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PSG : Hoarau - "Je veux saisir cette chance"

Publié le 08 Septembre 2008 à 10h51 par gegennecrew
A 24 ans, Guillaume Hoarau nage en plein bonheur. Sacré champion de France, meilleur joueur et meilleur buteur de L2 (28 buts), l'ancien Havrais a désormais la certitude qu'il sera Parisien en 2008-2009. Pourtant, le 17 mai à Sochaux, son destin footballistique s'est joué à très peu de choses. En cas de relégation du PSG, Hoarau serait allé voir ailleurs. Mais c'est bien avec Paris que le quatrième Réunionnais dans l'histoire du club (après Barrabé, Robert et Piètre) découvre L1 et bientôt l'Europe. L'attaquant se projette avec enthousiasme et humilité sur son avenir en Rouge et Bleu.
Guillaume, racontez-nous comment vous avez vécu ce Sochaux-PSG (38ème journée, 1-2).
J'étais devant ma télé, à la maison avec mon père et ma sœur. On a regardé le multiplex, en direct avec les autres stades, il y avait plein de rebondissements, c'était stressant mais je préférais le suivre de cette manière que sur Foot Plus, il y avait plus d'adrénaline. Pendant le match, j'étais plutôt confiant mais j'avoue que quand Sochaux a égalisé, je me suis dit : "Là, ça va vraiment chauffer" (sourires). Je ne voulais plus aucun bruit dans la maison, j'étais à fond dedans, super concentré et quand Diané a inscrit le deuxième but, vous ne pouvez pas savoir mon soulagement.

Comment la soirée s'est-elle poursuivie ?
J'étais dans un esprit de fête depuis une semaine avec la montée du Havre. Mon père est venu spécialement de La Réunion, ma grande sœur et son copain sont venus de Paris pour partager ce moment avec moi. Ils habitent à côté du Sacré Cœur et ils voulaient voir Sochaux-PSG avec moi. A la fin du match, je leur ai dit : "Bon bah... Champagne, on est voisins" ! Le fait que ma sœur habite Paris m'a conforté dans mon choix de signer au PSG. Aussi, ma copine habite Bordeaux et en train, ce n'est pas trop loin de Paris.

"Je voyais mal le HAC monter en L1 et moi, rester en L2"



Aviez-vous conscience que votre avenir immédiat se jouait sur ce match ?
Oui, je savais qu'indirectement, c'était un moment important dans ma carrière. Ce n'est pas tous les jours que l'occasion de signer au PSG se présente. Je voulais vraiment, vraiment y aller, j'étais prêt, je veux saisir cette chance. Maintenant, la balle est dans mon camp et je vais tout faire pour relever le défi.

Pourtant en cas de descente du PSG, votre contrat avec le club se serait automatiquement rompu. Pourquoi ne pas vous être engagé avec Paris "pour le meilleur et pour le pire" ?
En effet, mon agent a mis une clause libératoire pour me protéger. Avec Le Havre, j'ai vraiment fait une saison où, excusez-moi de l'expression, je me suis mis le cul par terre pour faire monter le club. Sincèrement, je voyais mal le HAC monter en L1 et moi rester en L2. Par mesure de sécurité, on s'est dit que c'était mieux avec mon agent. On ne contrôle pas tous les éléments et moi, je voulais absolument jouer en L1 tout en espérant que ce soit à Paris. Ils étaient dans une situation difficile, on a mis cette clause en place.

Les dirigeants parisiens ont-ils tout de suite acquiescé ?
Le contrat, c'est mon agent qui l'a discuté avec le président, je ne m'en suis pas occupé dans les détails mais à ma connaissance, il n'y a pas eu de souci. A aucun moment, on a pensé voir le PSG en Ligue 2. Et si ça avait été avec un autre club, on aurait agi pareil.

Tant que le PSG n'avait pas assuré son maintien, des clubs se sont-ils renseignés sur votre compte ?
Surement. Mais mon agent a été clair. Tant que la situation n'était pas décantée pour Paris, on ne discutait avec aucun club. Moi je me suis toujours senti Parisien. Je finissais ma saison avec Le Havre et il ne m'a pas trop embêté avec ça. On verra bien en temps voulu. Paris s'est maintenu donc tant mieux.

