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Supporters PSG : Arno P-E : Qui peut comprendre ?

Publié le 12 Mai 2008 à 16h13 par Arno P-E
Supporters  PSG : Arno P-E : Qui peut comprendre ?
Samedi, 18 heures, au pied du Parc. Seconde mi-temps, en tribune. Et toute cette semaine... Qui peut nous comprendre ?

Le comportement des supporters prête souvent à sourire. Quand on quitte une réunion familiale en milieu d'après-midi, parce qu'il y a match le soir, les gens s'en amusent : « Tu pars déjà ? Mais il est à quelle heure ton match ? Vingt heures ? Tu vas arriver beaucoup trop tôt ! ». On répond dans un sourire un peu gêné que ça n'est pas grave, que l'on aime profiter de l'ambiance, être tranquille en prenant de la marge, et boire une bière avec les copains... Mais ça n'est pas tout à fait la vérité. Personne ne l'accepterait.

Et en cette fin de saison, après tous ces échecs, alors qu'il reste encore l'espoir de se sauver, du bout des doigts, nul n'a plus les ressources pour composer, donner une version édulcorée. Se rendre présentable. Cela ne compte plus. Il est trop tard désormais, et nous sommes allés trop loin.

Samedi, 18 heures, au pied du Parc. Les cafés sont bondés. Les trottoirs regorgent de supporters, à près de trois heures du coup d'envoi. Du jamais vu. Soleil, bermudas ou jupettes, tous les amis qui sont déjà là... ambiance estivale, détendue ? Non. Pas un sourire. Regardez-les, tous ceux qui disaient habituellement qu'ils viennent tôt pour profiter du moment. Personne ne profite aujourd'hui. De leurs histoires il ne reste plus rien. Les artifices, les faux semblants se sont évanouis, usés par Nice, par Caen, par toutes ces défaites qui auraient du nous sauver. Les couches de vernis sont toutes parties, griffées par une année de souffrance et de déceptions. Là, en plein soleil de cette fin d'après-midi, la réalité apparaît enfin.

Tous ils sont venus parce que chez eux ils n'en pouvaient plus. Rester à ne rien faire, attendant l'heure de partir, ça n'était plus possible. Essayer de penser à autre chose, ça n'était plus possible. Discuter de la hausse des prix du pétrole avec le cousin autour du barbecue, et se rendre compte gêné au bout de longues secondes de silence qu'il avait du vous poser une question mais que vous, ailleurs, vous n'avez rien écouté, ça n'était plus possible...

On vous l'a répété mille fois : Bon sang, mais ça n'est que du foot après tout ! Sauf que ça n'est même plus du foot. C'est le Paris Saint-Germain. Et ça fait mal. Le foot ne compte plus, la tactique ne compte plus. C'est le PSG. C'est notre club ! Il faut qu'il se sauve. L'envie de donner dans le sourire benêt, de jouer le rôle du gentil supporter un peu étrange, que l'on laisse partir tôt pour assouvir sa passion ridicule a disparu. La boule au ventre l'a bouffée. Il fallait quitter la famille, ces inconnus. Et se retrouver sur place, à tourner autour du Parc. Avec ses semblables. Partager.

Parce que même si cela ne sert à rien, ça faisait du bien de se retrouver tous ensemble samedi, à l'ombre du Parc. Ailleurs, les autres ne pouvaient plus comprendre. La seule possibilité c'était de rejoindre ceux dont on se sentait proche, pour vivre ce qui nous réunissait...

