Pour ma part, il y a un cliché en particulier qui m'exaspère : c'est celui qui consiste à dire qu'au Paris SG il n'y a pas de bons latéraux. J'ai parfois l'impression que si vous êtes invités dans une réception mondaine, que vous n'avez rien à dire et que vous craignez de passer pour un gland, il suffit de prendre un air un peu supérieur, genre j'y ai réfléchi super longtemps, et de balancer à haute voix « de toutes façons au PSG il n'y a jamais eu de bons latéraux » pour passer pour le personnage le plus brillant de la soirée. Genre finalement on va peut-être vous engager sur Canal+ à la place de Platini pour faire le consultant les soirs de Ligue des Champions...
« Au PSG il n'y a jamais eu de bons latéraux... » : certains y croient !
Mais le pire dans cette affaire, ce n'est pas que des journalistes, ou des amateurs se ridiculisent en usant cette idée préconçue... puisque ça marche. Ils auraient tort de s'en priver ! Le pire c'est que certains y croient vraiment. Que des amateurs de football gobent ce type de clichés m'étonnera toujours. Qu'ils pensent en plus que suivre le troupeau sans analyser ce qui se passe réellement fait d'eux des gros malins me laisse sans voix. Nos latéraux ont toujours été mauvais ? Il faudra m'expliquer ce qu'était Heinze si ce n'est un bon latéral gauche. Et Angloma, au début des années 1990, pourquoi certains oublient-ils qu'il a porté nos couleurs avant de partir dans un club du sud de la France ? Voilà deux exemples qui semblent contredire l'idée reçue de nos pseudo spécialistes.
Pourtant, il reste l'anecdote qui m'a donné envie de parler de cela : l'article paru cette semaine dans un quotidien gratuit distribué en Île-de-France. Il était consacré à Bernard Mendy. Grosso modo, pour ceux qui ne l'auraient pas lu, on nous expliquait que Mendy était nul, ce qui est normal, étant donné qu'à Paris il n'y a jamais eu de bon latéraux. Jusqu'ici, c'est idiot, mais pas vraiment neuf me disais-je... C'est la conclusion qui m'a fait bondir : que fallait-il selon le journaliste pour que Mendy améliore son jeu, sa technique ? Qu'il quitte le club au Mercato !
Voilà la logique ultime du raisonnement : comme au Paris SG les latéraux sont mauvais, ces footballeurs n'ont qu'à quitter la Capitale, et soudain ils deviendront bons... Ca laisse rêveur. Pourquoi au juste Bernard deviendrait-il subitement un génie du côté droit en s'éloignant de Paris me direz vous ? Je ne sais pas, il faudrait le demander à l'auteur de cette brillante analyse. Sans doute la région parisienne est-elle porteuse d'un virus de la grippe du poulet anti-bon latéral. Ou alors ces garçons qui arrivent au Paris Saint-Germain doivent signer une clause spéciale qui les oblige à jouer n'importe comment pendant qu'ils sont au Parc... Mais le gars avait l'air sur de lui. À Paris, impossible d'être un latéral correct, en revanche, le même gars, ailleurs, ça doit pouvoir le faire. Il y a tellement d'exemples. Regardez Colleter, traité comme le dernier des nuls ici, mais respecté et admiré à Bordeaux et à Marseille ! Ou plus récemment, Potillon, adulé par les supporters à Saint-Etienne, jugé indispensable par la presse à Sochaux, mais raillé au Paris SG. Et Armand, aux portes de l'équipe de France à Nantes, mais qui n'a soudain plus aucun niveau depuis qu'il a franchi le Périphérique... Cette médiocrité vient bien uniquement de la Capitale. Logique, non ?
Et si on comparait avec ce qui se passe ailleurs ?
Mais une question me taraude... Serait-ce donc notre club qui rend ces joueurs mauvais, puisque les journalistes les disent bon quand ils évoluent dans une autre équipe, ou bien faut-il aller chercher l'explication ailleurs ? Rien n'interdit de réfléchir au problème, n'est-ce pas... Alors interrogeons-nous : Peut-être que ces garçons jouent plus ou moins de la même manière chez nous qu'en province, mais qu'à Paris on se contente de les critiquer, puisque c'est censé être bien vu. Peut-être que tout le monde se raccroche à un cliché débile et oublie de regarder les vraies prestations de ces joueurs ? Peut-être que Colleter méritait déjà notre respect au Parc alors qu'il ne jouait pas moins bien qu'à Marseille ?
