Entraîneur durant deux ans et demi en Turquie, après un petit intermède en Arabie Saoudite, le Bosniaque Safet Susic a rompu en janvier son contrat avec le club Caykur Rizespor. "Les dirigeants ont fait le recrutement sans me demander. Nous nous sommes quittés sur ce malentendu", déclare-t-il. Au repos forcé depuis ce malheureux épisode, en attendant de prendre en main une nouvelle équipe, l'ancien meneur de jeu ne s'éloigne jamais trop de la ville où il a connu la gloire : "Je reviens souvent en France, où j'ai une maison." L'occasion pour lui d'assister occasionnellement aux matchs du PSG et de constater les mésaventures que traverse son ancien club.
"Ils n'auraient jamais du se retrouver là"
Auteur de 85 buts avec le PSG en 9 saisons, Safet Susic ne cache pas sa "surprise" de voir le PSG dans une si mauvaise posture, à l'avant-dernière place du classement de L1, alors que seules neuf journées séparent le club de la fin du championnat. "Avec l'effectif dont ils disposent, ils n'auraient jamais du se retrouver là. Ils devraient plutôt être dans les quatre ou cinq premiers. J'ai vu le match contre Monaco (4-2) dernièrement. Ils ont prouvé qu'ils avaient le niveau pour s'en sortir. Maintenant, je n'ai pas vu beaucoup de parties depuis le début de saison. Mais je pensais qu'après ce succès, puis celui de Nancy, ils allaient se sauver facilement."
Lors de la saison 1987-1988, Susic connut des moments comparables à ceux que traverse le PSG aujourd'hui. "Même si je ne m'en rappelle plus très bien, ça y ressemble un peu. Au départ, nous avions l'objectif de terminer parmi les cinq premiers. Et puis, nous avons mal démarré et nous avons sombré. Je me souviens surtout des trois derniers matchs. Nous avions remporté un succès décisif face à Marseille. C'était le tournant. Après, nous avons su enchaîner avec deux victoires. Ça nous avait suffi."
"L'équipe d'aujourd'hui est plus forte que la nôtre"
Outre le mauvais départ, celui qui a joué au PSG entre 1982 et 1991, estime que les infrastructures n'ont pas été là cette saison pour aider les joueurs : "Je n'ai pas vu suffisamment de matches pour me prononcer. Cela dit, je ne comprends pas comment on a pu jouer au rugby sur la pelouse du Parc. Pour moi, l'état du terrain a trop longtemps été un handicap. Paris avait la plus mauvaise pelouse de Ligue 1."
Aux yeux du Serbe, lorsque les résultats ne suivent pas, la clé du succès réside dans la solidarité et la capacité de réaction des joueurs. Deux éléments qui avaient sauvé le club de justesse il y a près de vingt ans : "L'ambiance entre nous, les joueurs, était bonne. Il n'y avait pas de problème dans l'équipe. Il y en avait juste dans le jeu. Surtout, nous avons su réagir avant qu'il ne soit trop tard."
Alors que le pessimisme est palpable à tous les niveaux, Susic veut croire au maintien du PSG version 2006-2007 : "L'équipe d'aujourd'hui est plus forte que la nôtre. Ils ont de nombreux internationaux. Quand ils jouent ensemble, on voit qu'il existe un gros potentiel." Toutefois, il admet que la tâche au quotidien est difficile pour les joueurs : "Ce sera difficile, ça, c'est sur. Il leur reste neuf matchs et ils ont une grosse pression. Dans ces cas-là, on n'arrête pas de regarder le classement. C'est usant."
"Ils y arriveront, j'en suis persuadé"
Alors que bon nombre d'observateurs pensent que le club court à sa perte en chutant en Ligue 2, l'ancien international yougoslave se distingue encore une fois de l'opinion la plus couramment admise : "Ça ne changera pas grand-chose. Le club n'est pas en danger. Il remonterait sans problème la saison suivante." De toute façon, le champion de France 86 et vainqueur de la Coupe de France en 1983 avec le PSG, ne veut pas croire en l'hypothèse d'une descente : "On est très loin d'un tel scénario. Trois ou quatre équipes sont bien plus faibles. Même s'ils n'ont pas l'habitude de se retrouver là, ils sont capables de se maintenir. Je suis persuadé qu'ils y arriveront."