Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si leur dernier entraîneur était cardiaque : en fait son contrat chez les Gones lui servait de stage de remise en forme, après son pontage. Pour Houllier, le choix était vite vu : c'était l'Olympique Lyonnais, ou rester dans une maison de retraite au bord du lac de Genève. Les chirurgiens ne lui ont pas laissé d'autre alternative. Mais voilà, à Genève, l'été il y a le bruit des pédalos, et notre Gérard a pensé que ce serait trop de stress. Du coup il a pris Lyon. Plus calme, moins de bruit dans le stade, et surtout, pas de surprise. Jamais...
Tout est planifié, pensé, prévu à Aulasland. Pour les vieux (et les Rhodaniens... ah, non, je retire : c'est un pléonasme, excusez-moi), c'est parfait. Ca les rassure. Tenez, même en Ligue des Champions, quel que soit l'adversaire, on sait d'avance ce qui va se passer.
T'as pris ton Tranxène ?...
Lyon sort de sa poule plus ou moins brillamment, de toutes manières ça change rien. TF1 nous vend ensuite pendant tout l'hiver LE match de l'année, que cette fois attention c'est la bonne, on ne rigole plus, ce coup-ci ça passer, ils vont aller au bout, les doigts dans le nez même tellement ils sont forts, alors pas de blague, ne zappez pas pendant la pub pour les rasoirs vibrants qui te hérissent encore plus le poil qu'un match commenté par Patrick Montel. Doucement arrive le mois de février... et là, c'est ballot, élimination en huitièmes. Sereins. Classique. On ne change pas une équipe qui gagne.
Petit aparté... Tout de même, faut avouer : c'est beau les coutumes locales, non ? Le poids des traditions, tout ça... Respect pour ces rites un peu désuets que les autochtones aiment reproduire alors que le sens originel s'est perdu au fil des temps. C'est beau.
Donc chaque année, dans la série « écrit d'avance », le Paris saint-Germain se présente à Lyon. Et là, quelle que soit la compétition, trophée des champions, L1, coupes nationales, on rejoue le même scénario. On commence par une petite interview d'Aulas qui nous dit que bon, OK il est président de Lyon mais faut pas déconner, il préfèrerait quand même s'occuper d'un vrai club... tiens, genre le PSG, au pif.
Sauf que le garçon, il a toujours pas compris qu'à sortir des trucs pareil, au PSG il aurait déjà sa tête plantée au bout d'une pique sur le bord du terrain annexe du camp des Loges... Mais bon, s'il préfère expliquer à la France entière plutôt qu'à son psy qu'il est frustré dans ce qu'il fait, après tout c'est son problème. Ses supporters doivent être ravis de lire ça en plus. Bref...
A Lyon, c'est tous les jours le "Groundhog Day"
Après l'habituelle déclaration d'amour à la JMA, la partie débute. On va pas exagérer, a priori, Lyon est plus fort que le PSG. Dans le jeu, quand ça accélère, quand ça presse haut, les Rhodaniens sont impressionnants. D'où la logique ouverture du score, sur une action d'école. On s'habitue...
Comme dimanche dernier, avec la frappe dévissée de Grosso. Si, celle qui part n'importe comment, et rebondit sur le crâne de Fred pour finir sa course lucarne opposée. Faut pas croire, un but construit de ce genre, ça se travaille à l'entraînement : il en a tué des taupes Grosso avant de réussir ce genre de passe décisive.
Quant à Fred-cis Perrin, sa spéciale « je rentre la tête dans les épaules pour éviter de me prendre la balle en pleine tronche, je tiens à préserver intact mon faciès, comment je pourrais gagner de l'argent dans les concours de sosies de célébrités une fois ma carrière terminée sans ça, oh bah tiens, ça fait but dites-donc... », c'est des heures de boulot dans les aéroports une action de ce genre...
Parce que sceptiques comme vous êtes, vous deviez croire que chaque fin de vacances, le père Fred il se prenait trois quatre jours de rab, tranquille chez lui... Mais que nenni, le Brésilien il bosse ses têtes sur passes dévissées dans les salles d'embarquement. Que Christophe Josse puisse dire après que ça c'est du réalisme au moins.
