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Supporters PSG : Arno P-E : Chroniques Sochaliennes (n°4)

Publié le 15 Mai 2008 à 17h27 par Arno P-E
Supporters  PSG : Arno P-E : Chroniques Sochaliennes (n°4)
Comme toujours en L1, le championnat se clôt par les affiches avec lesquelles il a débuté. Paris retrouve donc Sochaux, croisé lors d'une première journée qui s'était soldée par un résultat nul décevant. Depuis, le club a vécu une année indescriptible... et encore loin d'être finie.
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LES DOIGTS DANS LA FLAMME

Après un match médiocre, la sortie du Parc des Princes prend toujours des airs de mauvais rêve. Les supporters se frôlent sans se parler, ils quittent le stade tête basse, la démarche ralentie par on ne sait quel maléfice. Comme si l'ensemble des spectateurs avaient été plongés dans du coton, et qu'ils peinaient à s'en extraire. Dès la première journée, les Parisiens ont subi cette étrange anesthésie, abattus par la contre-performance du club de la Capitale face aux Sochaliens.

Mais depuis... Qu'elle semble loin cette déception aoutienne ! Et qu'il est malaisé de tenter de retrouver ce que l'on avait pu éprouver exactement ce soir là. Il faut dire qu'une saison a passé, et qu'en remonter le fil oblige à revivre tant d'évènements, tant d'émotions !

Sochaux, et son nul crispant, Lens, match prometteur, puis Lorient, revanche de l'année précédente... et nouvelle défaite. Malgré les mauvais résultats, il ne pouvait pas encore vraiment y avoir d'inquiétude en aout. Au bout de trois journées on est mécontent, ou dubitatif... mais on ne peut légitimement penser à la relégation : il reste tant de matches. Le ciel est gris, le cœur lourd avant de retourner au Parc, certes, mais on s'en tient là.

Rien à voir avec PSG – Rennes, début octobre. Parce qu'après une jolie remontée aux portes de la première partie du classement, Paris chute au Parc contre Bordeaux, et se place dans une situation délicate... avant que l'on n'apprenne la mort de M. Borelli. Le président emblématique, l'âme du club s'éteint, et le Paris SG trouve le moyen de se faire humilier par les Bretons pour commémorer ça.

Ce soir du 6 octobre, il faut parler de tristesse, d'humiliation, et de honte. Deux minutes de silence d'une intensité dramatique poignante, de magnifiques tifos, une émotion palpable, tout ça pour un match raté. Gâché. Les joueurs qui se traînent, concèdent des buts par mollesse, et finissent ridiculisés par les visiteurs. Alors oui, pour décrire l'état d'esprit des tribunes ce soir là, le mot « humiliation » n'est pas trop fort.

Le mot « crainte », ça n'est qu'en décembre que l'on pourra le citer. Les supporters sont dans le tunnel, depuis six mois. Une demi-saison sans une victoire à domicile. Neuf matches à rester plongés dans le noir, sans joie, sans récompense, neuf matches à serrer les dents et à repartir battu. Neuf matches à voir croître la rancœur, la frustration... et la peur. Pour autant de retours chez soi radio éteinte, parce qu'entendre les interviews des supporters est insupportable, même si on pense la même chose qu'eux. Et regarder le classement qui fait de plus en plus mal. Et Céará qui marche sur le ballon face à Caen.

Le Paris SG n'est rien d'autre qu'un formidable amplificateur d'émotions. Mais en 2007, le curseur a pointé sur amertume pendant six mois, chaque match rajoutant sa pierre à l'édifice. Jusqu'à ce que l'on se coupe de tout, jusqu'à ce que l'on atteigne un niveau que l'on croyait insupportable. Et pourtant, les supporters poursuivent leur lutte.

Comment supporter tout cela sans en devenir fou ?

Janvier et ses victoires face aux mal classés offre une bouffée d'air aux Parisiens. Mais février prouve que cet espoir n'était qu'un leurre. Une nouvelle torture, raffinée. Le Paris SG voit la sortie de la zone rouge, les fans s'en approchent, ils la touchent du doigt, misent sur une victoire à Lille... nul. Ils comptent sur la venue du Mans pour se relancer... nul. On n'est pourtant pas si loin ! Il suffirait d'un déclic pour faire pencher la balance... Un détail. Juste une étincelle ! Et sur les quatre matches qui suivent, un seul point pris.

