Rappel : Le "Guide du supporter parisien" est un livre que j'essaye de faire éditer. Il aborde toutes es questions que peuvent se poser les supporters du Paris Saint-Germain, débutants ou non. Cette partie portant sur le Kop of Boulogne et le Virage Auteuil vient clore le chapitre consacré aux portraits des différentes tribunes du Parc.
Bonne lecture à tous, et n'hésitez pas à réagir sur le forum dans le topic consacré à ce chapitre : http://forum.planetepsg.com/index.php?showtopic=2212
Kop of Boulogne, Virage Auteuil : un idéal
Après les tribunes passe-partout que sont la A et la K, après leurs voisines bon chic bon genre, après la tribune visiteurs et enfin la G et ses fameux Authentiks, il ne reste plus à aborder que les virages. Le meilleur pour la fin donc. Ces espaces sont à part, que ce soit au point de vue l'achat des billets, de leur histoire, de l'ambiance qui y règne... Avant de s'y rendre, mieux vaut donc se renseigner, et se préparer. Car rien ne s'y déroule comme ailleurs.
Voyons tout d'abord comment s'y trouver des places. Vous devez comprendre que ces tribunes sont des musts, extrêmement recherchés par les supporters. La demande reste donc très forte, quel que soit l'adversaire du jour. Or, le nombre de places y étant limité, comme partout ailleurs, il se créé très vite une situation de pénurie. Trouver un billet pour la tribune Boulogne est plus que délicat, et c'est tout bonnement impossible en ce qui concerne le Virage Auteuil. En effet, il y a tellement de volontaires pour s'abonner à l'année dans ces tribunes qu'à part lors de certains matches de coupes, on ne peut pas y trouver le moindre billet.
Pire encore, chaque été à Auteuil il y a davantage de supporters souhaitant s'abonner que de places disponibles. Non seulement tous les sièges de cette tribune sont réservés à l'année, mais même là on y refuse du monde. Le seul moyen de s'y inscrire est donc de se réabonner. En effet, les Parisiens souhaitant renouveler leur abonnement sont prioritaires, et passent devant ceux qui veulent s'engager pour la première fois. Si vous désirez absolument rejoindre un de ces virages, sans jamais avoir été abonné, déplacez-vous au siège du Paris Saint-Germain, collé au Parc, et insistez. Vous pouvez par exemple essayer de vous faire pistonner par quelqu'un qui est abonné depuis longtemps, et affirmer que vous projetez de venir au stade ensemble, dans la même tribune. Mais même avec ce petit truc, vous n'avez aucune certitude de vous retrouver directement à Auteuil ou à Boulogne.
D'ailleurs, on peut se demander s'il est vraiment souhaitable de commencer par un abonnement dans les virages, sans expérience. Se retrouver là-bas pour un an, avec uniquement quelques matches dans les jambes, peut rapidement tourner à l'aigre. Leur histoire, et leurs associations ont fait de ces tribunes des lieux à part, où l'on peut facilement commettre une bévue, même involontairement. Alors, si vous passez par là et que vous commettez un impair, comme tout le monde après tout, mais que dès la rencontre suivante vous retournez dans une zone plus tranquille, les choses se tasseront. En revanche, si vous restez sur place un an, vous risquez de vous attirer des inimitiés durables qui vous gâcheront une partie de votre plaisir. Ce serait trop bête... Car il suffit de comprendre quelques détails d'importance pour que tout se déroule tranquillement. La première chose à intégrer est le respect, des lieux et des personnes.
L'histoire du Kop of Boulogne tel que nous le connaissons a débuté il y a deux décennies : les Boulogne Boys ont par exemple été fondés en 1985, c'est la plus ancienne association de supporters de France. En face, le Virage Auteuil a une quinzaine d'années d'existence, les Lutèce Falco et les Supras Auteuil datant de 1991. Certaines de ces associations existaient déjà avant l'arrivée de Canal +, et leurs membres les plus expérimentés sont présents au Parc depuis les années soixante-dix. Ne croyez donc pas que vous allez arriver à Boulogne et tout bouleverser, imposer vos idées et changer ce qui ne vous plait pas, uniquement parce que ça ne vous plait pas... Les choses ne se passent pas ainsi. Si les virages Parisiens ont une identité particulière, et des traits de caractère spécifiques, dites-vous que ça n'est pas du au hasard. Même si certains détails, certaines habitudes vous paraissent étranges, injustes, même si vous souhaiteriez voir se modifier ce qui vous contrarie, souvenez-vous que ces règles se sont mises en place lentement, naturellement. Chaque détail a sa raison d'être, même si vous ne la comprenez pas au premier abord. Alors prenez le temps d'apprendre, d'écouter, de vous renseigner, avant de montrer que vous méritez, à votre tour, que l'on vous écoute.
D'ici là, il faudra tâcher de s'adapter le plus rapidement possible, et assimiler les us et coutumes sans provoquer d'embarras.
Première chose, l'arrivée dans le virage. Dans ces tribunes populaires, les places ne sont pas respectées. Inutile donc de demander à un gars debout devant votre siège de vous le laisser. Ce type vient peut-être là depuis vingt-cinq ans, toujours au même endroit. Si vous vouliez à tout prix cette place vous n'aviez qu'à arriver avant lui. Et encore, il vous aurait peut-être tout de même jeté.