Prenez Mendy. Pourquoi est-il nul ? Parce qu'il ne sait pas centrer. C'est la réponse officielle. L'argument choc. Personne dans la presse ne songe à aller plus loin. Mais maintenant, prenez l'équipe de France, et Thuram en 1998, ou Gallas aujourd'hui. Personne ne songe à dire que ces joueurs sont nuls. Et pourtant, personne n'a jamais vu l'un ou l'autre centrer... Alors pourquoi ce que personne ne leur reproche devient totalement rédhibitoire pour notre Ber' ? Autre latéral du PSG : Armand, qui soit disant ne combine pas assez avec Rothen. Point final. Si tous les fins connaisseurs du ballon rond analysaient quelques instants le jeu de l'équipe de France, peut-être comprendraient-ils que l'apport offensif d'un Gallas ne peut être meilleur que celui d'Armand, étant donné que William dit lui même qu'il est incapable de donner un ballon du pied gauche... Gênant pour son poste, non ? Et pourtant, il est considéré comme l'un des meilleurs latéral gauche. Pourquoi accepte-t-on chez l'un ce que l'on refuse plus ou moins justement chez l'autre ? Ne peut-on pas juger de la même manière les Parisiens et les autres latéraux ?
Seulement voilà, pour paraître intelligent il faut dire qu'à Paris, il n'y a jamais eu de bons latéraux, et basta. Alors les commentateurs télé qui se taisent à propos des Nakata, Mathieu, et autres pitoyables latéraux qui ont peuplé la L1 depuis des années critiquent la qualité de nos centres. Comme si ça empêchait d'être champion du monde. Alors la presse écrite qui ridiculise Mendy se prépare déjà à retourner sa veste le jour où il nous quittera. Et les lecteurs des journaux gratuits persistent et signent quand ils parlent aux fans du paris saint-Germain : comment peut-on supporter un club comme le Paris SG, puisqu'il n'a jamais eu de bon latéral dans ses rangs ? Pourquoi aller voir un match au Parc alors que les défenseurs sont nuls : le jeu doit être pitoyable. La bonne excuse est trouvée, supporter le Paris Saint-Germain devient une faute de gout. Ou pire, la preuve que vous n'y connaissez rien au foot. Cette rengaine dure depuis des années, et son incroyable stupidité n'empêche pas tout ce petit monde de continuer à ergoter, à se pavaner, à se féliciter de taper sur la même cible, sans même savoir pourquoi.
Je supporte le Paris SG. J'ai le droit ?
Et bien vous m'excuserez, mais Colleter, je le trouvais bon avant même qu'il ne nous quitte. J'ai le droit ? J'en suis désolé, mais je pense que Gaby Heinze était un latéral parisien plutôt doué. J'ai le droit ? C'est ballot, mais je trouve qu'Armand a autant sa place chez les bleus qu'un garçon qui n'a pas de pied gauche. J'ai le droit ? Et si Mendy centre parfois au troisième poteau, pour ma part j'apprécie tout de même ses grands-ponts et certaines de ses interventions défensives. J'ai le droit ?
Pas sur... Il paraît que pour faire partie de ceux qui s'y connaissent, il faut avoir honte de nos latéraux. Il paraît que pour avoir l'air intelligent il faudrait tous les condamner, un par un.
Zut alors... Parce que pour faire partie des fans du Paris SG, ceux qui supportent vraiment ce club, il faudrait plutôt les encourager, au contraire. Alors vous me pardonnerez ou pas, mais les idées reçues, les clichés idiots, finalement je ne vais peut-être pas en tenir compte. Parce que de plus en plus, j'ai tendance à me dire que « No one likes our fullback defenders... And I don't care » (personne n'aime nos arrières latéraux... et je m'en fiche). Vraiment, je sais que ça n'est pas bien, mais je suis supporter du Paris Saint-Germain FC et j'évite de critiquer injustement les joueurs Rouge et Bleu juste parce que c'est l'avis général. Pire, je récuse cette idée reçue. Je crois qu'au Paris Saint-Germain, il y a eu, il y a et il y aura encore des bons latéraux.
J'ai le droit ?
