La chose ne paraît pas évidente pour le supporter, mais, dans le vestiaire, Peguy Luyindula est un vrai luron. Sa marque de fabrique ? La parodie. Dans ce domaine, il n'a pas d'équivalent. Peu de joueurs échappent à ses imitations et à ses moqueries, en particulier les Africains, dont il raffole de l'accent. Du temps de son passage à Lyon, personne n'était épargné. Mahamadou Diarra le premier. Qui en riait. D'autres moins. "Parfois, certains se vexent, reconnaît le joueur. Tony Vairelles est très susceptible, par exemple. Aux entraînements, il faisait tout le temps des talonnades. J'avais fini par le surnommer "Tony-nade, le roi de la talonnade". Ca avait fait rire tout le monde. Sauf lui. Mais parce qu'il n'avait pas ri, j'avais continué. Pour qu'il se rende compte que ce n'était que de l'humour." Gharib Amzine, milieu de terrain marocain avec lequel il a joué à Strasbourg, confirme cette façon de voir : "Par son côté boute-en-train, Peguy anime un groupe. C'a beau être du second degré, ses propos ont toujours un sens, une visée. Quand il imite un joueur qui ne lève jamais la tête ou dribble le poteau de corner, c'est pour lui rappeler que le foot se joue à onze."
Pourquoi un tel penchant pour le rire ? Le joueur invoque une forme de relativisme : "On est dans un milieu vachement rigide où on fait en permanence attention à ce qu'on dit. Super langue de bois. Manier l'humour permet de rester dans la réalité. Et de ne pas oublier qu'on ne fait jamais que jouer au foot." Analyse que partage son ancien partenaire Vikash Dhorasoo, qu'il a côtoyé à l'OL entre 2002 et 2004 : "C'est quelqu'un qui a autre chose à proposer que d'envoyer de simples vannes pendant les repas. Mais ça n'est jamais méchant. Je ne crois pas que Peguy soit quelqu'un de fondamentalement atypique. Certes, il est un de mes seuls amis dans le milieu, mais il est aussi très pote avec Sidney Govou, dont je suis très différent. Ce qui le distingue, c'est qu'il se montre intéressé par bien d'autres sujets que le foot et manifeste des opinions personnelles dans des vestiaires de plus en plus aseptisés."
Au fait, comment ce comique patenté définit-il l'humour ? "Pour moi, ce n'est pas quelque chose de neutre, c'est une forme d'intelligence et un mode de communication. On peut rire de beaucoup de choses et tout le monde devrait être prêt à rire de lui-même. A la seule condition de rester fin, car la grossièreté est à la portée de tout le monde." En fait, Peguy aime tellement rire qu'il envisage depuis quelques temps de se convertir, au terme de sa carrière de footballeur, dans le one-man-show. "Je serais franchement capable de monter sur des planches, en tous cas d'essayer. Mais si personne ne rigole, j'arrête direct." La musique l'attire également. Dernièrement, il a posé un couplet sur l'album de rap de son cousin, Feneu, ancien rappeur du collectif de Kool Shen, "IV My People".
Selon ses proches, la personnalité de Peguy Luyindula transparaît dans son comportement sur le terrain. Souvent décalé, là où on n'attend pas un attaquant. René Cédolin, qui l'a formé à Niort en 1997 : "Ses traits d'esprit sont l'exacte expression de sa personnalité. Comme Peguy est assez loin des canons du milieu, on a parfois des difficultés à le cerner ou à comprendre ce que recouvre son humour. D'abord c'est un attaquant atypique. Il préfère donner un bon ballon plutôt que de marquer. Cela lui a posé des problèmes, notamment sur la nature réelle de son positionnement. Est-il un attaquant, un milieu, un 9 et demi ? Encore aujourd'hui, il est difficile de répondre à cette question. Ensuite, c'est quelqu'un de fin et drôle, doté de capacités intellectuelles supérieures, avec une forte propension à analyser les situations ou le jeu. Et ça non plus, cela ne lui a pas valu que des amitiés dans le milieu."
Là où on pourrait l'accuser, à la lumière de ses paroles, de ne pas prendre au sérieux son métier et son rôle au PSG, l'ancien international (4 sélections) tient à rassurer les supporters : "Je ne me suis pas battu pour revenir dans un grand club pour rien. J'aime toujours autant le jeu."