Tout d'abord, Cayzac n'est pas vraiment tendre avec l'entraîneur actuel qu'il a pourtant choisi, Paul Le Guen : "Je pensais qu'il avait un profil de manageur général, je le voyais devenir président opérationnel dans dix ans. Je m'aperçois aujourd'hui que le bon entraîneur n'est pas mur pour être un grand manageur. Il est trop méfiant, trop désireux de recruter des joueurs qui ont son profil. Diané, Gallardo, ça l'emmerde, il n'apprécie pas parce que ces joueurs ne défendent pas assez et sortent beaucoup. Mais il ne faut pas être trop rigide, c'est une divergence entre lui et moi. Dans une équipe, il faut des Le Guen et des Roche, il faut aussi des Ginola, des Luis Fernandez et des Weah... Si on ne comprend pas cela, on ne peut pas passer du statut d'entraîneur à celui de manageur."
Mais il ne doute pas de ses qualités d'entraîneur : "Pour le moment, il n'y a pas de raison de s'affoler. Et puis, d'un point de vue des compétences techniques, c'est un très bon entraîneur, courageux de surcroît. C'est une vraie qualité, il n'a pas peur. Quand on était vraiment au fond du gouffre, il a vraiment assuré."
"Pauleta, un formidable communiquant et un redoutable négociateur"
Walter Butler, qui s'est désengagé assez vite du club, n'est pas épargné par le livre : "J'écris «Walter m'a tuer (sic)», et c'est évident. Dès le départ, deux amis qui le connaissaient m'ont mis en garde: «Surtout n'y va pas avec lui, il n'est pas fiable, un jour, il te plantera!» Ils avaient raison. On a des rapports curieux. En surface, c'est très amical, mais dans mon dos, il soutient la candidature d'un autre (ndlr: Michel Moulin). Si Butler ou Bazin m'avaient dit: «La situation est ambigüe, on prend la présidence», je l'aurais totalement accepté."
Ayant désormais un rôle de « censeur » au sein du club, cet ouvrage a permis à Cayzac de lâcher tout ce qu'il avait sur le cœur : "J'ai vécu une aventure tellement riche et violente que j'ai trouvé intéressant de la partager avec ceux qui aiment le PSG. C'était dur, dramatique et violent. La pression est permanente et insoutenable. Je suis un peu meurtri, j'ai la rage car je sais qu'il ne fallait pas grand chose pour réussir. Je dis aussi ce que je pense de certains, comme Pauleta, un très grand joueur mais aussi un formidable communiquant et un redoutable négociateur."
Même s'il s'est un peu éloigné du club, l'ancien président ne lâchera pas le PSG s'il vient à être en difficulté : "Je n'ai pas envie de replonger mais je serai toujours attentif à l'évolution capitalistique du club. Qui va remplacer Morgan Stanley dans l'actionnariat ? Qui va remplacer Colony Capital d'ici deux à quatre ans ? Je ne veux pas voir arriver des prédateurs qui laisseront le club exsangue deux ans plus tard. C'est vital."
"Au Parc, ils étaient terrorisés"
Son avis sur le président actuel, Charles Vileneuve ? : "Je n'ai pas envie de le juger, dire du bien ferait penser à de la complaisance, du mal à de l'aigreur. Delanoë m'avait dit: «Ton problème, c'est que tu es trop populaire». Villeneuve ne l'est peut-être pas assez. Aujourd'hui, ce qui est fait est bien fait. Avec Makelele et Giuly, on a de vrais leaders. Jusqu'ici, j'aurais fait la même chose que lui."
Pendant sa période de président, Cayzac a eu l'impression que ses joueurs ne l'écoutaient pas : "Quand je leur parle de ma honte après la défaite au Parc face à Rennes, il n'y a pas de réaction, pas de dialogue, peut-être à cause de la présence de l'entraîneur. J'ai beaucoup parlé, j'ai même fait une lettre aux joueurs à un moment, mais j'ai eu du mal à avoir des retours. Ce n'est pas de l'indifférence. La première année, la vie du club était vraiment en danger : les mauvais résultats, le drame de la mort du supporteur."
Enfin, l'ancien publicitaire avoue qu'il n'est jamais parvenu à redonner confiance à son groupe après les différents tourments vécus lors de ces deux saisons : "Je n'ai pas trouvé les armes pour restaurer la confiance. Peut-être que Bernard Tapie aurait fait mieux que moi dans un autre style. Moi, j'ai tout essayé. Le drame du Parc des Princes a suivi l'équipe pendant tout mon mandat. Je crois aux mauvaises ondes qui se propagent. Quand un président a le spleen, les joueurs l'ont aussi. Quand on voit cette tribune fermée, inconsciemment, ça a pesé. C'est incroyable, ces bourdes qu'on faisait au Parc et pas ailleurs. Je suis toujours à la recherche d'explications, je n'ai pas encore tout compris. Comment peut-on être aussi mauvais au Parc et si bons à l'extérieur ? Au Parc, ils étaient terrorisés. La confiance, dans le sport, ça fait beaucoup."