Vivre ce match. Et cette seconde mi-temps, en tribune. Après que Saint-Etienne a ouvert le score. Après une pause partagée de rage, d'abattement et de stupéfaction, d'idées noires. La défaite. La descente. L'effondrement d'un club auquel on donne tout. La reprise de la partie, et ces encouragements que l'on crie sans vraiment y croire, une partie du cerveau qui tourne en rond... La défaite. La descente. L'effondrement. On va vivre ça ! L'enfermement dans sa bulle. Les paroles des chants qui n'ont plus de sens. Dans le malheur ou dans la gloire ? La défaite ! La descente ! La fin... L'envie de s'asseoir, de se prendre la tête dans les mains. Le corps qui continue en mode automatique, mais sans ferveur. Et les joueurs qui, petit à petit prennent le dessus. Des contacts, des courses, la peur de descendre, l'envie de lutter. Les Parisiens qui se battent, qui taclent, qui courent, enfin. Les gars qui s'arrachent et mouillent le maillot. L'espoir qui revient, doucement.

Jusqu'au but. Le but, devant Auteuil ! La frappe de Clément, le filet qui tremble, le but !!! La folie.

Qui comprend la peur, la violence et l'attente ?

Qui peut comprendre ça ? Qui peut comprendre le besoin de se jeter sur l'autre en hurlant ? Le besoin d'évacuer la rage et la frustration, de se libérer en frappant les mains du voisin ? Qui peut comprendre la violence de l'instant, la violence physique des chocs contre les sièges, les rebonds contre les dossiers, la chute dans la travée, les coups... et le bien que cela fait. Le bien de la libération parce que le corps n'en pouvait plus, parce que les muscles se tétanisaient à force de rester à hurler sans bouger, tendu comme un arc. Les visages rejetés en arrière et la rage expulsée à plein poumons. Les bras tendus vers l'avant, le poing fermé, les tendons saillants. La pression qui fuse, partout, en une seconde.

Et le quart d'heure de folie qui suit. Le chaos, énorme, partout. Les chants qui n'ont plus ni queue ni tête, les tempes qui font mal, la vue qui se brouille tellement on pousse. Le PSG ? Ce ne sont que onze mecs derrière un ballon ! Vous ne comprenez pas ! C'était 45 000 explosions. La force brute. La folie. Parce que ça n'est pas fini, parce que le combat continue, parce que nous ne mourrons pas face à Saint-Etienne, pas sans tout donner.

Et le Parc qui va au plus simple, des chants où seul le nom du club compte. Le bruit, le bruit, partout, énorme. Les oreilles qui sifflent, les tympans qui se bouchent tant le volume est fort. Le ballon sort en touche, et les hurlements qui augmentent encore d'un ton. L'indescriptible clameur de 45 000 personnes qui jettent toutes leurs forces dans la bataille. La gorge fait mal, un voile noir descend devant les yeux, un Stéphanois s'approche de la surface, trois Parisiens se jettent dans ses jambes. Le vacarme s'enroule dans les travées, on perçoit son jusque dans la poitrine, il oppresse. La balle ne passera pas. Elle ne passera plus.

Les supporters du Paris SG ont tout donné. Personne d'autre ne peut comprendre ça. Pourquoi on se fait mal. Pourquoi on a besoin d'aller jusqu'à la limite. Pourquoi après ce match les oreilles sifflaient comme à la sortie d'une boîte de nuit. Pourquoi nous venons ensemble, souffrir ensemble, et repartons épuisés.

Il reste une semaine à vivre. Avec le poids de la relégation, toujours. L'idée qu'une dernière défaite à Sochaux couplée à deux petits nuls médiocres suffirait à nous envoyer à l'échafaud. Il sera difficile de penser à autre chose cette semaine. Parce que les supporters du PSG ont encore une marche à passer. La dernière.

Il nous reste un match pour sauver le club. Le match de toute une vie de supporter. Celui qui comptera à jamais. Celui qui, si on se loupe... Alors comment vivre avec ça ? Comment sourire, manger, dormir et aimer, alors que nous sommes en guerre ? Il faut attendre. Garder ses forces. Tous séparés, perdus au milieu de ceux qui ne voient pas, ne pensent pas comme nous. Personne ne peut nous comprendre. Sauf nous. Mais en dehors, plus rien ne compte. Allez Paris !

Demain : Le PSG et la Baudroie abyssale

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