Dresser le bilan de toutes les bonnes excuses pour ne plus suivre le Paris Saint-Germain ne demande guère d'efforts. Cet été, elles viendraient même plutôt à l'esprit sans qu'on ne les recherche ! Alors malgré tout, il va falloir trouver quelques raisons de retourner au Parc... voire de s'abonner, puisque c'est la période.
Avouons-le : il est des avant-saisons où l'on s'abonne les yeux fermés... Quand le PSG a fini deuxième de L1 et jouera donc la Ligue des Champions, quand on sent le groupe soudé, et sur une pente ascendante, alors on surveillerait presque la date d'ouverture des abonnements avec fébrilité, histoire de ne pas la louper. La promesse de vivre une saison au moins aussi aboutie, la possibilité déclarée d'aller chercher un titre, ou au moins de participer jusqu'au bout à la lutte pour le décrocher, ça motive.
Un peu comme lorsque l'on clôt une saison par une victoire en Coupe. Dans l'euphorie du moment, alors que l'on a encore en bouche le gout de la victoire, l'envie d'y retourner, la hâte même, sont les plus fortes.
Des saisons où l'on n'hésite pas avant de rempiler
Reste le cas de la saison mitigée. Celle qui n'ouvre guère de perspectives, et surtout n'offre aucune certitude. Là, c'est plus dur. Il faut aller chercher sa motivation ailleurs. Pour certains ce sera le jeu, ou plutôt les joueurs. Si votre club a terminé sa saison en roue libre, dans le ventre mou du classement, s'effondrant à l'arrivée du printemps tel Ravanelli à l'approche de la surface, mais qu'à l'intersaison vous apprenez que Ronaldinho a été recruté, alors là, bien sur, ça change tout. L'état d'esprit s'inverse, et on oublie tous ces matches où le PSG jouait mal, toutes ces soirées frustrantes... parce que attention, l'an prochain avec Ronnie en Rouge et Bleu vous allez voir ce que vous allez voir : les supporters adverses vont devoir s'accrocher à leurs deux-mâts (et à leur slip), nous, on va tout déchirer.
En gros, ces campagnes d'abonnement où l'envie de repartir pour un an l'emporte sur tout, ce sont celles où l'on a des raisons tangibles d'y coire. A tort ou à raison d'ailleurs, parce que au PSG, après avoir été on ne sait combien de fois persuadés que cette année ce serait la bonne, et être tous partis en aout la fleur au fusil, nous nous sommes tout de même pris un sacré nombre de claques... Mais bon, les années où l'on pouvait se raccrocher à ce détail qui fait que l'on a la foi, quand on pronostiquait Paris vainqueur, c'est vrai que le chèque sortait de la poche sans trop arracher le cœur.
Le souci aujourd'hui, c'est que ces saisons que l'on aborde avec un mélange de certitude et d'excitation... eh bien 2007-08 n'en est pas une.
Inutile d'évoquer la classement au mois d'avril, l'après match contre Tel-Aviv, ou l'absence totale de mouvement au marché des transferts. Vous connaissez tous la situation. Vous savez qu'il n'y a aucune raison objective pour que nous jouions les premiers rôles, ou gagnions quoi que ce soit l'an prochain. Et pourtant, dès aout, le Parc sera plein... Pourquoi ? Chacun sa motivation. Tout ce qui compte en définitive, c'est que vous trouviez la vôtre.
Où trouver la motivation ?
Allez-vous faire partie de ceux qui rempilent pour leur groupe ? Ceux qui, quels que soient les résultats, la conjoncture, choisissent de continuer à vivre leur délire Ultra', au milieu de leurs compagnons. Pour eux, la question du prochain abonnement, ou de la reprise après la trêve ne relève que de la théorie. La pratique, c'est l'élaboration du prochain tifo, c'est la construction des deux-mâts, ce sont les perms... et ça a déjà commencé !
Tout cela ne s'interrompt jamais, et dans les associations, le PSG n'hiberne pas entre mai et aout. L'existence des membres est liée au groupe qui les unit. Il dépasse le cadre du prochain match, du départ ou de l'arrivée d'un mercenaire dans le vestiaire : leurs amis, ceux qu'ils côtoient au Parc ou à l'extérieur sont là, dans le virage, dans leur local. Leur vie est là. Leur passion dépasse le cadre stricte d'une saison, d'un réabonnement. Pour la plupart d'entre eux, la question de rempiler ou de partir ne se pose même pas.
Alors des Boys aux Lutèce en passant par les Atks, malgré la situation du club, ne vous inquiétez pas pour eux : les Ultra' s'abonneront... pour vivre.
Mais ils ne sont pas seuls, loin de là : peut-être, au contraire des Ultras, choisirez-vous de vous abonner pour des motifs qui n'ont rien à voir avec le Paris SG ? Parce que vous aimez le football et que vous appréciez de vous rendre dans le plus beau stade de France y regarder tour à tour toutes les équipes de L1 ? On peut s'abonner au PSG et supporter un autre club, ça arrive. Après tout, Paris est rempli de provinciaux expatriés.
