En 2005-2006, le PSG avait annoncé un budget de 70 M€, le troisième de la L1, derrière Lyon et Marseille. Au terme de la saison, le club de la capitale accusait pourtant un déficit de 11 M€. L'entrée dans le capital des fonds d'investissement américain (Colony Capital), français (Butler Capital Partners) et de la banque d'affaires américaine Morgan Stanley correspondait à la promesse d'en finir avec les déficits. C'était sans compter la saison noire qu'allait connaître Paris et les décisions qui en découlèrent. Logiquement, le conseil d'administration annonça en octobre dernier des chiffres négatifs : 14 M€ de pertes. On aurait pu s'attendre, à l'entame de l'exercice 2007-2008, à ce que les actionnaires décident d'une augmentation de capital. Pourtant, le budget fut maintenu à 70 M€. Alors que la saison est aujourd'hui bien entamée et que les résultats sont, une fois encore, très décevants, il faut s'attendre à ce que le PSG fasse encore figure de bonnet d'âne... Quelles sont les raisons de ce déficit chronique ?
Une masse salariale toujours excessive
Accorder une importante rémunération à ses joueurs constitue un bon moyen pour un club de s'attacher les services des meilleurs footballeurs du marché et d'obtenir des résultats en accord avec les investissements consentis. C'est ce qui pourrait s'appeler un cercle vertueux. Pour le PSG, cette arme s'est révélée, ces dernières saisons, à double tranchant. Car en multipliant les mauvaises performances sportives, le club s'est retrouvé confronté à d'importantes difficultés financières.
L'exercice en cours vient confirmer cette analyse : parmi les cinq plus gros salaires versés par le club, un seul est véritablement rentable : celui de Rothen. Certes, l'international français représente un cout important : 2,3 M€ bruts par an. La négociation de sa prolongation cet été a permis au joueur de voir son salaire augmenté. Mais en le convainquant de rester à Paris, Alain Cayzac a aussi réussi une affaire concluante sur le plan sportif : de l'avis de tous, l'ancien Monégasque est le meilleur Parisien depuis le début de la saison. Autre réussite comptable à mettre à l'actif du PSG à l'intersaison, à tout le moins sur le plan salarial : la vente de Kalou au RC Lens. Ce faisant, Paris a fait l'économie de 2,35 M€ bruts sur un an.
Jusqu'à il y a peu, le salaire de Yepes (3,4 M€ d'euros bruts par an) pouvait prêter à discussion : entre une indisponibilité de six mois et un séjour sur le banc (d'aout à octobre), le Colombien représentait une charge excessive pour le club. Depuis deux mois et demi, sa place de titulaire retrouvée et la qualité de ses prestations justifient mieux sa rémunération.
Moins légitime est celle de Pauleta : semi-titulaire depuis le début de la saison, scotché sur le banc en déplacement, le Portugais perçoit pourtant 4,6 M€ bruts par an. Seuls son ancienneté et ses états de service sont à même d'expliquer un tel traitement. La situation de Gallardo est similaire : une seule fois titulaire depuis le début de la saison, abonné au banc des remplaçants quand il n'est tout bonnement pas en dehors de la feuille de match, l'Argentin perçoit pourtant 1,9 M€ par an. Idem pour Luyindula, qui touche 2 M€ par an malgré des performances sportives loin d'être au beau fixe cette saison.
Si les salaires parisiens peuvent, pour des raisons extra sportives, être justifiés, les piètres résultats de l'équipe amènent tout naturellement à se demander si le PSG a employé jusqu'à présent la bonne stratégie. C'est sur cet argument que se sont appuyés les nouveaux actionnaires à leur arrivée pour justifier leur choix de réduire drastiquement la masse salariale. Aujourd'hui, celle-ci s'étalonne à hauteur d'un peu plus de 40 M€, soit 57 % du budget annuel (70 millions d'euros), ce qui peut constituer un obstacle dès lors qu'il s'agit d'indemniser un club vendeur. La fin de contrat de Pauleta et de Yepes l'été prochain, ainsi que le départ, à terme, de Gallardo (au plus tard en 2009, peut-être dès cet hiver) permettront d'assainir les comptes du PSG, puisque tel est le souhait des actionnaires. A moins que ces derniers ne modifient leur stratégie...
Recrutement : une balance arrivée/départs déficitaire
Un autre moyen pour un club de gagner de l'argent, ou de ne pas en perdre, c'est selon, réside dans le recrutement. En achetant des joueurs à un tarif abordable et en les revendant à un prix supérieur, une plus-value appréciable peut être réalisée. Encore faut-il que les performances sportives soient au rendez-vous, ce qui n'est pas le cas à Paris ces dernières années. A l'intersaison, le PSG a su limiter les dégâts, si l'on excepte l'épineux dossier Kalou.
A l'actif du club, plusieurs transferts réussis : Rozehnal par exemple, a été acheté 2 M€ au FC Bruges avant d'être revendu, après deux saisons, 4 M€ à Newcastle. Cissé, produit de la formation parisienne, a été vendu à un prix très correct au Besikstas Istanbul (2 millions d'euros), malgré un âge avancé (29 ans). Formés au club également, Dramé, vendu au FC Sochaux et Haddad, transféré au Maccabi Tel-Aviv, ont rapporté respectivement 1,2 et 1 M€. Enfin, l'indemnité touchée pour Hellebuyck, bien que modeste (800 000 €), peut être considérée comme positive puisqu'elle résulte d'un échange en 2006 avec Landrin, lequel n'avait rien couté lors de son arrivée dans la capitale.
