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Supporters PSG : Arno P-E : Le droit de s'asseoir

Publié le 02 Juin 2008 à 21h22 par Arno P-E
Supporters  PSG : Arno P-E : Le droit de s'asseoir
Alors que sa saison sportive est close, le Paris Saint-Germain vient de vivre deux semaines pour le moins chargées. Entre l'arrivée surprise de Charles Villeneuve à la tête du club, les rumeurs farfelues, la communication délirante et le flou artistique complet au niveau stratégique... bienvenue dans le monde des spécialistes de la comm' télévisée.

Incroyable mais vrai, le siège du Paris SG a une nouvelle fois prouvé qu'il méritait sa triste réputation de taupinière : deux jours avant le Conseil d'Administration chargé de donner le nom du grand gagnant de « tout le monde veut prendre sa place », toute la France du football était déjà au courant de la future nomination de l'ancien patron du Droit de Savoir à la présidence du PSG.

A la limite, pour les Parisiens, le souci n'est pas là : quand il est question de fuites d'informations pourtant classées confidentielles, on est les experts (à Paris). Là où en revanche cette affaire interpelle, c'est que si tous ceux qui s'intéressent plus ou moins à la L1 savaient depuis des jours que Villeneuve prendrait les rênes du PSG, au vu de ses interviews matinales, lui en revanche même le lendemain de son intronisation il ne semblait toujours au courant de rien.

Non, parce que si on lui en avait vraiment parlé du PSG, on peut imaginer que le super journaliste il se serait sans aucun doute un minimum renseigné... or, là, quand on lit ses interventions, ça se discute...

Peut-on faire pire que l'entrée en matière de Charles Villeneuve ?

S'interroger sur les premiers pas de notre nouveau président à la tête du PSG, c'est un peu « Question pour des supporters » : Qui suis-je ?... Attention... un indice s'écrit en bas de votre écran (J'ai été parachuté à la tête du PSG, et ça tombe bien (jeu de mots) parce que justement, le parachute, moi ça me connaît).

Taupe ! Journaliste spécialisé dans les réseaux de prostituées de toutes origines et les trafiquants chinois ou presque, je suis arrivé à la tête d'un club de football parce que lundi dernier Bazin il en a parlé à Wenger qui a trouvé que si ça se trouve ce serait une bonne idée. Fan de footballeurs retraités, je suis capable de citer presque correctement deux noms de joueurs en activité, je suis, je suis... Charles Villeneuve !

Après « le président qui en savait trop » (Biètry), « l'homme qui murmurait à l'oreille des poulets » (Graille), et le président forfait soir et week-end (Blayau), Colony Capital la joue « Charles s'en charge ». Si vous rêviez d'un président à l'incroyable talent, un gars qui n'y connaisse absolument rien, mais qui assume, soyez rassuré : Villeneuve l'a fait ! Eh oui, notre nouveau président c'est le gars qui explique en aparté le jour même de sa nomination aux journalistes de L'Equipe qu'il n'avait jamais entendu parler de Bernard Mendy. (Villeneuve n'a quant à lui pas souhaité évoquer le recrutement, jugeant le sujet trop «prématuré». Il a par contre avoué connaître certains «comme Diané ou Chantôme». Bernard Mendy ? «Je ne le connais pas», a-t-il déclaré.) C'est les gars des Cahiers du Foot qui ont du l'avoir mauvaise de voir une icône aussi mal considérée (il n'y a que la vérité qui blesse ?).

Mais l'anecdote a un côté rassurant pour tous ceux qui souhaiteraient postuler à la direction du service des sports de TF1, l'ancien poste de Villeneuve : on peut y être nommé sans jamais lire L'Equipe... C'est du propre ! Ceci étant, le plus grave dans cette illustration de l'ignorance du président du PSG, à la limite, ce n'est pas que Villeneuve se fasse prendre en défaut : on peut imaginer que lors de sa nomination à la tête du club de la capitale fin 1998, l'ancien banquier Laurent Perpère aurait été bien en mal de citer le nom de quelque joueur que ce soit.

Le président ignare, uniquement là pour faire rentrer l'or à la pelle, le PSG a donc déjà donné, avec les résultats que l'on sait. On pourrait même se dire que question présidents improbables, on a tout essayé... mais non. Cette fois, là où les Rouge et Bleu innovent, c'est que non seulement Villeneuve ne sait rien, mais en plus il se précipite ensuite sur tous les plateaux de télé... sans avoir rien fait pour ne plus se refaire prendre au piège. Histoire que tout le monde en parle, sans doute.

L'ex-para a droit à un article qui ridiculise son manque de connaissances footballistiques, et plutôt que de bachoter les noms de joueurs histoire que ça ne se reproduise plus, voilà ce que cela donne le lendemain, devant les caméras de Canal + (http://www.dailymotion.com/relevance/search/villeneuve/video/x5l7v9_villeneuve-ne-connait-pas-le-psg_sport)

Vous noterez le petit air satisfait du gars qui, trop soulagé d'avoir réussi à citer Pauleta, rassemble toutes ses forces pour réprimer à grand peine un ouf de satisfaction... avant de se vautrer dans les grandes largeurs sur les noms des jeunes. Et après, attention à la marche, comme tout bon cancre qui se respecte, plutôt que de rester motus et bouche cousue, Villeneuve éprouve le besoin de creuser sa propre tombe en prenant la judicieuse initiative de mettre sur le tapis le désormais fameux Souleymane Camara. Respect. Surtout quand on sait qu'il allait le rencontrer l'après-midi même pour évoquer son avenir. Voilà qui a du le rassurer, notre Amara Camara... Quoi, c'est pas ça ? Bon bah « Clément Camara » alors... Ils s'appellent tous Clément au PSG de toutes façons.

