Chaque année, les travées du Parc attendent le dernier match avec une sorte d'appréhension. On reste un peu tous dans les gradins, à attendre un ultime salut de joueur, voire un petit lancer de maillot, de short, ou de tout autre accessoire vestimentaire non contondant, mais porteur d'effluves mâles. Le soir du dernier match à domicile, les stewards sont détendus : après nous avoir menés vers la sortie tout au long de l'année, tels des cow-boys devant un troupeau de bovidés particulièrement peu enclins à se laisser diriger, ils laissent un peu de temps avant de nous pousser vers la sortie. Je crois qu'ils ont pitié.
C'est qu'une fois ce match passé, je ne sais pas pour vous, mais moi je me retrouve un peu désemparé. C'est que sans trop y prêter garde, ma vie tourne quand même pas mal autour du PSG quand on y réfléchit. Et là, du coup, jour après jour, ça sonne plutôt creux.
Lundi ?
Pas la peine d'éplucher la presse spécialisée, il n'y a plus de news. Un bon lundi de merde quoi... Aucune petite info qui fait passer la journée un peu plus vite : par exemple c'est terminé les recherches de la fameuse liste des suspendus. Vous savez, ces joueurs qui en sont à leur troisième carton... Ceux qui vous obligent à étudier l'intégralité de l'effectif de tous les gars valides du groupe pro... et de la CFA, tiens, on ne sait jamais, dans le but de trouver LA compo ultime. Celle qui permettra de pallier l'absence de ces victimes innocentes de l'incompétence arbitrale au prochain match.
Raaaah, mais qu'est-ce qu'on va faire au boulot si on ne peut plus passer la journée à griffonner des 4-4-2 avec Rothen milieu défensif, ah, non, merde, je l'ai déjà mis ailier gauche. Bon bah Armand alors ? Sauf que là c'est Dramé qui...
Fini tout ça ! Gagné, génial, reste plus qu'à bosser maintenant. Tsss...
Mardi ?
Mais mes pauvres amis, le mardi vous aurez beau fouiller la revue de presse d'un bout à l'autre, zéro interview-vérité de joueur qui déclare sur la vie de sa mère que le Paris SG c'est le club de son coeur. Nada. Finis les discours où nos recrues déclaraient une par une qu'ils allaient tous au Parc voir jouer Laurent Robert et Alain Goma quand ils étaient petits (ouais bah rigolez pas trop, d'ici quelques années on y aura droit à ça, vous ferez moins les malins), et que du coup ils sont trop contents d'avoir signé chez nous, et d'ailleurs à partir de maintenant z'allez voir ce que vous allez voir, ils vont mouiller le maillot comme jamais, attention...
Saloperie de trêve, tous les joueurs pro sont en vacances, pas moyen d'avoir notre déclaration d'amour indéfectible et éternel du gars qui va se barrer dans un mois. Comment on va tenir ?
Mercredi ?
Le jour où l'on commence à regarder l'adversaire. Sauf que là, des équipes adverses, il n'y en a plus. Inutile d'aller à la machine à café pour discuter avec votre pote supporter : vous n'aurez pas le moindre gars à insulter.
Mais si, vous savez, LE type haïssable du club d'en face. Je crois que c'est pour relancer l'intérêt de la L1, désormais chaque club est obligé d'avoir au moins un joueur détestable dans son équipe. Soit c'est le gars qui ne marque que contre nous, histoire que vous puissiez bien vous défouler sur son absence totale de talent le reste de l'année (Moreira, Cousin, Feindouno, Traoré-avant-qu'il-ne-s'ouvre-le-crâne-à-Rennes-parce-maintenant-ça-va-mieux-il-est-sympa, etc.).
Ou alors c'est le brise-tibia officiel, celui qui reçoit le Protège-tibia d'or chaque mois (le fameux trophée Hansaplast – Pitié Salpétrière – Cuir et Fouets magazine). Là, je citerai dans le désordre Jurietti, Rool, Kouassi, l'intégralité de l'équipe lyonnaise... En L1 il y a carrément le choix question gars insultables le mercredi, ça va. Sinon dans la catégorie il y a aussi les tondeuses à gazon en tout genre, les déséquilibrés du courant d'air, et autres simulatrices (là encore, l'ensemble de l'OL, décidément ils sont premiers partout, ainsi que Quercia et Grax de Sochaux, des stars de l'exercice, plus Djibril Cissé, mais là, chez lui, c'est plus du second degré qu'autre chose).