En cas de relégation parisienne, seriez-vous resté au Havre ?
Je ne pense pas. J'ai vraiment tout donné pour atteindre l'objectif avec Le Havre. J'ai le sentiment que mon devoir a été accompli. Je pars dans les meilleures dispositions possibles, je voulais vraiment aller voir ailleurs.

En L2, vous jouiez le vendredi ou le lundi, suiviez-vos tous les matches du PSG ?
Depuis que j'ai signé, je regardais tous les matches. Ça n'a pas toujours été évident derrière mon écran de télévision ! La victoire en Coupe de la Ligue m'a rendu très heureux. J'ai ressenti beaucoup de bonheur.

Vous avez signé en janvier. Avez-vous trouvé votre future maison ?
Dès cet hiver, j'ai commencé à visiter des maisons à Saint-Germain et dans les alentours. Malheureusement, les résultats du PSG n'étant pas trop bons, on a arrêté les visites. Mais j'ai déjà ma petite idée. Saint-Nom-la-Bretèche a l'air d'être un coin sympa.

Votre ancien coéquipier Didier Digard vous a-t-il briefé ? ]
On s'est vu la dernière fois quand il est passé au Havre. On a parlé du PSG mais sans plus, on aura le temps d'en discuter à la reprise (NDLR : Aujourd'hui, Digard a quitté le PSG pour rejoindre le club anglais de Middlesbrough). Je l'ai juste appelé pour lui demander où est ce qu'il faisait bon vivre (sourires) et prendre un peu la température.

"Que ce soit clair, je ne prétends pas prendre la place de Pauleta. Je promets juste de donner le meilleur de moi-même"


En arrivant derrière Pauleta, n'appréhendez-vous une certaine pression ? Souhaiteriez-vous l'arrivée d'un attaquant-vedette pour pouvoir vous épanouir dans son ombre ?
Tout dépendra des choix du club, du coach. Moi, de toute façon, si je viens à Paris, c'est pour y faire mon trou. Pour cela, il me faudra jouer. On progresse, on avance avec la concurrence donc tant mieux si de grands joueurs sont recrutés. A leur côté, je hausserai mon niveau de jeu. Je me prépare pour être au top en début de saison. Je veux relever le challenge qu'on me propose, apporter au club mais que ce soit clair, je ne prétends pas prendre la place de Pauleta, loin de là. J'essaierai juste de marquer le plus possible, je donnerai le meilleur de moi-même.

Craignez-vous une attente et une exigence démesurées de la part des supporters parisiens ?
Après deux saisons de suite à jouer le maintien, j'imagine qu'ils sont très demandeurs, de spectacle et de résultats, c'est normal. Ils ont souffert malgré les Coupes mais si le club est maintenu c'est en grande partie grâce à eux. Je ne dis pas ça pour faire bien mais c'est ce que je pense. On peut dire ce qu'on veut sur les supporters parisiens, ils comprennent beaucoup de choses, ils ont quand même un cœur. Moi je suis encore jeune, je ne connais pas la L1. Il va peut-être falloir être patient avec moi. Mais je ferai tout pour prendre ma chance quand elle se présentera à moi.

Sentiez-vous, à l'entame du championnat 2007-2008, que ce serait votre saison ?
Honnêtement, si on m'avait dit que j'allais marquer 28 buts, je ne l'aurais pas cru. Maintenant, dieu sait que j'aurais pu encore mieux faire.

Vraiment ?
Oui. Pour moi, le devoir est accompli mais je sais qu'on peut toujours mieux faire. Je ne veux pas rester sur mes acquis, il faut toujours en vouloir plus pour continuer à avancer, c'est mon état d'esprit. Ma philosophie, c'est de tout donner, de ne rien lâcher pour ne pas avoir de regrets.

Votre objectif était-il de battre le record de buts inscrits en L2, détenu par Tony Cascarino (31 buts avec Marseille en 1995) ?
Bien sur. J'avais vraiment envie de le dépasser pour que mon père soit fier de moi. Je suis resté dans le coup jusqu'à la fin de la saison, il ne me manquait que quatre buts. J'ai loupé certaines occasions que j'aurais du mettre au fond. Mais il faut savoir que je suis un éternel insatisfait (sourires). Je suis quand même content de ma saison, je ne veux pas paraître prétentieux, ce n'est pas du tout mon personnage. Si on m'avait prédit 28 buts et une montée au début de la saison, j'aurais signé des deux mains donc je suis très satisfait même si je le répète, j'aurais pu beaucoup mieux faire encore. Il faut toujours en vouloir plus pour pouvoir avancer. J'espère pouvoir rééditer un tel exploit dans les années à venir et pourquoi pas avec Paris.

