficile de suivre les règles, avoir un comportement adapté... Moi j'avais mon but et je ne me prenais pas la tête par rapport à ça, je vivais au jour le jour et j'ai eu la chance de signer ici. Je rentrais chaque week-end chez mes parents. Mais le mental compte énormément, l'envie de réussir est essentielle. Il faut savoir ce que l'on veut, pourquoi on est là.
Propos recueillis par Emilie Pilet
Interview parue dans "Le Foot Paris" (n°43, avril 2008), actuellement en kiosques