Avoir la tête dans le sac. Voilà la seule expression possible pour décrire ce que l'on peut ressentir à ce moment-là. Avoir la tête dans le sac. Pas de lueur d'espoir, une saison qui s'étire en une suite ininterrompue de cauchemars, et ce jusqu'à la finale de la Coupe de la Ligue.

Les supporters touchent enfin leur récompense. Même dans une compétition peu prestigieuse, une finale reste l'occasion de prendre du plaisir, de remporter un titre, et pour une fois Paris ne manque pas l'occasion. Sauf que dès le lendemain la furia médiatique entraînée par la stupide banderole douchera toute cette joie.

Les Parisiens n'auront eu qu'une nuit. Une seule nuit de bonheur avant de retrouver les critiques, les insultes et les amalgames. Juste une petite nuit à savourer. Avant de retourner au boulot. Et de s'enfoncer encore.

Jusqu'où ? Jusqu'à Nice, et son scénario catastrophe. Comment peut-on éprouver tant de douleur ? Comment peut-on se faire claquer la porte sur les doigts aussi souvent ? S'enfoncer jusqu'à Caen, et le départ de Cayzac après une énième lamentable défaite. S'enfoncer jusqu'à Toulouse, et son but à la dernière minute, encore. Encore.

Comment les supporters ont-ils pu supporter une telle dose de souffrance ? Encaisser toutes ces déceptions sans en devenir fou ?

Parce qu'il leur reste l'espoir. L'espoir que la fameuse flèche de l'amplificateur d'émotion bascule au dernier moment.

Paris est au bord du trou depuis des mois. Il est descendu si bas qu'on ne pourrait le croire. La peur s'est faite si intense, et si souvent présente qu'on en aura presque fait une alliée. Une amie. Contre Saint-Etienne, les Parisiens s'en sont servis pour retourner une situation effroyablement compromise. Et au moment du but, la jouissance a été phénoménale.

Alors maintenant, pour la dernière journée, Paris s'apprête à faire tapis. A force de toujours repousser les limites, le club de la Capitale se trouve acculé et n'a plus le choix. Là, chacun trouvera ce qu'il est venu chercher : l'instant où un an de compétition trouvera son dénouement. Tout ce que l'on a pu vivre, toutes ces rencontres amères, ces défaites, tous ces lendemains de matches où il a fallu courber la tête, tout peut s'effacer d'un coup. Un an ramené en une seconde ! Un an de sa vie, une année entière consacrée au Paris Saint-Germain qui va se jouer au coup de sifflet final, et délivrer tous les Parisiens... ou les abattre.

Qui peut faire plus fou que ça ? Qui peut vivre plus intense ? La victoire ou la mort. Qui n'est pas devenu supporter pour cela : tout risquer sur un unique coup de dé ?

Seulement le voilà, l'écueil ! La tentation morbide de se passer les doigts dans la flamme, juste pour voir ce que cela fait se présentera à Sochaux, tôt ou tard. Cette part de vous qui s'est dit, une fraction de seconde, à la fin de Saint-Etienne : il faudra donc aller jusqu'au bout du bout, et qui en un certain sens était contente de cela.

La peur de descendre est la compagne des Parisiens depuis trop longtemps. Tous ceux qui iront à Sochaux savent chanter. Ils savent défendre leur club. Pour eux, pas question d'être là-bas à moitié. On ne parle ici que de détails, d'infimes réglages. On parle de ce qui fait la différence en tribune au moment ou la pièce retombe sur la tranche, roule, vrille... et que l'on se dit « oui, mais après tout, si on encaisse ce but et qu'ensuite on revient, est-ce que ce ne sera pas encore plus fort ? Encore meilleurs ? Et qu'est-ce que cela ferait de souffrir encore plus ? Est-ce possible ? ».

Samedi, si Paris s'en sort, la récompense sera à la hauteur de la souffrance supportée toute cette saison. Ca n'est pas pour cela qu'il faudra s'en rajouter, encore. L'intensité dramatique est déjà à son maximum. Chaque ballon comptera. Chaque seconde aura son importance. Chaque duel et chaque contact. Il n'y aura pas besoin en plus d'un renversement sur ce match pour vivre sa joie pleinement. Ne prenons pas le risque de ne pas tout donner, à chaque instant. La situation est déjà trop grave.

Il faudra refuser de toutes ses forces la subreptice envie se passer les doigts une dernière fois dans cette flamme, mais plus longtemps encore, pour voir ce que cela fait ensuite quand on les sort. Parce qu'on ne peut pas toujours les ressortir.

Demain : Partir, c'est mourir un peu

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