Et dire qu'il y a deux ans à peine, vous vous faisiez siffler par le public du Havre.
Oui... Cela fait partie de l'apprentissage pour un jeune joueur. J'ai connu un parcours atypique, je suis arrivé au HAC à 19 ans, je n'ai pas fait de centre de formation, j'ai du gérer beaucoup de choses à la fois. Les sifflets ne m'ont pas fait plaisir mais j'y ai toujours cru, j'étais bien entouré, les potes étaient là quand il fallait, mon père aussi et mon agent a effectué un gros travail psychologique avec moi. C'était soit je baissais la tête et je donnais raison aux gens qui me sifflaient, soit je me relevais et je montrais que j'étais toujours vivant. Quelque part, je pense avoir répondu de la meilleure manière possible et aujourd'hui, le moral n'en n'est que plus fort.

Y a-t-il eu un déclic ?
Mon prêt à Gueugnon (déc. 2006- juin 2007) a surement été l'élément déclencheur. J'avais besoin de temps de jeu pour retrouver la confiance. Victor Zvunka (alors entraîneur des Forgerons) m'a tout de suite mis dans le bain, il a cru en moi. J'ai retrouvé le plaisir de jouer, la machine s'est remise en route, j'ai appris à me remettre en question pour à chaque fois, tenter d'être plus performant. Après Gueugnon, j'ai enchaîné sur la même dynamique avec Le Havre. Il fallait confirmer, je n'ai rien lâché. C'est pourquoi aujourd'hui je suis content d'avoir comme récompense la chance de venir au PSG.

Quand vous avez quitté votre île pour Le Havre à 19 ans, c'était votre dernière chance pour devenir professionnel ?
Oui. Parce que dans le foot aujourd'hui, la plupart des pros évoluent depuis 11-12 ans en centre de formation, j'avais un gros retard accumulé. A16 ans, j'avais déjà fait un essai au Havre, qui s'était conclu par un échec. Je jouais dans mon club à la Réunion en espérant que mon heure arrive, je n'ai jamais baissé les bras. Ca me sourit aujourd'hui, j'ai tout donné et Dieu merci on m'a gardé.

Vos débuts en métropole ont-ils été durs ?
Oui ! En plus je suis arrivé en plein mois de janvier, il neigeait et je n'avais jamais vu la neige ! Mais le fait d'être venu quand il faisait très froid, au contraire, ça m'a permis de me faire violence. Car nous les Réunionnais, on a tendance à nous voir comme des gens un peu tranquilles, qui se la coulent douce. Par ma taille, je donnais l'image de quelqu'un de nonchalant et il a fallu que je me bouge un peu. Pendant mes six premiers mois, j'étais en CFA avec un contrat à la clef. Je garde un très bon souvenir de ma première année ici, de la dernière aussi (sourires).

Avant que vous ne vous engagiez avec Paris en janvier, quels clubs tenaient la corde ?
Lens et Nice étaient les plus insistants.

Pourquoi avoir choisi Paris ?
Le fait d'avoir rencontré et discuté avec Paul Le Guen a tout déclenché chez moi. Je voulais vraiment savoir quelles étaient ses intentions par rapport à moi. Il m'a clairement dit ce qu'il attendait de moi, qu'il voulait me faire progresser, qu'il avait un projet de carrière pour moi et que j'avais une grande marge de progression. Je voulais un coach qui ait confiance en moi, c'est ce que j'ai ressenti avec Paul Le Guen. Au final je n'ai pas hésité. Mon père, qui est aussi mon premier fan, était heureux que je signe à Paris.

Heureusement que vous n'avez pas choisi Lens !
Oui, même si c'est le club que je supporte depuis tout petit. A la Réunion on était une bande de cousins. Les deux plus vieux supportaient déjà Paris et l'autre Marseille. Avec mon petit frère, on n'avait pas notre mot à dire, il fallait qu'on supporte un autre club. J'ai donc choisi Lens... Mon petit frère, lui, a choisi Rennes !

