PSG70 : Jean-Claude Fernandes, pouvez-vous nous expliquer le parcours par lequel vous êtes arrivé au PSG ?
Jean-Claude Fernandes : "Je jouais en minimes à Morangis, j'ai été plusieurs fois sélectionné avec l'Equipe d'Essonne puis en Equipe de Paris et avec la Région Ile-de-France pour les Coupes Nationales. Là, j'ai été repéré par Marc Collat, à l'époque au PSG. J'avais d'autres propositions comme Auxerre ou Saint-Étienne, je suis même allé sur place à Lille, Nantes et au Matra Racing, mais après réflexion avec mon père, j'ai décidé de signer au PSG. Même si j'avais bien aimé Saint-Étienne où j'étais bien avec les jeunes du Centre de Formation, j'ai préféré rester à Paris. A 14 ans c'était difficile de partir, de quitter ses parents et de ne revenir qu'en décembre. Le PSG était le club de mon coeur, j'étais supporter, j'ai donc privilégié cet aspect ainsi que la proximité."
PSG70 : Vous n'avez joué qu'une rencontre avec l'équipe première du PSG, c'était durant la saison 1993/94. Vous êtes donc de ce fait Champion de France.
J.C.F. : "Oui, je le suis dans les annales, je suis inscrit à la Ligue de Football Professionnelle en tant que champion. Je n'ai même pas joué un match complet mais j'étais souvent dans le groupe, j'ai du faire une vingtaine d'apparitions dans les 16. Je poussais à l'entraînement pour intégrer le groupe, ça permettait aux joueurs titulaires de ne pas se relâcher. Mais ce titre, je ne le crie pas sur tous les toits, je n'en parle pas trop, il n'y a pas grand monde qui est au courant."
PSG70 : En 1995, vous êtes prêté à Nancy et y restez 2 saisons.
J.C.F. : "Oui, j'ai été prêté à Nancy en deuxième division, mais j'étais encore inexpérimenté, car même si je venais de D1, j'avais plutôt joué en CFA alors que les joueurs en place venaient de jouer une saison entière en D2. J'étais le jeune joueur qui devait tout prouver. La première saison a été très bonne, j'étais titulaire et j'avais la confiance de l'entraîneur Laszlo Bölöni qui m'a appris énormément de choses. A la fin de la saison, j'ai voulu rester à Nancy car je sentais qu'il y avait un coup à faire avec un groupe jeune et talentueux. D'ailleurs, on peut voir aujourd'hui que plusieurs joueurs de l'époque ont participé aux épopées nancéennes. Même si le club a connu des descentes, il est aujourd'hui au top. Puis, je me suis blessé la saison suivante au genou. On a passé une arthroscopie et on a décidé de ne pas m'opérer mais de m'immobiliser pendant deux mois. J'ai pu rejouer au bout de 4 mois, mais vous savez lorsque l'équipe tourne bien, c'est toujours difficile de retrouver sa place. La saison suivante, le club a été interdit de recrutement à titre onéreux. C'était l'époque où la DNCG faisait le ménage. Je suis revenu au PSG où j'avais encore un an de contrat. J'ai fait l'intersaison là-bas, avec Ricardo, et le dernier week-end avant la clôture du marché, j'ai signé à Châteauroux en D2."
PSG70 : Pensez-vous que vos deux blessures ont mis un coup d'arrêt à votre carrière ?
J.C.F. : "Oui, c'est certain. A Châteauroux, la première année j'étais titulaire, et même si je me suis reblessé ensuite, je me sens vraiment champion de France D2 pour le coup, car j'ai vraiment pris part à ce succès. J'aurai d'ailleurs pu retrouver la D1 avec Châteauroux si je n'avais pas été opéré 3 fois du genou. En 1998, j'ai été déclaré inapte à la pratique du football professionnel car mon genou gonflait sans arrêt. J'avais 26 ans. Mais j'ai eu du mal à me rendre à l'évidence, je voulais continuer et signer à Sedan en D2. C'était l'époque de Bruno Metsu qui me suivait depuis Nancy. Mon profil lui plaisait sportivement mais nous nous sommes vite rendus compte que je ne pouvais pas jouer. A Châteauroux, mon genou gonflait, j'avais très mal mais j'étais persuadé qu'il réagissait ainsi parce que je faisais beaucoup d'efforts pour retrouver mon meilleur niveau. Je m'entraînais avec l'équipe première, et la CFA et j'allais beaucoup courir. Je ne voulais pas abandonner ma carrière professionnelle. J'ai eu du mal à l'accepter. Mon agent m'avait ensuite trouvé un essai à Pise en Série B italienne. J'ai voulu tenter le coup et j'y suis allé. J'ai fait 15 jours et là encore avec les examens médicaux, ça n'était pas possible de jouer. J'ai donc arrêté là. Mais c'est la vie et c'est malheureusement le cas de beaucoup de footballeurs professionnels. A l'époque, la carrière moyenne d'un joueur était de 7 ans. J'en ai fait 6. Bien sur certains ont une carrière de 15 ans mais il y a beaucoup de jeunes qui se blessent très tôt, je n'ai donc pas de regrets. Au centre de formation du PSG, j'ai vu des jeunes meilleurs que moi ne pas passer à cause d'un problème musculaire à 17 ou 18 ans."
