Publié le 28 Septembre 2005 à 18h40 par D
Voici un point sur la situation de "l'affaire" opposant le PSG et les deux joueurs, Carlos Bueno et Cristian Rodriguez, au club Uruguayen de Peñarol. Affaire qui dure déjà depuis environ deux mois...et on ne sait toujours pas quand on en verra le bout.
Une décision étonnante
La semaine dernière, la commission du statut du joueur de la Fifa a décidé de maintenir la suspension de Carlos Bueno et de Cristian Rodriguez. L'instance du football mondial a donc demandé à la Fédération Française de Football de ne pas autoriser l'enregistrement provisoire de Cristan Rodiguez et de Carlos Bueno, en précisant : "La FIFA a maintenu son interdiction de jouer aux deux joueurs, car elle considère qu'ils ont toujours une relation de contrat avec Penarol."
Une décision pour le moins étonnante étant donné que, dans le même temps, cette même instance a reconnu que "les contrats entre les joueurs et Peñarol sont bien arrivés à échéance le 31 décembre 2004".
La FIFA a donc étrangement pris en considération une loi uruguayenne (non reconnue à l'échelle internationale, allant même à l'encontre de l'article 13 du Règlement de la FIFA) stipulant qu'un club pouvait prolonger un de leur joueur quand bon leur semble sans l'aval du joueur en question.
Pour Philippe Piat, le nouveau président de la Fifpro (syndicat international des joueurs) qui siège à la chambre de résolution des litiges, la position actuelle de la Fifa est surprenante. Interrogé par Le Parisien, il affirme : "La réglementation uruguayenne n'est pas valable. La FIFA ne doit pas tenir compte des prolongations automatiques de contrats."
Quel recours pour le PSG ?
Les dirigeants parisiens envisagent de se tourner vers le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) pour régler cette affaire le plus rapidement possible. "Avec le TAS, ça peut aller très vite, assure Philippe Diallo, directeur général de l'Union des clubs de football professionnels, interrogé par Le Parisien. Dans l'affaire Mexès, l'AS Roma a vu ses sanctions suspendues au bout de quinze jours." Mais, pour le moment, cette démarche est impossible puisqu'il reste des recours auprès de la FIFA.
Pour l'instant, comme prévu, le PSG va simplement faire appel devant la chambre de résolution des litiges de cette décision de la semaine dernière.
D'appel en appel, cette affaire risque donc de traîner encore quelques temps. Espérons, en attendant le verdict final (qui est très loin d'être arrivé), que Bueno et Rodriguez obtiennent sous peu une licence provisoire, comme ça avait été le cas pour une semaine, où Bueno en avait profité pour fouler les pelouses françaises. Moutier affirme toutefois : "ça ne devrait pas se débloquer avant deux ou trois semaines".
Peñarol : "10 M d'€ pour les deux joueurs"
Par le biais de toutes ces procédures, le PSG et les joueurs devraient obtenir gain de cause tôt ou tard. Cependant, même si "négocier serait admettre que nous ne sommes pas dans notre bon droit, ce qui n'est absolument pas le cas" affirmait Moutier au Parisien, si la situation reste désespérément bloquée, le PSG essayera peut-être de mener des négociations avec Peñarol pour trouver une solution. Car le club uruguayen "ne souhaite pas récupérer ces deux joueurs", selon José Pedro Damiani, le président de Peñarol. "Pour nous, ce qu'ils nous ont fait, c'est une trahison. La situation est très claire, Bueno et Rodriguez sont encore sous contrat avec nous et nous réclamons près de 10 M€ pour leur transfert."
Ce montant ferait cher pour des joueurs supposés libres ("On ne comprend pas. Quand ils sont arrivés à Paris, Bueno et Rodriguez n'avaient pas de contrat, ils étaient donc libres" ajoutait encore Moutier), cette liberté n'étant contestée que par une loi propice à l'Uruguay et plus généralement à l'Amérique du Sud.
Quand la politique se mêle au sport
Car le problème est bien là : cette affaire a pris une tournure politique. Si les règlements semblent donner raison au PSG, l'influence du vice-président de l'instance internationale, l'Argentin Julio Grondona (ami de longue date de Damiani au passage) et de l'Uruguayen Juan Pedro Damiani (qui est lui le fils du président de Peñarol), qui entendent préserver les intérêts sud-américains dans ce dossier, ont semble-t-il beaucoup de poids. Jean-Michel Moutier va également dans ce sens : "La FIFA cherche à nous pousser à la table des négociations, cela lui permettrait de préserver le lobby sud-américain. Cette affaire dépasse Peñarol et concerne toute l'Amérique du Sud. Elle remet en cause l'équivalent de l'arrêt Bosman sur ce continent. Donner tort à Peñarol ferait jurisprudence. Mais contre le lobby sud-américain, nous allons épuiser tous les recours possibles."
Le départ des deux uruguayens de façon quasiment gratuite vers le PSG met donc la FIFA dans l'embarras . Tout va dans le sens du PSG mais le risque d'une jurisprudence force l'instance mondiale du football à tout faire pour que les deux clubs trouvent un compromis.
Les deux joueurs, principales victimes de l'affaire, attaquent la FIFA
En effet, ce sont bel et bien Carlos Bueno et Cristian Rodriguez qui souffrent le plus de la situation actuelle : "ils commencent à perdre patience". En quittant leur pays, ils croyaient que leur situation allait s'arranger rapidement, mais deux mois plus tard, ce n'est toujours pas le cas. "Empêcher de jouer des joueurs sans contrat, c'est une atteinte à la liberté du travail. C'est une première dans l'histoire de la FIFA." déclarait Moutier.
Ainsi, les deux joueurs vont déposer une plainte au tribunal de commerce de Zurich, où se situe le siège de la Fédération internationale de football (Fifa), pour "entrave à la liberté de travail".