A la Réunion, qui du PSG ou l'OM est-il le plus populaire ?
(Il réfléchit) Peut-être Marseille car ils s'identifient plus par rapport au soleil. Mais j'ai appris l'existence d'un PSG Club à la Réunion. Ca m'a fait plaisir, j'ai été assez surpris. J'espère leur rendre cette joie-là. Depuis Laurent Robert, je suis le premier Réunionnais à Paris (il y a également eu Samuel Pière) et il a été le premier en équipe de France. J'aimerais suivre sa trace.

Avez-vous craint que Paul Le Guen ne soit plus l'entraîneur du PSG ?
Ce sont des éléments que je ne maîtrise pas. A l'époque, il était en place avec Alain Cayzac, mais s'il avait été remercié, j'aurais fait avec. Vous savez, j'ai toujours été confiant pour le maintien du PSG., je l'ai toujours été pour le maintien de Le Guen.

"Christophe Revault m'a dit : 'J'étais comme un fou quand j'étais là-bas. Fonce et ce ne sera que du bonheur"


Avez-vous déjà foulé la pelouse du Parc ?
Oui avec Gueugnon, en Coupe de France (21 janvier 2007, 16ème de finale de Coupe de France) on avait perdu 1-0 mais moi, j'étais comme un enfant sur le terrain. Maintenant, porter ces couleurs, c'est beau. En janvier, quand je suis venu signer mon contrat, j'ai visité le Parc, les bureaux, j'ai marché sur la pelouse, c'était un grand plaisir. Je vais découvrir deux nouvelles compétitions, la L1 et l'Europe. J'espère avoir l'opportunité de la faire. Maintenant, il y aura un nouveau groupe et il va falloir mériter sa place.

Que vous a dit Christophe Revault, votre coéquipier du HAC, à propos du PSG ?
Il m'a beaucoup parlé du club, de son expérience. Il a vécu des moments difficiles là-bas mais il me dit beaucoup de bien du PSG, ça montre à quel point Paris est exceptionnel. Il m'a dit : "Fonce, tu verras que ça ne sera que du bonheur. L'engouement qu'il y a autour, c'est vraiment un autre monde, j'étais comme un fou quand j'étais là-bas. Je te souhaite de réussir". Il m'a félicité avant de me souhaiter bonne chance.

Que vous inspire le volte-face de Yoan Gouffran ?
Je ne suis pas du genre à critiquer ni à juger. On ne sait pas ce qu'il s'est passé dans sa tête. Si le PSG était descendu, tout le monde lui aurait dit : "Tu as bien fait". Aujourd'hui, peut-être qu'il s'en mord les doigts, peut-être pas mais. C'est un choix personnel qu'il faut respecter. Différents éléments, que j'ignore, sont entrés en jeu. Il faut respecter même si à l'époque les dirigeants et le PSG traversaient une mauvaise passe.

Avez-vous un modèle de joueur ?
Comme tout attaquant, je suis fan de Ronaldo ! Maintenant, ce qu'a fait Pauleta pour Paris ces derniers temps est admirable. Au lieu de prétendre le remplacer, j'aimerais m'inscrire dans son sillage, tout simplement. Tout donner jusqu'au bout comme il l'a fait, courir et travailler sur le terrain pour sortir le club du danger de la relégation, il est un modèle à suivre. Sans chercher à le remplacer je précise.

Avez-vous d'autres passions ?
J'aime bien le basket et la musique. J'ai joué longtemps au basket à La Réunion, j'étais ailier. J'ai toujours été assez grand, mon père est grand. Mon petit frère est pratiquement aussi grand que moi, ma petite sœur aussi, il n'y a que ma sœur aînée qui n'a pas tout compris (sourires). Nous sommes quatre. Deux garçons et deux filles.

Raymond Domenech a déclaré avoir voulu vous donner votre chance chez les A', contre le Mali en mars dernier.
J'ai lu ça, oui. Mais je n'ai pas reçu de convocation. Je jouais la veille de France-Mali contre Boulogne-sur-Mer. Mais rien que le fait de me dire qu'il ait pensé à moi, ça me fait plaisir. Pour autant, je ne m'enflamme pas, je sais tout le chemin qu'il me reste à parcourir pour pouvoir prétendre aux Bleus. Ce serait la récompense suprême.


Propos recueillis par Emilie Pilet
Interview parue dans "Le Foot Paris" (n°46, juin 2008)

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