PSG70 : Avez-vous quelques regrets de ne pas avoir pu prouver votre valeur au PSG ?
J.C.F. : "Non pas de regrets. Très sincèrement et sans fausse modestie, il était très difficile pour moi de m'imposer au PSG vu tous les internationaux français et étrangers qu'il y avait dans l'équipe. J'ai été un bon joueur de D2, j'aurais pu être un joueur moyen de D1 mais jamais je n'aurais été un très bon joueur de D1. Or lorsque l'on joue au PSG, c'est ce qu'il faut être. Enfin c'était le cas à mon époque, car aujourd'hui ce n'est plus vraiment pareil (rires). Les jeunes peuvent plus facilement percer. Même s'ils sont talentueux, il y a plus de place pour eux que pour ma génération."
PSG70 : Quel joueur, partenaire ou adversaire vous a le plus impressionné durant votre carrière ?
J.C.F. : "Il y en a beaucoup. A l'époque du PSG, il y avait plein de bons joueurs, et c'est difficile d'en sortir un du lot, mais je vais quand même le faire. Je dirai George Weah. Il était exceptionnel, tant devant le but que dans le jeu. Il était même plus fort à l'entraînement qu'en matchs. Ce que Ronaldinho fait aujourd'hui, Weah le faisait déjà à l'époque mais on n'en parlait pas autant. Dans l'équipe, la star, le joueur le plus populaire c'était David Ginola. Bien sur, il y avait d'autres grands joueurs, mais David était le petit chouchou de l'entraîneur, il avait la confiance totale d'Artur Jorge contrairement à George. Et je suis persuadé que si Weah avait eu la même confiance que Ginola de la part d'Artur Jorge, il aurait explosé au PSG et non à Milan. Au lieu de cela, Artur Jorge le reprenait de volée à chaque fois. Si on ne marquait pas c'était de sa faute..."
PSG70 : Qu'avez-vous fait depuis votre fin de carrière ?
J.C.F. : "Fin 1998 après mon essai à Pise avec mon genou en mauvais état, je suis allé voir mon chirurgien à Strasbourg qui m'a donné un traitement anti-inflammatoire pour que mon genou dégonfle. J'ai ensuite fait beaucoup de kiné pour remuscler tout ça puis pas mal de footing. Mais j'en ai vite eu marre de courir tout seul donc en octobre, je suis allé m'entraîner avec le club de mon frère, Sainte-Geneviève-des-Bois. Et tout naturellement, j'ai joué avec eux à partir de décembre. Mon genou pouvait supporter le rythme amateur de deux séances d'entraînement par semaine. Pas plus. Je pouvais jouer à partir du moment où je n'avais pas une charge de travail trop lourde. J'ai joué en DHR, j'ai eu la chance d'arriver au moment où le club prenait son envol. Nous montions tous les deux ans d'une division. En DH, j'ai repris l'équipe en tant qu'entraîneur-joueur, j'avais 29 ans, presque 30. J'ai continué à jouer une saison pleine en CFA 2 en tant que libero. C'était un poste où en tant qu'entraîneur-joueur je pouvais voir le jeu tout en fournissant moins d'efforts. La saison suivante, j'ai joué de moins en moins jusqu'à arrêter définitivement en 2004 pour ne rester qu'entraîneur durant deux ans en CFA. J'ai arrêté d'entraîner en fin de saison dernière. C'était un choix, je pense que le football est une affaire de cycle, j'ai fait 5 ans, c'est un bon cycle. J'ai aussi un emploi qui demande un investissement très lourd, je travail à la ville de Sainte-Geneviève-des-Bois où je suis responsable du service transports et où j'ai une vingtaine de personnes sous ma responsabilité. J'avais aussi envie de consacrer plus de temps à ma famille. Je voulais souffler et passer plus de temps à la maison. Entraîneur, c'est aussi une histoire de « gnac ». J'ai estimé que je n'avais plus suffisamment l'envie donc j'ai préféré partir plutôt que de faire la saison de trop. Aujourd'hui, je suis toujours au club mais en tant que coordinateur, c'est-à-dire que je veille à ce que ce qui a été dit au bureau s'applique sur le terrain. Ça me permet de rester proche du club et du terrain à un rythme qui me convient mieux. Mais peut être que dans 3 mois, 6 mois, ou un an un autre défi me sera proposé et je recommencerai. Je n'ai que 34 ans et une bonne expérience du haut niveau amateur."
Propos recueillis par Maxime Pousset pour PSG70.free.fr et PlanetePSG.com. Merci à Jean-Claude Fernandes pour sa disponibilité.
Avec PSG70.