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Anciens PSG : Fournier - "Si Le Guen a besoin de moi…"

Publié le 07 Avril 2008 à 16h11 par Ludovic FRANCISCO
Anciens  PSG : Fournier -
Avec Laurent Fournier, Paris jouait pour la Ligue des Champions. Avec ses successeurs, Paris joue pour le maintien chaque année... En janvier 2006, les Rouge et Bleu étaient sixièmes de L1 à un point du deuxième, Lens mais Pierre Blayau trouvait le moyen de virer son entraîneur ! Une balle dans le pied du club... Heureusement, l'histoire entre Fournier et Paris ne se réduit pas à cette triste fin. Comme joueur, c'est simple, il a tout gagné dans la capitale. Cela valait bien une "interview-légende" avec notre partenaire "Le Foot Paris".

Laurent, en 1991 vous arrivez à Paris en provenance de... Marseille.

J'étais en vacances et quand je suis rentré, j'ai vu dans les journaux que j'étais annoncé à Paris avec Germain et Pardo, en échange avec Angloma. Quand j'ai vu que Canal reprenait le club, je me suis tout de suite dit que ça pouvait être un challenge intéressant. Avec quelqu'un comme Denisot à la tête du club, on savait où on allait.

Quelles étaient vos ambitions initiales ?

Il y avait pas mal de nouveaux joueurs. On sentait l'envie de faire un grand club dans la capitale. Christian Pérez et Daniel Bravo, qui étaient déjà au PSG, nous ont super bien accueillis, ce qui a beaucoup contribué à nos bons résultats dès le début.

Avec Marseille, vous veniez d'être sacré champion de France et finaliste de la Ligue des Champions (91), quelle a été la saveur de votre premier titre avec Paris en 1993 ?

Cette victoire en Coupe de France (NDLR : 3-0 contre Nantes) venait concrétiser notre bon travail sur la saison, on avait fini deuxièmes. On avait fini troisièmes la première année, un groupe s'était soudé et cette Coupe nous permettait de continuer à progresser, à engranger de l'expérience en jouant la Coupe d'Europe derrière.

Vous aviez signé trois ans, pourquoi ne pas avoir prolongé en 1994. Luis Fernandez ne comptait pas sur vous ?

Pas du tout, je n'avais aucun problème avec Luis.

Alors pourquoi ?

J'étais en désaccord avec la direction du club. Je crois que parfois, un joueur doit savoir défendre ses intérêts et pour ma part, il ne s'agissait pas d'intérêts financiers mais de respect de personne.

C'est-à-dire ?

Alain Migliaccio était mon agent depuis 1980. J'ai quitté Paris car à ce moment-là, le PSG ne voulait pas travailler avec lui. Par fidélité, je suis resté du côté d'Alain. Et l'année d'après, je suis revenu au PSG avec... Alain Migliaccio.

Au fond de vous, saviez-vous que vous reviendriez ?

J'avais le sentiment d'avoir fait mon boulot. En trois ans, le club avait gagné la Coupe de France, on a fait deux demi-finales de Coupe d'Europe, on avait été champion, qualifiés en Ligue des Champions... Je suis parti en même temps qu'Artur Jorge qui a aussi fait beaucoup pour le club. J'aurais préféré rester mais dans la vie, il faut faire des choix... Et ce fut une victoire de revenir avec le même mec.

Comment s'est passé votre retour en 1995 ?

J'étais à Bordeaux, Alain Migliaccio m'appelle et me dit qu'il y a une possibilité pour que je revienne à Paris. Donc je n'ai pas hésité car pour moi, mes trois premières années à Paris avaient été belles tandis qu'à Bordeaux il y avait eu plusieurs changements d'entraîneurs en une saison. J'avais la possibilité de revenir dans un club que je connaissais donc sans trop de temps d'adaptation. Et ça s'est bien passé !

Avec cette victoire historique en Coupe d'Europe dès 1996 contre le Rapid de Vienne (1-0).