Charlie et la poissonnerie

Mais bon... Il faudra s'y faire, les joueurs du PSG et Charlie, ça fait deux. En revanche, si vous avez besoin de renseignements sur les escapades de Petit-Villeneuve sur les bonnes tables de la Capitale, alors là il y a du monde :

Comment s'est déroulée votre première journée de président du PSG ?

J'ai déjeuné avec Paul Le Guen et Sébastien Bazin à midi. (...) J'ai mangé mon merlan Colbert que j'aime bien, j'ai bu de l'eau, du thé vert. Je veux m'impliquer complètement. (le Parisien)

Qu'allez-vous faire dès demain ?

Dès demain, je vais aller déjeuner... Non, non, mais il y a un plan. Ce plan va être établi. J'ai d'abord un inventaire à faire poste par poste. (Football365)

Aujourd'hui même j'ai eu un déjeuner de travail avec Paul le Guen. J'ai mangé un merlan Colbert. (Canal + Sport)

Je ne serai pas le président qui va du Fouquet's à Chez Régine. (le Parisien)

COMME il l'avait annoncé la veille, Charles Villeneuve s'est rendu hier matin au siège du PSG (...). Le nouveau président parisien a ensuite pris la route du Park Hyatt, un restaurant branché du IIe arrondissement où il a rejoint Sébastien Bazin (...). (le Parisien)

Et bon appétit bien sur !

Mais pour ceux qui s'inquièteraient de voir le président du PSG passer son temps à engouffrer du poisson dans la cuisine d'à côté plutôt de travailler sur l'effectif, puisqu'il paraît que l'on serait en période de transferts, qu'ils se rassurent : Villeneuve serait parti ce week-end se reposer à Merano. Sans doute trop fatigué de ne plus rien faire depuis son éviction de TF1 en avril, il lui fallait croquer ses deux jours de vacances en cure. A croire que comme tout vrai retraité qui se respecte, Villeneuve, toujours très chasse, partait au large pêcher lui-même les 17 merlans nécessaires à son alimentation hebdomadaire. Et pêcher au Famas, cela n'a rien d'évident !

En pleine période de recrutement, la rumeur emmènerait donc notre fan des défilés du quatorze juillet en Italie, tranquille, à se faire jacuzzer la couenne... toujours aux côtés de Arsène Wenger !

Si d'aucuns se réjouissent de voir planer l'ombre du manager d'Arsenal derrière Villeneuve, on se demande bien pourquoi. La cigogne alsacienne n'a jamais eu qu'un but depuis plus de dix ans : prendre de jeunes joueurs en France pour renforcer l'équipe londonienne en profitant d'avantages fiscaux. Pourquoi abandonnerait-il l'opération S.O.S. cambriolage maintenant que le nouveau président du PSG éprouve le besoin de demander conseil à un adversaire plutôt qu'à son propre entraîneur ?

Villeneuve, l'affaire Landreau, les gonzesses, ou le bon gout parisien

Pour clore son opération séduction, Villeneuve accumule les gestes de grande classe. Comme par exemple lâcher Landreau qui vient d'être sacrifié par Domenech à l'autel de la stupidité montécarlienne. Plutôt que d'adresser un message positif pour venir en aide à son portier, l'ex-para croit bon d'annoncer vouloir recruter Grégory Coupet ! Mickaël Landreau n'a certes pas réussi une saison exempte de toute erreur... mais faut-il pour autant chercher là le maillon faible du club ? Et ses adversaires : Coupet, passeur décisif pour Gomis contre Sainté, Frey, aveuglé par une lumière divine en équipe de France et Mandanda, la double moufle-savonnette qui hésite à prendre ou à laisser passer le ballon contre Lille, peuvent-il se prétendre presque parfaits ?

Landreau porte nos couleurs. Y a pas photo : il a plus fait pour sauver le PSG que Villeneuve, jusqu'à preuve du contraire. A ce titre il mérite un minimum de respect et de décence. Deux mots étrangers au vocabulaire de Charles Villeneuve ? Ou alors c'est qu'en fin stratège l'ancien de TF1 espère transférer notre gardien pendant qu'il ne vaut plus rien, afin de mettre le juste prix sur un goal plus âgé, et avec un genou en plastique. Si c'est ça les conseils avisés d'Arsène bons tuyaux, ça donne envie.

De même, la tentative de virilisation du discours, sans doute pour l'adapter à l'image des supporters que le président parisien s'est construite en regardant ses propres émissions consacrées à ses trois millions de nouveaux amis fans du PSG, tourne à la farce (Je n'écoute personne pour évaluer les gens. Vous écoutez plutôt votre instinct ? L'instinct, le sens... Je laisse ça aux femmes. Moi, je ne suis pas une gonzesse...). Un président « qu'est pas une gonzesse »... Hit hit hit, hourra ! Les Rouge et Bleu ont-ils réellement besoin d'un discours d'ancien juteux pour remonter la pente ?

Alors d'interviews au ridicule achevé à la déclaration d'amour au merlan, en passant par les week-ends de repos après trois jours de boulot, les réunions de travail avec l'entraîneur adverse, le coup de couteau dans le dos de son propre gardien, et le foot qui n'est pas un sport de gonzesses, les dix premiers jours de Charles ont de quoi vous faire espérer avec impatience la reprise du championnat : vivement septembre prochain et la première crise, que le PSG soit enfin de nouveau relégable... et qu'on parle d'autre chose que de notre président. Parce que de penser que ce type-là incarne désormais le Paris Saint-Germain, c'en est à se demander combien de fois encore Borelli devra mourir cette saison.

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