On affirme souvent que le placement est libre à Auteuil et Boulogne, mais ça n'est pas tout à fait vrai. Vous verrez par exemple qu'en bas de tribune, certaines associations de supporters se sont gardé des espaces inoccupés. On appelle cela des carrés. Si vous n'avez pas la carte de cette association, si vous ne connaissez personne et voulez juste bénéficier de la meilleur vue possible, n'y allez surtout pas ! Ces carrés sont là pour que les habitués de ces « assoces » se retrouvent entre eux, et puissent organiser leurs chants, leurs animations comme ils le souhaitent. Ils ont leur propre matériel, travaillent dur pour agencer leurs affaires, et souhaitent se retrouver entre eux. Ce privilège leur est accordé par le club, et avec le temps vous comprendrez combien cela est mérité, voire nécessaire.
Autre détail pouvant avoir son importance, là-bas on ne s'assied pas pendant le match. Donc si vous avez les pieds plats, une dure après-midi de repassage derrière vous, ou tout simplement envie de vous poser, pas la peine de tirailler pendant une heure le maillot de vos voisins de devant, ni d'hurler « assis » entre chaque passe. Ce genre de comportement est considéré comme une grave faute de gout, voire une agression. Exactement comme le fait de rester silencieux. Et c'est peut-être la règle la plus importante, car toutes les autres en découlent.
Le Virage et le Kop sont organisés dans un seul et unique but : soutenir le Paris Saint-Germain. À domicile cela passe par un tifo, suivi de quatre-vingt-dix minutes de chants ininterrompus. Le tifo est une animation d'avant-match, parfois composée de drapeaux et de fumigènes, ou bien de tendus de banderoles géantes, de voiles, de lâchers de confettis, etc. Ensuite viennent les chants. Ils sont initiés par des capos, c'est-à-dire des supporters qui se dévouent, tournent le dos au terrain et tentent d'orchestrer leurs camarades. Juste devant ces capos se tiennent les associations, chacune dans son carré. Leurs membres, appelés des « cartés », reprennent tous les chants, et impulsent le rythme pour l'ensemble du virage, voire pour tout le Parc. Le fait qu'ils soient regroupés aide les cartés à donner de l'intensité à leur chant, ce qui permet ensuite aux autres abonnés de reprendre en chœur plus facilement. Un chant bien mené s'entend nettement de l'autre côté de la pelouse, ce qui représente tout de même une distance de près de cent-cinquante mètres, en plein air, et a cappella. Tout doit tendre vers cette prouesse : parvenir à exalter les joueurs parisiens, à intimider leurs adversaires, même à l'autre bout du terrain.
Des conditions optimales d'organisation, mais aussi de détermination sont mises en places, match après match. Chaque détail compte, car il doit aider à encourager les Rouge et Bleu. Si un élément ne donne pas son maximum, avant même de gêner, il est traité comme un grain de sable, néfaste, et donc éliminé. Les animations prévues pour le coup d'envoi prennent énormément de temps et sont délicates à mettre en oeuvre. Aussi faut-il rester attentif à ne pas faire n'importe quoi. Évitez par exemple de balancer vos confettis avant tout le monde pour rigoler. Vous pourriez être suivi par d'autres personnes et mettre par terre des heures de travaux. De même, les paroles des chants ont été travaillées, et apprises par les habitués du Virage. Si vous ne chantez pas, ou pire, si vous modifiez les paroles pour vous en moquer, c'est que vous n'avez pas votre place dans ces tribunes.
Beaucoup de sympathisants du Paris SG se rendent à Boulogne ou Auteuil parce qu'ils en attendent quelque chose. C'est une démarche dangereuse, car elle prouve qu'ils n'ont pas compris l'essence de ces espaces. Les associations de supporters n'ont rien à vendre. Elles ne sont pas là pour se faire de l'argent, ou pour leur petite gloire personnelle. Elles travaillent pour un objectif qui les dépasse : le Paris Saint-Germain. Elles n'ont donc a priori pas besoin de vous. Si vous assistez à un match là-bas, ça ne peut pas être par hasard, c'est que vous le vouliez. En rentrant dans ces tribunes, vous en acceptez donc les règles, et vous vous engagez à les respecter. Alors ne soyez pas attentistes. Ne restez pas sans rien faire. Aller voir une rencontre depuis ces tribunes, c'est d'abord y participer. Et c'est toute la différence entre un spectateur, et un supporter.
Après cela, ces tribunes se différencient sur de petits détails. Auteuil a longtemps eu une image jeune, parfois chien fou, passionnée mais toujours présente. Les Supras Auteuil, Lutèce Falco et Tigris Mystic (aujourd'hui dissouts) en ont fait une référence internationalement reconnue. Le Virage Auteuil est considéré par certains comme plus accessible que le Kop of Boulogne. Mais d'un côté comme de l'autre, si vous allez discuter avant un match avec des encartés, si vous tissez des liens et que vous jouez le jeu, tout se passera bien. Question supporters, le KOB est un modèle pour bien des clubs ; même si Boulogne a longtemps eu la réputation de tribune raciste. Le club a pourtant orchestré plusieurs campagnes d'informations pour modifier ce cliché, et les Boulogne Boys sont apolitiques. Seul le carré Boulogne R1 est encore à part. Pour le reste, si vous chantez, et faites quelques efforts pour comprendre le pourquoi des traditions, vous gagnerez alors la reconnaissance de tous... Mais surtout la fierté de contribuer à animer les meilleures tribunes de France, quoi qu'on en dise.