Et puis on sait comment ça se passe : tous ces abonnés qui se disent supporter Rennais et qui vibrent lorsque leurs Bretons montent à la Capitale une fois par an, ce ne sont pas les derniers à hurler de joie sur un but de Pauleta le reste de la saison. Alors après tout, où est le problème ? Abonnez-vous les néo-parisiens... le virus Rouge et Bleu aura votre peau, tôt ou tard.
Reste ceux qui s'abonnent parce qu'ils doivent le faire...
Comme il a eu celle de tous les autres. Ceux qui ont déjà renvoyé leur demande d'abonnement, ou le feront bientôt, parce qu'ils ont le Paris Saint-Germain dans le sang. Parce que oui c'est cher, oui ça bloque un samedi sur deux, et oui ça fait mal d'être déçu depuis des années, seulement voilà, ils doivent s'abonner.
Ceux-là c'est le troupeau des supporters anonymes. Ils viennent au Parc parce qu'ils y sont forcés. Par eux-même. Ils ne peuvent plus suivre une partie en dehors des tribunes : le stress, le besoin de participer, d'être dans l'évènement seraient insupportables. Ils ont gouté aux matches au Parc et en sont accrocs. Alors ils s'abonnent. Oh, ils ne chanteront pas forcément tout au long du match, ils ne resteront pas tous debout, et pour la plupart ils n'auront ni drapeau ni banderole... mais en cas de coup dur ils seront là. Toute la saison. Ils l'ont montré.
Tout ça pour suivre leur club au long de ce qui reste LA compétition, n'en déplaise aux vendeurs de minute de pubs à la télé. Ces supporters s'abonnent, année après année parce qu'ils savent qu'un championnat c'est ce qu'il y a de meilleur, de plus beau. S'engager auprès de son club pour une saison, savoir dès la première journée que quoi qu'il advienne il faudra encore être là en mai, à soutenir le club. Patienter. Jouer le long terme. Se répéter malgré ce que l'on pourra lire dans les journaux qu'une défaite en été n'a jamais fait perdre un championnat. Qu'il faudra y croire, tenir bon dans la défaite... ou dans la victoire, tête froide.
Des supporters qui ne désirent rien si ce n'est faire partie de la chaîne, un maillon perdu au milieu des autres. Eux se réabonnent. Qu'importe le dernier classement. Qu'importe les noms sur la feuille de match, les départs ou les arrivées du mercato. La date limite pour renvoyer la demande de réabonnement est pour le 27 juin. Demain. On n'a toujours pas recruté qui que ce soit ? Qu'importe : pour beaucoup leur chèque est déjà parti. Cela fait bien longtemps qu'ils se sont promis à eux-même d'aider le club, même en L2... alors ce n'est pas un recrutement retardé, ou même absent qui y changera quoi que ce soit.
Pouvoir s'abonner est aussi une chance
Pourquoi ? Parce que pour certains, où qu'ils soient dans le Parc, l'union sacrée n'a pas attendu le mois de mars pour débuter, et parce qu'elle ne se terminera pas de sitôt. Parce que vivre une saison complète en Rouge et Bleu, avec sa propre place, pour son club, c'est une chance que tout le monde n'a pas. Parce que certains habitent trop loin. Parce que certains n'ont pas l'argent pour. Parce que d'autres ne peuvent se déplacer, sont trop jeunes, trop vieux, trop malades... et qu'ils aimeraient bien être à notre place.
Parce que se jurer d'encourager le Paris Saint-Germain un an de sa vie, et s'y tenir, quand on en a la possibilité, c'est aussi une chance. L'opportunité de prouver sa vraie valeur en ne lâchant jamais, en se retournant sur une saison complète, près de vingt matches à domicile, et se dire « on n'a pas lâché. Toute l'année on était là, et on n'a jamais abandonné... ». Une mission simple pour des hommes simples. Un devoir qu'un supporter qui en a la possibilité ne peut laisser passer. Voilà aussi pourquoi beaucoup s'abonnent. Sans l'expliquer.
Mais tout cela peut sembler un peu extrême, notamment pour ceux qui ne sont jamais venus dans un stade. Et vous alors ? Quelle sera votre motivation pour vous abonner ? Du moment que vous venez pour le PSG et pas pour vous même, après tout il n'y en a pas de mauvaise. Ultra, simple supporter, spectateur prêt à se laisser enflammer par l'ambiance, néophyte venu découvrir ce que cela fait de vivre une saison Rouge et Bleu... Choisissez votre camp. Et abonnez-vous !
Personne ne peut vous promettre que vous ne regretterez pas ce choix, un jour ou l'autre. Les fins de match ont parfois un gout amer. Pire : personne ne peut vous promettre que vous ne souffrirez pas si vous vous abonnez. Une défaite de trop peut faire mal. Mais au bout du compte, si vous tenez le coup tout le championnat... que la saison du Paris Saint-Germain soit réussie ou ratée, peu importe. Vous aurez été là, pour lui.
C'est tout ce qui compte.