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Supporters PSG : Arno P-E : Chroniques Sochaliennes (n°2)

Publié le 13 Mai 2008 à 17h29 par Arno P-E
Supporters  PSG : Arno P-E : Chroniques Sochaliennes (n°2)
Un peu de culture n'a jamais fait de mal à personne. Aujourd'hui, intéressons-nous donc à un membre du monde du silence : la baudroie abyssale. Quel rapport avec le Paris Saint-Germain ? Vous allez vite comprendre.

Le Paris SG et les Baudroies Abyssales

Comme son nom l'indique, la baudroie abyssale est un poisson vivant dans les grandes profondeurs. Très répandue, puisqu'on la trouve à peu près dans tous les océans du monde, cette espèce présente d'intéressantes particularités.

D'une laideur si dérangeante que les poissonniers lui coupent la tête avant de ne garder que la queue sur leur étal, au premier coup d'œil la baudroie n'incite pas à la sympathie. Son corps trop court s'évase subitement sur une gueule totalement disproportionnée, énorme. Et si cela ne suffisait pas, cette gueule est peuplée de dents gigantesques, leur longueur pouvant approcher celle du corps tout entier. En gros, ce poisson n'est qu'une énorme bouche, l'évolution l'ayant amené à un seul but : se nourrir. Grâce à sa gueule gigantesque et son estomac extensible, la baudroie peut d'ailleurs absorber des poissons jusqu'à deux fois plus gros qu'elle.

Sa méthode de chasse elle aussi est remarquable. Comme tous les poissons abyssaux, elle vit à plus de 1000 mètres de profondeur, là où les rayons du soleil ne peuvent percer. Dans cette obscurité absolue, la baudroie attend, plongée dans la vase, le corps immergé dans la boue formée par les sédiments. Elle espère que les débris des cadavres en décomposition tombés depuis la surface parviennent jusqu'à elle. Ou mieux, qu'elle puisse attraper une proie vivante, qui se serait aventurée trop bas, trop profond. Carnivore, charognard à l'occasion, elle patiente... Elle attend. Jusqu'à ce qu'un corps, vivant ou non, passe à portée.

Là, pour l'attirer, elle possède un organe lumineux en forme de canne à pêche sur le front. La lumière émise au cœur de l'éternelle nuit des profondeurs captive immanquablement les égarés, les poissons malades, trop faibles... Ils se rapprochent, écrasés par la pression de l'eau, anesthésiés par le froid des abîmes, ils se dirigent lentement vers ce point bio luminescent... quand soudain, mue par des muscles surdimensionnés, la mâchoire se referme en une fraction de seconde.

Tous, vous avez déjà vu des baudroies abyssales. Les abords des terrains du championnat n'en manquent pas. Sauf que dans la L1, les nôtres ont deux jambes. Elles seront d'ailleurs là, encore une fois, dans la nuit sochalienne, vu que depuis des semaines ces charognards des profondeurs ne nous quittent plus. Partout ou l'on va, on les retrouve, cachés dans la boue. Ils étaient déjà présents à Carquefou, souvenez-vous : dans les cabines des commentateurs, et sur le bord du terrain, à tendre le micro au tourneur-fraiseur-défenseur si méritant... Attendant de se repaître de la défaite du Paris Saint-Germain, face au gentil Petit Poucet.

Mais Paris ce soir-là leur a échappé. Tant pis. Sauf que malgré son insatiable appétit, l'animal sait se montrer patient.

Aussi ces poissons des abysses sont-ils revenus à Caen. La gueule ouverte, après la défaite des Parisiens. Ils tendaient les micros, ils attiraient leur proie dans les vestiaires, avec cette lumière posée sur leur front borgne. Une lumière aveuglante, surmontant un unique oeil noir, mécanique, sans vie.

A Caen, les charognards ont eu à manger, enfin. L'heure de Cayzac était venue, et les dents acérées se sont refermées, avant même qu'il n'ait pu comprendre qu'il s'était lui-même jeté dans la gueule de la bête. Pendant toute la semaine, les baudroies abyssales se sont partagées sa dépouille. Grand Journal, le Parisien, L'Equipe, tous l'ont invité à s'épancher, tous ils se sont gavés. Et maintenant, où est Cayzac ? Ils lui ont fait miroiter la lumière, ils l'ont attiré au fond. Puis ils se sont nourris. Alain Cayzac a disparu. Il n'appartient plus à notre monde. Son souvenir s'est évanoui, rayé de la carte. Les baudroies ont fait leur oeuvre.