Alors parfois on change un peu les détails pratiques, mais au fond, l'esprit demeure. Les anciens auront souvenir de Wiltord hors-jeu de cinq mètres en coupe, ou du penalty sur coup-franc lors du trophée des champions (aussi appelée la « Yepes » par les spécialistes), de la tête après coup-franc pour une faute de Armand à la 45éme + 1 alors qu'il n'y a pas faute (en championnat), etc. Bref, que du beau jeu, de la domination saine et tout.
Bon, ensuite, pour le suspens, de temps en temps ils nous laissent la balle. Histoire de pouvoir mettre en valeur les qualités techniques de leurs milieux récupérateurs. Là encore c'est l'usage, il faut que Juninho puisse balancer un petit coup de coude, ruiner un mollet ou deux... D'autant que depuis que Tiago est parti, il est limite tout seul à pouvoir endosser le rôle du brise-tibias, alors forcément c'est du boulot.
Carton rouge ? Où ça ?
(ramasse quand même ton tibia Chantôme, il gêne là...)
Réveillère a bien essayé de rendre service contre Bordeaux, mais sans trop de succès. Tout est question de discrétion, mais ce couillon il fait ça face caméra lui... Que voulez-vous, le coup de pute, c'est un métier, ça s'apprend. On ne s'improvise pas pourriture des terrains comme ça, sur le pouce, sous prétexte que c'est une tradition locale. N'est pas l'héritier de Violeau et Domenech qui veut...
Le seul souci dans cette mécanique bien ordonnée, c'est que de temps à autre, le PSG se met à marquer. Zut... Stupéfaction dans les tribunes. Dans ce cas, Aulas téléphone illico à son avocat moustachu et néanmoins président de la LFP : « Mais ils sont le droit de faire ça, eux ? ».
Dans la peau de John Michel Aulas
Mettons-nous à sa place : catastrophe ! C'était pas prévu cette histoire ! Déjà l'an dernier les Parisiens ils avaient fait le coup en coupe, et Lyon avait failli se faire sortir. Bah comment qu'on fait alors, maintenant qu'on est à 2-2 ? Ils ont perdu l'habitude les Lyonnais, faut dire que c'est pas du tout ce que y'avait de marqué sur la feuille de match donnée la veille à l'arbitre, ça en plus ! Il va falloir tout recommencer, et...
Euh... Oh, oh, il fait quoi là Diané ? Non mais pourquoi il court tout seul au but là ? Eh, oh ! Quelqu'un, au secours !
Ah...
Ah !!! Heureusement qu'il y a Cris. Le seul défenseur qui joue le ballon en étant placé à quatre mètres du ballon, et sans regarder le ballon, en donnant un coup de coude à son adversaire. Bon, faut trouver quoi raconter aux journalistes après-match maintenant. Mais ça devrait pas poser trop de problèmes. La force de l'habitude. Et si on tentait un « ça c'est propre comme tacle... » ?
Hum... Non. Quand même pas, là si Aulas parle de tacle ça va pas être clair. Les gens comprendront pas quelle action il évoque. On va essayer autre chose... Ca c'est propre comme tamponnage...
Zut. Le président d'OL Coiffure a comme un doute... Vite : téléphone !
« Allo... Je voulais te demander là, j'ai oublié : il y a le droit au tamponnage ou pas ?
(...)
Non, je veux dire, pour les autres équipes : je sais bien que nous on a le droit (qu'ils sont cons ces moustachus, je vous assure). On a le droit à tout nous... T'es gentil ça coute assez cher au club comme ça ! »
C'est des tracas de gérer OL Auto-école, je vous assure... Allez, du coup on va rester vague : « ça c'est propre comme intervention de Cris », ça ira bien...