En fait, seul le cas de Kalou est problématique : acheté 10 M€ à Auxerre en 2005, il a été cédé deux ans plus tard 1,5 M€ à Lens ! La cote du joueur au moment de sa vente était évaluée entre 2,5 et 3,5 M€. Terrible sacrifice financier ! Mais, comme le remarque "Le Parisien" dans son édition du 26 décembre, "on est loin des pertes réalisées sous l'ère Canal +. Acheté 37,2 M€ en 2000, Anelka a été cédé par le club pour 21,8 M€ à Manchester City en 2002..." A un degré moindre, le cas de Rodriguez peut étonner à juste raison : certes le club a réalisé une plus-value non négligeable en cédant ses droits à son agent (recruté libre en 2005, il a été vendu 3 M€), mais il n'est pas interdit de penser que la valeur de l'Uruguayen était sans doute supérieure à cette somme.
En fait, plus que les départs, ce sont les arrivées qui ont le plus couté au PSG. Le cas le plus éloquent est celui de Camara. Les 6 millions d'euros déboursés pour sa venue constituent une jolie somme, surtout pour un défenseur central ; mais jusqu'à présent, l'ancien Stéphanois n'a pas totalement justifié l'indemnité de transfert versée à son ancien club pour l'obtenir. Tout aussi parlant, l'exemple de Bourillon. S'il a couté moitié moins cher que son coéquipier (3 M€), l'ancien Rennais est depuis deux mois et demi absent des terrains. Drôle d'investissement !
Achetés pour la même somme (2,5 M€), Luyindula et Digard étaient en passe, il y a peu, de contredire ceux qui estimaient leur venue frappée du sceau du bon sens. Car si le Franco-Congolais a largement participé au sauvetage du club la saison passée, il a multiplié les prestations quelconques cette saison, jusqu'à être rétrogradé au rang de remplaçant. Quant à Digard, si son statut d'Espoir légitimait sa venue, il a perdu la confiance de Le Guen durant plusieurs semaines. Heureusement, leur récent retour dans le onze titulaire vient rassurer les observateurs : on ne voit pas pourquoi les deux joueurs ne porteraient pas les couleurs rouge et bleu au moins jusqu'à la fin de la saison, bien que le départ de Digard à Portsmouth soit évoqué ces derniers jours.
A l'inverse, le transfert de Ceará a déjà porté ses fruits. Délogeant Mendy au poste de latéral droit, il justifie les 2,5 M€ qui ont été versés à l'Internacional Porto Alegre pour réaliser la transaction. Mieux encore : Clément. Pour seulement 2,2 M€, déboursés en janvier dernier, le jeune joueur du Celtic Glasgow est devenu un titulaire inamovible dans l'entrejeu parisien et une des rares satisfactions de l'effectif.
Globalement, voici comment s'est équilibrée la balance financière des transferts cet été : 13,8 M€ pour les départs, 16,62 M€ pour les arrivées. Soit un déficit d'un peu moins de 3 M€. A noter qu'Alain Cayzac, prudent, avait décidé cet été de ne pas utiliser l'intégralité du budget alloué au recrutement, économisant ainsi 3 M€. Si le solde du club est donc débiteur, il n'est pas alarmant et est sans comparaison avec les politiques dispendieuses pratiquées par d'autres clubs à l'étranger.
Des licenciements qui coutent chers
Toujours très onéreux, les licenciements sont pourtant monnaie courante parmi les clubs de football. Le PSG, malgré les vœux de stabilité formulés par le président en exercice, n'y a malheureusement pas échappé en 2006-2007.
Licencié pour faute grave en octobre 2006, Dhorasoo a porté l'affaire devant le conseil des prud'hommes. S'il n'a pas obtenu la somme réclamée (2 M€ de dommages et intérêts), il a toutefois obtenu une indemnité rondelette, 1,5 M€, laquelle amène à s'interroger sur le bien-fondé de son éviction. Plus couteux encore : le licenciement de Guy Lacombe en janvier 2007. A ce titre, l'entraîneur a déjà obtenu 2,5 M€. Ne s'en tenant pas à si bon compte, il avance un préjudice moral. Au final, d'après "Le Parisien", "son licenciement et celui de ses adjoints devraient couter au PSG 4,4 M€."
Le staff médical du club, largement remanié à l'intersaison, a également généré un cout. On avance une somme voisinant le million d'euros, dont 400 000 € pour le seul Hakim Chalabi. Enfin, une dizaine d'autres personnes employées dans les différents secteurs administratifs du PSG ont aussi été licenciées dernièrement. "Le montant des indemnités n'est pas encore connu, mais il serait de plusieurs millions d'euros", croit savoir le quotidien francilien. En tout, près de 10 millions d'euros auraient été engloutis dans des licenciements divers. Le but pour les actionnaires étant bien évidemment de faire des économies sur le moyen terme. L'avenir nous dira si cette politique a été la bonne.