Le plus beau, c'est cette progression qu'on a eue ensemble. On était parti de pas grand-chose en 1991 avec un groupe de qualité, sans grosse star mais qui avait envie de progresser ensemble. Cette Coupe d'Europe fut un aboutissement. Mais ce soir-là, on ne peut pas dire qu'il ne pouvait rien nous arriver car on n'était pas dans une phase très positive en championnat, mais on s'est bien serrés les coudes et cette victoire a été acquise avec beaucoup de volonté et de détermination.

Toute cette préparation à Hendaye, avec Yannick Noah, vous a-t-elle vraiment servi ?

Elle nous a déstressés, Yannick nous a apporté une certaine sérénité mais il n'a pas été tout seul. Tout le travail de Joël Bats a été précieux, celui de l'entraîneur et de tout le staff, c'est un tout qui nous a permis de gagner.

Vous aussi, vous étiez-vous teint les cheveux en vert à l'Elysée pour voir Jacques Chirac ?

(Sourires) Non en rouge ! Il n'y avait plus de bombe verte, c'est pour ça, il fallait bien que ça tombe su quelqu'un et c'était moi! J'étais le seul en rouge... Avec la nuit qu'on venait de passer, on était un peu fatigué donc on a pris les couleurs qu'on trouvait.

En 1997, vous auriez pu devenir le seul club français à gagner deux Coupes d'Europe d'affilée.

On n'est pas passés loin en plus. On a eu beaucoup d'occasions, on a mis des frappes sur le poteau. Barcelone a marqué sur sa seule occasion avec ce penalty (NDLR : transformé par Ronaldo). Donc oui, c'est une déception de ne pas être entre dans l'Histoire.

Avec de départ de Denisot et de plusieurs joueurs, la saison 1997-1998 marque la fin d'une époque.

Cette année-là, on avait bien commencé le championnat, on comptait jusqu'à huit points d'avance sur le deuxième et on dégringole en deuxième partie de saison (NDLR : le PSG avait finit 8e). Heureusement, les deux Coupes (de France et de la Ligue), nous ont a permis de sauver un peu les meubles. C'était la fin d'une époque, on savait que des changements se préparaient, qu'il fallait passer à autre chose. Le nouveau président (Charles Biétry) a manifesté son envie de changer beaucoup de choses. On a vu après que ce n'était pas forcément une bonne chose. D'autant qu'il y avait des joueurs, dont moi, qui aimaient le club et qui voulaient rester, se défoncer, quel que soit le président. Le but, c'était de jouer, rester et pourquoi pas faire la transition avec ceux qui arrivaient pour les aider. Mais on avait l'impression que Biétry n'avait pas confiance en nous. Il y a eu le départ d'Alain (Roche), de Vincent (Guérin), finalement on est tous partis.

Regrettez-vous qu'aujourd'hui, les PSG-OM soient bien moins chauds qu'à votre époque ?

C'était des matches tendus d'abord parce que c'était la rivalité entre le premier et le deuxième. Aujourd'hui, c'est le quinzième qui affronte le seizième, donc je ne vois pas l'intérêt de se battre, si ce n'est pour la quatorzième place !

Votre deuxième retour au PSG, vous l'effectuez en 2003, comme entraîneur de la CFA.

Oui, je suis revenu grâce à Antoine Kombouaré qui devait reprendre l'équipe première à l'issue de cette saison. Finalement Vahid est arrivé et Antoine est parti entraîner Strasbourg, mais j'ai quand même pris la réserve. C'était une progression pour moi puisque je venais de Pacy/Eure (27).

A peine deux ans plus tard, en février 2005, vous voilà propulsé à la tête des pros du PSG. L'expérience fut-elle plus éprouvante qu'enrichissante ?