Bref, normalement le mercredi c'est défouloir sur l'ennemi intime. Et faites pas les mijaurées, tout le monde fait pareil, c'est pas pour rien qu'on a Rothen chez nous... Sauf que là, et bien il va falloir trouver d'autres cibles pour la vindicte du milieu de semaine, le championnat est fini ! On va se faire chier, moi je vous le dis...
Jeudi ?
Bon sang, la fin de semaine arrive et pourtant plus d'étude du classement qui vaille, puisqu'il n'y a plus de classement. Vous qui espériez échafauder un petit plan de route bien comme il faut, genre si on gagne mais que pendant ce temps-là Nice perd à Lille, alors que Toulouse bat Lorient avec 2 buts d'écart (sans que Elmander ne marque parce que sinon pour le titre de meilleur buteur c'est pas bon), là, on grimpe de deux places. Et après comme la semaine suivante on recevra les Nancéens, du coup...
Du coup rien du tout. On est tous foutus, plus de championnat, plus de « super plan machiavélique qui ne marche jamais » à élaborer, et le jeudi est une journée perdue. Affreux.
Vendredi ?
Inutile de venir sur PlanetePSG cliquer sur la Une toutes les cinq minutes. Vous pouvez même en profiter pour faire remplacer la touche F5 de votre clavier : aucun groupe dévoilé en brève à attendre. Alors que toute la saison, la tombée du groupe de joueurs, c'est le début du week-end. Ca y est, le match est lancé, on a enfin la feuille de match.
Du coup vendredi c'est comptage des joueurs de la liste de Le Guen, tiens, il en a pris 19, il y en a un qui va se retrouver en tribunes. Hellbuyck apparaîtrait-il ? Oui ? Bon, bah vous avez trouvé le nom du recalé de demain, on peut passer à ceux qui n'ont pas été retenus... Les fameux Choix de l'entraîneur. Important ça, les joueurs placés en catégorie choix de l'entraîneur, parce que ce sont les candidats rêvés pour l'interview « je suis un esclave » de la semaine prochaine.
Du coup le vendredi après-midi est pas de trop pour éplucher la liste des laissés pour compte, et essayer de pronostiquer qui ira chialer sur l'épaule de Jérôme Touboul ou Arnaud Hermant. Quand il y a dévoilage du groupe...
Samedi ?
Oh, désolée chérie (sourire hypocrite, voir le Guide du Mari Parfait, chapitre 4), tu iras chez belle-maman sans moi, c'est samedi, et du coup ce soir y a mat....
AAAAAAHHHH !!!
Non, y a plus match ! Oh pétard, il n'y a plus match. Finie la bonne excuse anti-repas à la con. Je suis perdu. Tout est perdu... Et faut à tout prix que j'aille à la pharmacie m'acheter un kilo de Smecta et de pastilles Rennie pour le rosbif. Encore plus indigeste que quatre-vingt-dix minutes de Guy Lacombe le rosbif familial. C'est dire.
Dimanche ?
Dimanche... A quoi bon ? Y a même plus Téléfoot. Non pas que je sois fan de cette émission (je déteste Arsenal alors voir un reportage par semaine sur les Gunners, c'est dur), mais y a toujours un petit truc à en retirer. Richert et sa nouvelle coiffure, un Lyonnais habillé en civil, un joueur Rennais qui a essayé de citer un proverbe dans un micro, ou un meilleur-supporter-de-France de Montceau-les-Mines qui était interviewé la veille de l'élimination du Petit Poucet, tout joyeux, mais qui depuis a enfin trouvé quoi faire de la vieille corde qui lui restait au fond de son garage.
Bref, pour tout Parisien ayant un tant soit peu de mauvais fond, ce qui ressemble quand même pas mal à un pléonasme, cette émission dominicale est une inépuisable source de joie. Sauf que là, on en est privés pour un bon bout de temps. D'autant que TF1 a perdu les droits télé... Je me rassure en me disant que sur France 2 ce sera encore pire, et que Gilardi doit être en train de farfouiller dans son garage pour retrouver cette vieille corde qu'on lui a offert quand il a quitté Canal, mais c'est pas pareil.
On ne tiendra jamais deux mois. Le début de la trêve, c'est le pire moment de l'année. Même pas un petit transfert à se mettre sous la dent, ni un diaporama de la reprise de l'entraînement sur psg.fr, rien. L'horreur. Vivement le début du championnat. Qu'on se marre. Hum... Vivement la reprise, qu'on soit contents ! Mouais, bof... Qu'on retrouve nos joueurs préférés. Aïe. Oh, vivement juillet, et puis c'est tout.