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Supporters PSG : Arno P-E : Ce qui nous manque

Publié le 27 Janvier 2008 à 15h09 par Arno P-E
Supporters  PSG : Arno P-E : Ce qui nous manque
Etrange sentiment dans les tribunes après la large victoire du Paris SG face à Metz. Trois jolis buts, la fin de la grève, et un match gagné tranquillement alors qu'il n'y a pas si longtemps encore, le public parisien était sevré de victoires... Beaucoup de sourires, mais paradoxalement pas de grosse joie, et surtout une ambiance très faible. Peut-être faut-il maintenant s'interroger, pour comprendre cela, sur ce qui nous manque, au PSG.

Mercredi soir, deuxième mi-temps. Luyindula reçoit un ballon difficile, devant la défense messine. Le PSG mène déjà au score mais n'est pas encore parvenu à se mettre définitivement à l'abri. D'un dribble chanceux, Peggy franchit le rideau des Grenats. Diané, arrivé dans son dos, récupère la balle. Une roulette pour s'ouvrir l'angle, une frappe du droit, ajustée plus qu'appuyée, et le score passe à 3 à 0. Ce coup-là, c'est fini, le match est plié. Les Lorrains ne reviendront pas, c'est sur. Et pourtant Auteuil n'explose pas.

De grands sourires animent nos visages, les voisins de tribunes se frappent la main, les écharpes commencent à virevolter... mais l'ambiance retombe, doucement. Le cœur n'y est pas. Le capo tente bien de remotiver les troupes, mais rien n'y fait. Auteuil ne suit plus. Comme si le froid avait engourdi l'ensemble du virage.

Que si passe-t-il à Paris ? Pourquoi les supporters du PSG ne parviennent-ils pas à recréer ce qui a fait leur réputation ? Que nous manque-t-il pour redevenir ce que nous ne sommes plus : un public exceptionnel ?

Des besoins, et des regrets

Ce qui manque, cela peut se comprendre de deux manières. Il y a tout d'abord ce qu'il faudrait acquérir afin de progresser, ce qui fait défaut. Ce détail qui vous ferait franchir un palier. Mais ensuite, ce qui nous manque, c'est aussi ce que l'on regrette, ce que l'on avait mais qui s'est évanoui, et dont aujourd'hui le souvenir provoque un sentiment de vide.

Ici, pour les supporters parisiens, les deux sont peut-être liés : ce que l'on se remémore avec une nostalgie chaque fois plus aiguë peut se révéler être ce fameux petit plus qui nous rendrait meilleurs.

Auteuil semble perdu depuis quelques mois. Les fans se bougent, chantent, ils tentent des choses. Les associations animent parfois de splendides tifos et leurs capos appellent à l'indulgence à la fin d'une mi-temps ratée, pour éviter les sifflets. Mais un mois plus tard les mêmes supporters gardent le silence quand le PSG mène 3 à 0 contre Lens, parce que ces associations qui faisaient tout pour apporter de la vie au Virage ont appelé à la grève, la mort dans l'âme. Situation ubuesque aux multiples conséquences : paradoxes, revirements... et doutes.

Debout au milieu de sa tribune, on recherche des repères. Où est la vérité ? Que faut-il faire ? Aurions-nous vraiment du chanter contre Metz ? Mais qu'est-ce qui avait changé depuis Lens pour qu'il faille tout bouleverser une nouvelle fois ? Depuis, le PSG avait perdu à Lorient... Les exigences des grévistes, que ce soit au niveau du mercato ou d'un éloignement significatif de la zone rouge n'ont pas été remplies. Alors toutes ces questions demeurent en suspens. Il n'y a pas de réponse.

Mercredi dernier il faisait froid quand Amara Diané a marqué. Pourtant ce but nous a fait du bien, soulageant même les plus pessimistes quant au résultat final. Alors comme tout le monde j'ai étreint ceux qui étaient à mes côtés à Auteuil. Des gars que je n'avais jamais vus auparavant, mais avec lesquels j'ai vécu le plaisir de cette victoire qui se profilait. On s'est souri, félicités entre supporters d'un même club et je crois que nous étions heureux. Et pourtant ça s'est arrêté là. Nous n'avons pas su prolonger cette union pour enflammer le stade.

Pourquoi Auteuil n'y arrive plus

Un capo a alors parlé d'amour du virage. De générosité. Il a eu de belles paroles, des mots qui normalement vous touchent plus que vous n'oseriez l'avouer, qui résonnent dans vos oreilles alors que vous vous dîtes qu'il a raison, et qu'il est temps de s'oublier un peu pour donner davantage. Mais là, rien.

Revêtir le rôle du quinzième qui s'extasie parce qu'il a infligé une défaite au vingtième n'a rien de glorieux. Ni d'exaltant. Alors une fois encore, l'ambiance est retombée.

Depuis quelques temps, depuis Auteuil sourd parfois un sentiment sur lequel on n'ose trop se pencher. Une émotion fugace, de celles que l'on écarte sans même s'en rendre compte, d'un revers de la main, tant elles sont désagréables, et lourdes de conséquences.

L'impression de se battre pour rien.

Pourtant, nous avons été récompensés de notre travail l'an passé. L'union sacrée a contribué à sauver un club en perdition. Et la joie d'une victoire contre Nantes, un succès qui scellait d'un même coup nos deux destins, faisant prendre aux plus vieux clubs de L1 des directions opposées, cette ivresse aurait du nous suffire. Sur le long terme, il n'en a rien été.