Diané, la bavure policière
Ouh... Dites-donc ça fait bizarre de se glisser dans la peau d'un gars coiffé en brosse. Sacré JMA. Et sacré Cris ! L'homme qui prouve que contrairement aux idées reçues, les Lyonnais ont un sacré sens de l'humour, voire un penchant pour le comique d'absurde. Parce que pour surnommer ce gars-là « le policier », faut quand même apprécier le second degré...
Tu me diras Diané, après qu'il ait remis en place ses côtes flottantes (non, celles-là elles étaient à droite avant), et après qu'il ait compris que non, il n'y avait pas carton rouge (bah pourquoi y aurait eu ? Vous avez déjà reçu un penalty, vous voulez pas un carton rouge pour écrasage de mollet par derrière, ou pour coup d'épaule en retard et en position de dernier défenseur non plus ? C'te blague...), il a quand même du se poser quelques questions.
A chaque fois que Squilacci arrêtait de faire des doigts en direction du banc, là où était assis son meilleur pote Ben Arfa, Diané il allait lui poser des questions : « dis-donc, le chauve vous l'appelez le policier, c'est parce que si j'essaye de faire une tête, il va m'attacher à un radiateur dans les vestiaires maintenant ? ». Ou encore « c'est vrai que la bosse dans son short c'est un Tazer, au cas où il y aurait un centre de Rothen ? ».
Non, vraiment, avec l'OL, on a beau savoir d'avance ce qui va se passer, chaque fois c'est un nouvel émerveillement. Limite, ils seraient considérés comme les autres clubs, que la déception nous gagnerait. Imaginez ça : Juninho aurait un casier long comme ceux de Rool et Jurietti réunis, Réveillère en aurait pris pour un mois sur sa petite Wendel, les journalistes auraient parlé de la faute de main de Coupet contre Sochaux, que même trois jours plus tard Mandanda en rigolait tant qu'il s'est fait lobber comme une merde face à ces mêmes Doubistes. Si Lyon était traité normalement, ils auraient fini à 9 ce dimanche. Le Paris Saint-Germain n'aurait pas forcément gagné d'ailleurs... mais au moins on aurait assisté à un match disputé dans la règle, pour une fois. Un match à la loyale. Ca nous aurait changés.
Au lieu de ça, Paris a joué un Lyon « exceptionnel ». Comme d'habitude. Un OL qui va être champion. As usual... Pour la septième fois d'affilée. Bientôt on ne comptera plus. Dans ces conditions-là, il faudra bientôt créer un trophée pour le deuxième du championnat. Et on jouera contre un Lyon qui continuera à se demander pourquoi il n'est pas aimé, pourquoi quand il est arbitré en Ligue des Champions d'un coup c'est plus difficile de bénéficier de cinquante coups-francs par rencontre, et pourquoi il n'y a pas davantage de concurrence en L1.
Les annonceurs eux, continueront à se demander pourquoi leur championnat intéresse de moins en moins. Et les journalistes tresseront des couronnes de lauriers pour les invincibles Rhodaniens de la L1, qui se prennent les pieds dans le premier tapis venu en coupe d'Europe...
Les Lyonnais, eux, semblent anesthésiés. A vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Comment voulez-vous être fier de votre équipe après une telle parodie de football ? Aulas a placé Thiriez. Comment voulez-vous vibrer quand vous savez que quoi qu'il arrive il y aura bien un petit coup-franc entrée de surface dans les arrêts de jeu, un tamponnage oublié, un hors-jeu pas vu, un essuyage de crampons passé inaperçu alors que l'arbitre est si près de l'action qu'à la télé il cachait l'agression... Aulas est trésorier de la LFP. Comment voulez-vous fêter un titre quand on ne laisse personne vous battre ? Aulas juge les arbitres après chaque défaite. Les Lyonnais s'endorment dans leur stade. Aulas prévoit tout, organise tout, gère tout. Les saisons se suivent et se ressemblent. Sans risque, sans stress... sans vie. Mais un match tel que le dernier Lyon – Paris SG ne choque plus personne.
Dirigeants lyonnais, supporters, joueurs... Ils ont la gloire qu'ils méritent.