A Toulouse, ces poissons charognards ont pu évoluer en toute quiétude, micros dehors. La vase soulevée par Dieuze et Sadran toute la semaine leur ont permis d'investir le théâtre de l'affrontement plusieurs jours avant le match. Plutôt que de montrer du doigt l'énormité des propos, de dénoncer la grossière entreprise de déstabilisation du corps arbitral, ils se sont cachés sous la boue, l'ont utilisée. Ils l'ont relayée même, pour investir discrètement la place, en nombre... et attendre, encore. Attendre la victime pour s'en nourrir. Attendre le faux-pas.

Les baudroies seront à Sochaux car l'occasion est trop belle

Vous les verrez contre Sochaux. Vous les reconnaîtrez, tous ceux que l'on ne voit pas d'habitude mais qui, par hasard, là, seront venus. Pourquoi se sont-ils déplacés, ces défenseurs désintéressés et intègres du droit à l'information alors, si ce n'est parce qu'ils sentent Paris vulnérable, en danger ? Ils perçoivent l'odeur de la mort. Comment justifier sans cela toute cette agitation, tous ces articles ? L'évènement est là. La chute du club de la Capitale fascine. Son maintien serait une déception, une occasion manquée. Les charognards ont faim, on leur a montré la bête et ils la croient agonisante. Désormais ils veulent gouter du sang du Paris Saint-Germain.

Le club a engraissé au fil de saisons toujours plus médiocres. Il s'est mué en une coquille bouffie d'orgueil, une relique obèse. Sa fin possible n'a jamais été aussi proche. L'occasion est trop belle. Sa descente l'a amené dans des eaux trop profondes. Trop froides. Trop sombres. Trop mal fréquentées. Le PSG n'est pas fait pour vivre loin de la lumière.

Alors avant cette rencontre décisive en terre montbéliarde, prenez le temps de regarder où vous mettez les pieds. Cherchez les baudroies abyssales à la radio, sur le net, partout. Regardez ces bouches dilatées, distendues, prêtes à ingurgiter cette proie fragile. Et posez-vous la question : voulez-vous assister à la mort de votre club ?

Au stade Bonal, sur le bord de la touche, baudroie peroxydée à peine sortie de sa cabine d'UV. Elle sera là, son rire de crécelle cachant à peine ses dents aiguisée, ou bien ce sera sa soeur. Dans la tribune de presse, baudroies à ordinateur portable, rédigeant déjà les articles racontant l'agonie rouge et bleue. Dans les couloirs, baudroies à micro, baudroies caméra, sous le nez de Le Guen. Le mauvais client en salle de presse aura-t-il meilleur gout une fois dépecé ? Baudroies consultantes à France télévision, casque aux oreilles, prêtes à débarquer si seulement leur ami nouveau directeur sportif leur entrouvre la porte.

Toutes elles ont faim. Toutes elles se cachent. Jusqu'au dernier moment, elles espèrent pouvoir enfin refermer leur gueule... Est-ce que vous pouvez accepter cela ? Voir Paris livré à cette faune ? Alors si vous vous demandiez pourquoi vous vous battez encore, si vous aviez besoin qu'on vous rappelle la raison de votre engagement aux côtés du Paris SG, pensez aux baudroies abyssales.

Pensez à tous ceux qui, comme vous, prendront la route pour Sochaux. Souvenez-vous, alors que vous partirez défendre ce club qui vous accompagne depuis si longtemps, que dans la voiture d'à côté, les baudroies font le même trajet que vous. Parce qu'elles sont affamées et ne lâcheront rien. Parce que le Paris Saint-Germain est vulnérable, enfin.

Si vous avez perdu un peu de votre foi, quelque part au fil de ces saisons qui nous ont vu lentement nous enfoncer au plus profond, si vous ne soutenez plus le PSG que par habitude, alors une fois à Bonal, prenez le temps. Ca reviendra. Regardez les lumières plantées dans la vase. Et chantez. Parce qu'il ne nous reste plus que cela. Retrouvez l'envie, la force. Chantez pour Paris, chantez pour le soutenir, pour qu'il échappe à cette mort-là. C'est tout ce que vous pourrez faire. Faites-le. Que notre club ne finisse pas ainsi. Pas tant que nous le supporterons. Pas maintenant. Les baudroies seront là, tout autour... Chantez, que Paris ne meure pas comme ça ! Que l'on ne subisse pas le spectacle de ces charognards se régalant de sa chair. Chantez !

Allez Paris !

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