Parce qu'à la vérité, se battre pour se sauver, se battre pour échapper à la défaite, à une nouvelle humiliation, toujours plus cuisante, lutter pour se réjouir de n'avoir pas vécu un désastre encore plus grand, plus définitif que tous ceux que nous avons déjà encaissés, au fil des ans cela n'a plus rien de motivant.

C'est peut-être ça au fond notre problème, notre fameux manque : l'excitation de lutter pour la victoire. Tout donner pour grimper encore plus haut, envers et contre tous, plutôt que pour échapper à la chute. Peut-être que les faits nous montrent aujourd'hui que nous ne sommes pas si forts que cela, nous aussi, les supporters, et que nos promesses de fidélité renouvelées à chaque match étaient plus faciles à tenir depuis le sommet de l'Europe qu'une fois plongés dans la fange des bas-fonds de la L1.

Peut-être qu'inconsciemment, et malgré tous les efforts, toute la meilleure volonté possible, Auteuil n'en peut plus et s'est usé ?

Ce petit truc qui nous aiderait à retrouver le feu d'un Virage qui ne fait plus peur qu'à lui-même, ressemblerait alors beaucoup à ces souvenirs désormais un peu amers. Ceux qu'il faut chercher du côté d'un PSG - Madrid, il y a quinze ans. Quand le courage et la hargne qu'il fallait déployer pour déchirer un stade servaient à aider Paris à combattre un ogre contre lequel personne ne nous donnait la moindre chance, et pas à enfoncer Metz ou Nantes. Ou encore du côté de cette lutte contre l'adversaire marseillais, multi-titré. Quand chaque point compte, pendant tout un an, et quand l'abnégation de ceux qui ne lâchent rien durant une saison complète, match après match, trouvait sa justification dans la quête d'un titre de champion, et pas dans la volonté de finir huitièmes plutôt que trois places plus bas.

Retrouver la rage de vaincre

Ce qui manque aux Parisiens tiendrait alors en un mot : la rage. Il n'y a plus de rage de vaincre au Parc. De la colère, oui. De la joie, parfois, un peu. Du ressentiment, de la frustration, de la peur, du soulagement, de l'envie, tant que vous en voulez. Mais la rage, ce sentiment qui vous brule les poumons et qui vous fait vous projeter en avant sur chaque parole d'un chant qui coupe les jambes des visiteurs, où est-il ?

Dans nos mémoires, seulement. Et cette rage-là elle nous pèse. Elle nous gêne parce que tous nous nous souvenons du temps où elle habitait les tribunes populaires, puis s'étendait comme une maladie hautement infectieuse pour gagner l'ensemble du Parc.

Cette rage qui a contaminé un Paris SG – Steaua Bucarest un soir d'aout, on ne peut affirmer sans mentir qu'elle nous anime encore. Qui peut se dire que match après match il se dirige vers le Parc avec la même force rentrée, la même énergie que ce jour-là, prêt à renverser une montagne, prêt à se dépouiller pour voir Paris remonter trois buts ?

Il le faudrait pourtant, arriver en tribune avec cette volonté chaque fois renouvelée d'aller au bout, coute que coute, de s'oublier. De se sacrifier. Il ne s'agit plus que d'amour et de générosité. Au bout d'un moment, même si on le souhaite, le corps, l'esprit ne suivent plus quand ils ont trop été sollicités. On n'a plus rien à donner, et se l'avouer fait mal. Mais le nier ne servirait à rien. Et se chercher des excuses serait se mentir.

Peut-être que ce qu'il nous faut désormais, c'est tout simplement voir Paris gagner. Cruel constat que celui-ci. Il prouverait alors que ceux qui sont censés aider le club à vaincre, partout, tout le temps, ceux-là même qui devaient contribuer à faire la différence ont désormais besoin que leur équipe gagne, pour retrouver de leur force. Parce que proclamer que nous ne nous battons que pour nos couleurs, c'est trop dur. Il faut peut-être autre chose.

Nous battre pour le plaisir de la victoire. Nous battre pour la gloire et les titres. Nous battre pour être respectés et enviés. Et surtout ne plus avoir l'impression de parfois se battre pour rien.

Voir les joueurs Parisiens rentrer sur une pelouse pour conquérir autre chose qu'une place médiocre, mais synonyme de passage dans la première partie du classement. Vous parlez d'une motivation ! Aider le Paris SG à reprendre la tête du championnat.

Cela n'aurait rien de facile, il en faudrait de cette rage, de cette soif de victoire en tribunes.

Mais pousser les Rouge et Bleu à reconquérir un billet pour la Ligue des Champions puis les accompagner dans cette aventure. Ca oui. Aimer nos joueurs, les soutenir. Le faire en prenant le risque de se taper du gros et de perdre, le risque d'être déçus. Accepter pour cela de se vider les tripes et de tout donner avant de tout perdre, peut-être.

Inviter les clubs européens les plus prestigieux à venir vivre un enfer au Parc des Princes. Et contribuer à le construire cet enfer, quitte à se bruler soi-même.

La voilà peut-être, la motivation pour retrouver le gout du sacrifice : se battre pour revivre cela, ce dont nous avons été privés depuis si longtemps. La rage de vaincre aux côté de ces joueurs dont nous serions fiers.

Ce qui nous manque tant.

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