C'est l'histoire d'un garçon qui a grandi dans le quartier des Minguettes, dans la banlieue de Lyon, et qui a fini par atterrir dans la capitale grâce à un stage. D'abord doté d'un contrat amateur, puisqu'il n'avait pas encore la nationalité française, le petit Luis finit par être naturalisé début 1981. Le début d'une grande aventure pour lui.
A tout juste 19 ans, Luis Fernandez fait ses débuts en pro lors d'un match contre Nancy le 11 octobre 1978. Et pour son premier match, le milieu de terrain obtient le penalty qui permettra à Bianchi de donner la victoire à Paris (2-1). Entraîné par Pierre Alonzo, père de Jérôme futur gardien du club, il se fait une place dans cette équipe et s'impose à partir de l'été 1980 dans la foulée de son premier contrat en pro.
Milieu de terrain batailleur, combatif, de caractère, il va devenir le chouchou du Parc. Il participe ainsi aux premiers succès du club, les Coupes de France 1982 et 1983 et est sélectionne en parallèle en équipe de France, participant à la grande épopée des Bleus lors de l'Euro 1984 en France et la Coupe du monde 1986 au Mexique. Luis Fernandez est le premier Titi parisien à être international français.
Incontournable au PSG, Luis Fernandez s'autorise même quelques folies, comme lorsqu'il lance sa marque de sportswear avec Gérard Lozano : "J'ai commencé dans le football très jeune. J'espère que ça va continuer car je suis ambitieux. Et je me donne aussi de l'ambition dans le prêt-à-porter. Cela permet de s'évader du contexte du football. Je le fais pour les jeunes qui n'ont pas les gros moyens car je viens d'un milieu social assez bas".
Mais c'est bien sur le terrain qu'il se fera remarquer avec des prestations constantes qui en feront le capitaine du PSG champion de France 1986. Lors de cette saison, il marque d'ailleurs le but le plus rapide d'un PSG-OM au bout de 50 secondes de jeu. Et en inscrit d'autres, comme cette réalisation importante face à Nantes après un une-deux avec Rocheteau (2-1) ou une autre à Brest pour empêcher la défaite après avoir marqué contre son camp en début de partie (voir vidéos plus bas).
Comme un symbole, il marque le dernier but de cette saison 1985/86 face à Bastia (3-1). Un but sur penalty qui clôt son histoire avec le PSG : "On a été leaders dès la 2e journée, c'est un exploit. On peut tirer un grand coup de chapeau aux joueurs, à l'entraîneur, aux dirigeants. Les supporters ont été formidables, ils nous ont montré leur amour. On leur a bien rendu".
Seulement, son départ est houleux puisqu'il s'en va au Matra Racing, autre club parisien monté par le groupe Lagardère. Un vrai coup de poignard. Luis l'explique par des raisons financières : "Je ne gagnais pas grand-chose au PSG. Je ne regardais pas ce que gagnaient les Rocheteau, Dahleb, Susic etc. Et puis cette offre est venue". Au Matra, Fernandez multiplie par 28 son salaire, passant de 25000 francs mensuels à... 700000 !
Son histoire avec le PSG s'arrête brutalement. Mais il garde ce club dans son cœur : "J'ai grandi au centre de formation. J'ai du trouver mes marques, il faut s'imposer au milieu de tous ses joueurs. Le président Francis Borelli m'a marqué, je ne suis pas près de l'oublier. Pierre Alonzo aussi. Sans eux, je n'en serai pas là. Je suis né au PSG. J'ai grandi avec ce club et je l'ai aidé à remporter ses premiers succès. En fait, le PSG, c'est le grand amour de ma vie !"
Plus tard, il reviendra dans son club de cœur en tant qu'entraîneur lors de deux passages (1994-1996 puis 2000-2003) où il gagnera notamment la Coupe des Coupes 1996. Son deuxième passage sera moins marquant, avec pas mal de problèmes avec les dirigeants et certains joueurs (Anelka, Ronaldinho). Et des conférences de presse lunaires, comme celle-ci en décembre 2002 au plus fort de la crise (voir ci-dessous).
Si ses passages sur le banc ont pu donner un gout d'inachevé, Luis Fernandez reste un joueur de légende du club. Il reproche même au PSG d'oublier parfois les anciens, comme il l'a exprimé sur les ondes d'Europe 1 à l'automne dernier (voir vidéo plus bas). Ce qui est sur, c'est que ce club, lui, il ne l'oubliera jamais.
De 1978 à 1986 : 273 matches – 38 buts.