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Supporters PSG : Arno P-E : A Toulouse, malgré tout

Publié le 02 Mai 2008 à 17h53 par Arno P-E
Supporters  PSG : Arno P-E : A Toulouse, malgré tout
Malgré la victoire contre Auxerre, le PSG pointe toujours à la 18ème place, en sursis. Un directeur sportif a bien débarqué, mais un flou artistique entoure ses projets, même à court terme. Les entraînements se déroulent à huis-clos, et aucun joueur ne parle plus à la presse. Dans cette atmosphère de doute, des centaines de Parisiens vont pourtant se rendre à Toulouse... Pour leurs couleurs.

Avant qu'un black-out ne tombe sur l'ensemble du Paris Saint-Germain, les joueurs l'avaient dit : ce Toulouse – PSG devrait se jouer comme une finale. Ajoutant dans un demi-sourire que de tout temps Paris avait connu de la réussite dans les coupes... La belle affaire. Comme si cette réussite dans les matches couperets était davantage due aux couleurs du maillot qu'à la sueur de tous ceux qui, eux au moins l'ont mouillé !

Le palmarès parisien ne doit rien à une sorte de don, une tradition un peu magique qui ferait que par miracle le club de la capitale s'en sort mieux en coupe qu'en championnat. Non, ces réussites se sont acquises dans la difficulté, et n'ont jamais rien eu d'automatique. Dès le PSG – Saint-Etienne de 1982 il aura fallu souffrir, et passer par des épreuves de tirs au but, après une lutte acharnée. Et en 2004, au premier tour de la coupe de France, alors que Troyes menait 2 à 0, au Parc, à la 80ème, la qualification n'est pas tombée toute seule : les Heinze, Sorin et Ogbeche sont allés la chercher.

Alors croire qu'il suffit de parler finale, d'invoquer le match de coupe pour espérer s'en sortir par opération du Saint-Esprit, voilà qui a de quoi laisser dubitatif. D'autant que si ce match contre le TFC peut être taxé de match crucial, de rencontre à six points, ou encore de duel pour le maintien... il ne peut certainement pas revêtir le statut de match de coupe. Et c'est peut-être d'ailleurs là que réside le danger pour les Rouge et Bleu.

Sur ce seul match, Paris n'a pas le couteau sous la gorge puisque mathématiquement, rien ne sera fait après le coup de sifflet final de cette 36ème journée. Quel que soit le résultat, il n'y aura au plus que trois points d'écart entre le premier relégable et le 17ème du classement, avec deux matches à suivre. Donc pas d'élimination directe, ni de salut définitif à attendre ce week-end. Les chiffres montrent que même en cas de victoire toulousaine, un ultime espoir perdurerait encore au PSG...

Un faux match couperet

Alors si les supporters parisiens ne peuvent raisonner comme cela, et accepter de prendre le risque de la défaite en se disant qu'il sera toujours possible de se refaire contre Saint-Etienne et Sochaux, que sait-on en revanche de ce qui se passe dans la tête de certains joueurs ? Cette roue de secours virtuelle ne risque-t-elle pas de servir d'excuse à des garçons toujours en quête d'une bonne excuse pour se voiler la face ? Est-ce que ceux-là même qui évoquaient la finale de coupe ne se diront pas inconsciemment qu'il n'y aura sans doute besoin que de six points en trois matches, et donc que cela donne droit à un joker ? Que l'on fera mieux demain, ou la semaine prochaine ?

Notre nouveau directeur sportif, le Jason Statham de la petite annonce, saura-t-il montrer aux joueurs combien la situation est critique ? Saura-t-il les galvaniser et les forcer à se dépasser malgré cette fausse marge de manœuvre, à défaut de réussir à s'adresser aux supporters ?

Car ils sont loin désormais les discours mobilisateurs des dirigeants parisiens, et les tentatives de brossage dans le sens du poil. On n'entend plus personne expliquer à la radio que le soutien du public sera essentiel. On ne lit plus dans les journaux que Paris aura besoin de ses supporters pour se sauver... On n'entend d'ailleurs plus rien du tout. Ni personne. Les fans du Paris Saint-Germain sont désormais livrés à eux-même. Seuls.

Le KOB, amputé de son groupe le plus imposant, les Boulogne Boys, en est réduit à user de débrouille pour aller à Toulouse. Ils ont demandé au club de leur faciliter la tâche, de leur tendre la main afin qu'ils puissent aider au mieux les joueurs hors de leurs terres. Le Kop est conscient, lui, du drame qui peut se jouer, il sait qu'un seul chant, un seul cri peut renverser le cours d'un match, et donc de cette saison. La réponse du PSG ? Vous voulez des J9, des cars, alors avancez 8000 € !

Le KOB se débrouillera seul, mais il sera à Toulouse !