Ce fut exceptionnel déjà parce que j'ai côtoyé des joueurs de qualité comme Lionel Létizi, Pedro Pauleta ... Après, je pense qu'ils ont adhéré au discours car cela s'est bien passé. Le seul regret que j'ai, c'est qu'on ne m'ait pas laissé finir.

Lionel Letizi vous a soutenu publiquement mais peu de Parisiens ont pris ce risque...

Chacun est libre de se regarder le matin dans sa glace pour se dire : "Est-ce que j'ai fait des choses bien ? Est-ce que j'ai fait des choses mal ?". Certains peuvent se dire qu'ils se sont trompés, ce doit être le cas. Et d'autres peuvent être fiers de ce qu'ils ont fait. Tout le monde ne m'a pas soutenu certes, mais ce ne sont pas les joueurs qui ont fait ma carrière de footballeur et comme je le dis, je me rappellerai des bons mecs c'est-à-dire les Alonzo, Letizi, Armand, Pauleta...

Et vous, que vous dites-vous quand vous vous regardez dans la glace ?

Que j'ai fait ce que j'avais à faire avec implication et honnêteté, avec mes qualités et mes défauts mais au moins je n'ai pris personne pour un c...

Y a-t-il des choses que vous referiez différemment ?

Non, ce que j'ai fait, je l'ai fait au moment présent, sans calculer. Calculer, ce n'est pas honnête. Dans ce milieu, beaucoup de gens calculent en pensant plus à leur carrière personnelle qu'au collectif. Ce n'est pas moi.

Voir que le PSG n'a jamais retrouvé la place qu'il occupait à votre départ (5e à un point du deuxième), n'est-ce pas frustrant ?

Bien sur mais aujourd'hui je suis content que ce soit Paul (Le Guen) qui soit au PSG à la place de l'autre (NDLR : Guy Lacombe) car lui, c'est un mec bien. Désormais, je reviens au Parc et je suis à fond derrière Paris. Après mon départ, j'ai refusé des propositions mais avec le recul, je pense que j'aurais du repartir tout de suite car attendre, c'est dur ! J'en ai profité pour m'inscrire au DEPF (Diplôme d'Entraîneur Professionnel de Football) pour passer tous mes diplômes d'entraîneur, il me reste deux mois (mars, avril) pour obtenir mon DEPF, j'ai fait un stage à l'Ajax d'Amsterdam, j'ai appris plein de trucs intéressants. Maintenant, j'espère repartir au plus vite !

Votre priorité pour entraîner reste la France ?

Oui, une L1 ou une L2 et s'il n'y a pas de place, on ira à l'étranger.

Votre passage à Nîmes (National) n'a pas duré trois mois (oct.-décembre 2008). Pourquoi ?

J'avoue que ce fut difficile ! Surtout quand c'est un championnat qu'on ne connaît et que le niveau est bien inférieur à celui du PSG. Le plus difficile, c'est d'avoir entraîné des très bons joueurs à Paris et ensuite de tomber très bas. Quand on est exigeants, on demande autant à des grands joueurs qu'à des joueurs moyens et à la fin, on ne voit que leurs défauts. A force de leur rentrer dedans, j'en avais un peu marre ! Mais je suis parti d'un commun accord avec le président, on s'est arrangés à l'amiable c'est plus simple pour tout le monde.

Aujourd'hui, seriez-vous prêt à revenir au PSG ?

Oui et même si Le Guen a besoin de moi pour superviser des matches, je suis dispo ! Mais mon objectif premier est de retrouver un club en L1 ou L2, pour l'instant je n'ai pas de contact mais j'espère que ça va venir vers la fin de saison. Ce qui me donne vraiment envie de continuer, c'est de finir ce qu'on ne m'a pas laissé finir. J'aimerais faire une saison pleine pour voir si les 31 points en 19 matches avec Paris n'étaient qu'une coïncidence... ou pas.

Propos recueillis par Emilie Pilet

Interview parue dans "Le Foot Paris" (n°43, avril 2008), actuellement en kiosques.

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