Comme si une tribune privée de sa dernière association suivant le modèle Ultra pouvait avancer une telle somme du jour au lendemain ! Comme si l'urgence et plus de vingt années de fidélité ne justifiaient pas que l'on se fasse confiance. Alors Boulogne se débrouillera, seul. Mais malgré les embuches, le KOB verra Toulouse. Comme l'écrivait Bouquin, porte-voix dans la tribune mythique, les supporters de Boulogne n'ont pas besoin de prime pour être motivés ! Certains joueurs ne peuvent pas en dire autant.

Les Supras Auteuil, quant à eux, ont pris le risque de monter le plus gros déplacement possible en Midi-Pyrénées. Le risque d'organiser ce que le club devrait organiser si seulement il s'occupait d'autre chose que... que rien. Car que fait le PSG ces temps-ci, à part se cacher ?

Les SA ne se cachent pas, eux, bien au contraire : ils se mobilisent. Et se mettent en danger. Rameuter le plus de supporters possible, monter un déplacement de près de trois cents personnes et assumer derrière, cela représente tout ce que le club n'ose plus faire : accorder sa confiance, s'organiser, et se sacrifier pour ses couleurs.

On dit les Ultras renfermés, centrés sur leur propre délire, et peu enclins à accueillir de nouvelles têtes. Pourtant, lors de ce déplacement, le noyau sera éclaté, réparti dans chacun des cars. Le groupe indivisible, ces gars qui se connaissent sur le bout des doigts pour avoir partagé tribune, soirées de perm', combats en déplacements aux quatre coins de l'Europe depuis des années, ce groupe va s'ouvrir. Il va gérer un déjeuner, un aller-retour d'une demi-douzaine de cars, et participer à l'animation en tribune. Sans doute les SA91 préfèreraient-ils rester entre eux alors que Paris joue sa survie en L1, et que le stress vrille les crânes. Ils ne le feront pas.

En sachant que si cela venait à mal se passer, la peine pour les Supras pourrait être une nouvelle dissolution, ou un dépôt de bilan puisque le club a promis d'aider l'association de supporters après la rencontre... uniquement s'il n'y a aucun incident à déplorer. Si le département supporters ne prend aucun risque, se gardant le droit de revendiquer la paternité de ce déplacement après coup, s'il se déroule sans accroc, il laisse l'organisation, l'avance financière, et les risques aux SA...

Les associations de supporters se sont rencontrées la semaine passée pour tenter de mobiliser le club. Mais ont-elles vocation à s'occuper d'autres supporters que les leurs ? A tout faire pour qu'un maximum de supporters puissent soutenir leur équipe à moindre frais ? Ce ne sont pas des colonies de vacances, et encore moins des groupes d'éducateurs spécialisés. Et pourtant, il faudra bien faire en sorte que rien de fâcheux n'arrive lors du déplacement des Supras, que les bus reviennent en bon état, que les stations services soient préservées... malgré l'afflux massif de supporters anonymes, indépendants. Les SA91 font le pari de la confiance. Ils misent sur le sens des responsabilités de tous les Parisiens, sur leur intelligence. Pourquoi le club n'ose-t-il plus en faire autant ?

Restent ensuite tous les autres. Les Lutèce Falco, les Atks, et tous les PSG groupes, et tous les supporters indépendants, et tous les Toulousains dont le cœur bat Rouge et Bleu. Tous ceux qui eux aussi se rendront au Stadium, soutenir Paris. Chacun à sa façon prépare la rencontre. Chacun ira de son sacrifice. Parce qu'il faut le répéter : alors que désormais seul le maintien compte, il n'y a rien à attendre de ce seul match !

Aller à Toulouse sans rien espérer en retour

La victoire ne sauverait même pas le club. Elle ne ferait que prolonger la lutte dans de meilleures conditions. Il n'y aura pas de plaisir à Toulouse. Les gars iront là-bas mal classés, et ils en repartiront mal classés. Tous ils le savent. Il ne faut pas espérer de soulagement, de joie. Juste le droit de se battre encore, deux fois, pour clore une saison de frustration.

Leurs seules autres perspectives, c'est le risque d'apprendre que Paris est repoussé à trois points de Toulouse et Lens. Trois points de retard sur le maintien en cas de défaite, l'amertume, le déception, la peur de l'avenir qui vont avec... et encore six heures de bus devant soi avant de retrouver la capitale.

Voilà le choix de ceux qui représenteront le Paris Saint-Germain dans la ville rose. Voilà la voie qu'ils se sont assignée : la lutte acharnée, sur chaque ballon, chaque minute de match pour continuer à y croire. A coup de deux-mâts, ou de méga, de bâche, ou à la voix seule, parqués dans une tribune misérable à s'arracher les cordes vocales, à soutenir coute que coute un club qui vous méprise. Malgré la fouille au corps, humiliante, les rangées de CRS, les grilles fermées après le match le temps que le Stadium se vide. Et les insultes, les provocations, la haine.

Des centaines de Parisiens iront quand même. Vivre ce match avec la peur de tout perdre, de voir le club sombrer un peu plus sous leurs yeux. La peur de se révéler impuissant face à la fragilité de joueurs incapables de se révolter. Demain ils iront quand même !

Et sachant tout cela, il faudrait en plus avoir honte d'être supporter parisien ?

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